L'Assassine de l'Ombre

Chapitre XII

Sam m'attire près du petit étang où l'on s'assoit, puis il sort des petits outils de sa poche. Il pose ma main sur sa cuisse puis commence à crocheter la serrure de mes entraves.

Une fois libre, il nettoie doucement mes poignets ensanglantés. Il ne parle pas, et moi non plus. Je le regarde, et je prend soudain conscience de l'amour que j'ai pour lui. Il m'a tant manqué.

- J'ai vraiment eu peur de te perdre, Enora, me dit-il en plongeant son regard dans mes yeux.

Il me prends dans ses bras.

- Cette épreuve fut très difficile, Sam.

- Je sais, mais je suis là, maintenant ! Je ne laisserais plus personnes te faire du mal.

Je me dégage de son étreinte chaude et rassurante avant de poursuivre :

- C'est à cause de Razym si j'ai subi tout ça ! Je veux le tuer, Sam.

Ses beaux yeux verts s'agrandissent de surprise. Lui aussi faisait appel à Razym pour obtenir des contrats.

- Quoi ?! Mais pourquoi a t-il fait une chose pareille ?

- Il...

- Tu peux tout me dire, tu sais.

- Il se venge, parce que je l'ai repoussé.

Les yeux de Sam s'assombrissent, et je vois qu'il serre ses poings. Il est en colère. Je pose ma main droite sur ses poings.

- Allons, calme-toi, je suis là, et en vie, grâce à toi.

- Mais, il...

J'utilise ma main libre pour tourner son visage vers le mien et pose mes lèvres contre les siennes. Je sens ses muscles se détendre. Nous restons un long moment comme cela, puis je me recule doucement, des larmes roulant sur mes joues.

- Enora... je...

- Ne dis plus rien, Sam. Nous sommes ensembles, rien que nous deux. Et plus rien ne nous séparera.

Je serre dans mes bras l'homme qui a toujours été là, dans mon cœur meurtrit par toutes les péripéties de ma sanglante vie d'assassin. Nos lèvres se rencontrent à nouveau tandis que je ferme les yeux pour savourer ce moment. Il me pousse légèrement et je me laisse tomber en arrière sur le sol. Je ne résiste pas et il se retrouve sur moi.

Il essuie mes larmes et me caresse doucement la joue. Il passe alors son autre main sous mon maillot taché de sang séché. Il caresse mon buste du bout de ses doigts. Ma peau se couvre de frissons au contact de l'herbe humide, alors que je sens la chaleur de sa main. Je sens qu'il veut la retirer. Je place mes bras dans son cou pour ne pas qu'il s'éloigne de moi. Il rapproche alors son visage de moi et je sens sa respiration s'accélérer. Je commence à le déshabiller.

Nous échangeons un nouveau baiser, plus intense, et je sens mon cœur battre dans ma poitrine d'une puissance indescriptible et d'une vitesse inimaginable. Ce baiser est magique, délicieux. Il purifie mes lèvres après que Razym les ai souillé. Et alors que nos mains se promènent sur nos corps moites, Sam détache ses lèvres des miennes et les rapprochent de mon oreille droite. Il me souffle les mots que j'ai toujours voulus entendre de sa bouche :

- Je t'aime, Enora.

Mon désir s'intensifie à l'écoute de ces doux mots d'amour. J'en veux plus, bien plus. Et cette nuit va nous offrir ce que Sam et moi aurions dû faire depuis si longtemps.

- Je t'aime, Sam.

*

Lorsque j'ouvre les yeux, je suis seule, allongée dans l'herbe légèrement humidifié par la rosée. Un sourire se dessine sur mon visage en me remémorant ces dernières heures. Je me mouille le visage avec l'eau glaciale de l'étang.

Sam apparaît alors, tenant un lièvre dans sa main. Il me sourit lorsqu'il m'aperçoit.

- Bonjour, Enora !

- Bonjour.

- Tu dois reprendre des forces, dit-il en montrant sa prise. Je vais chercher du bois pour faire du feu.

- Sam, c'est beaucoup trop humide, répondis-je en souriant.

- On va essayer, tu déteste la viande crue.

Il tourne les talons puis revient une dizaine minutes plus tard, avec un fagot de bois. Aussitôt, Sam tente de faire du feu, et il arrive à faire jaillir une petite flamme. On s'occupe ensuite du lièvre, puis je le met sur le feu. Quelques gouttes de sang tombent sur les braises, qui crépitent à leurs contacts.

Tandis que l'on dévore ce lièvre juteux, le désir de vengeance me tiraille l'esprit.

- À quoi penses-tu ? me demande Sam, en me voyant plongée dans mes pensées.

- Comment atteindre Razym ?

- Enora, tu es libre maintenant. Partons ensemble, loin de cette ville de malheur. Retourner là-bas ne te servira à rien.

- Sam, tu ne sais pas combien j'ai souffert. Tu ne peux que l'imaginer. La vengeance apaisera ma douleur. Si tu ne veux pas m'aider, si tu as peur, tu peux partir.

- Bien sûr que j'ai peur ! Je ne veux pas te perdre encore une fois.

- Ma décision est prise Sam.

- Alors, je te suivrai jusque dans la mort, me répond t-il, avec une détermination brûlant dans ses yeux. D'ailleurs, j'ai déjà réfléchi à cette vengeance.

- Tu ne veux pas que je le fasse, mais tu as déjà un plan ? lui dis-je avec un grand sourire moqueur.

- Je savais que rien ne te ferais changer d'avis.

- Tu me connais trop bien Sam !