Chapitre VII

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Je suis perdue, dans le noir le plus total. Aucun son ne me parviens. Je suis comme coupée du monde. Je voudrais juste lâcher prise, avant de connaître un sort pire que la mort. Mais mon heure ne semble pas encore venue. Quelque chose ou quelqu'un me retient encore sur cette terre.

Une douleur aiguë me transperce soudain le crâne et, peu à peu, les sons et les sensations me reviennent. D'abord, j'entends au loin le claquement des sabots raisonnant sur les pierres, puis, je sens que ma bouche est sèche et pâteuse, avec un arrière-goût de sang. Enfin, la lumière m'ouvre les yeux.

Je suis dans une cage.

De nouveau, des fers m'emprisonnent les poignets. La cage est tirée par deux chevaux, et est escortée par six gardes. Je sens mon cœur sombrer dans ma poitrine. Quelle idiote je suis ! J'ai vraiment cru pouvoir rejoindre Sam, dans le village où je vivais. C'était évident que le Roi le ferait surveiller de très près. Il n'aurait jamais abandonné, pas après ce que j'ai fait. Mais mon cœur m'a soufflé ma conduite. Et je l'ai écouté.

J'ignore depuis combien de temps le voyage a commencé, mais d'après mes nombreuses courbatures, cela doit faire deux ou trois jours. Les soldats parlent à voix basse entre eux mais ne me jettent pas un seul regard. Ils doivent savoir ce que j'ai fait subir à Rick.

Quelques heures plus tard, la ville de Rubilacs, capitale du royaume d'Oxmoor, nous apparaît. Le bruit des vagues s'écrasant sur les falaises me parvient au loin. C'est une magnifique cité, entièrement construite en pierre taillée blanche avec des tuiles rouges rubis, et bordée par la mer. Ce n'est pas la première fois que je peux la contempler, mais c'est sans doute la dernière. Le soleil vient à peine de se lever, alors la ville est encore endormie.

Notre convoi traverse les rues désertes et silencieuses. Seul le bruit des sabots raisonne dans les allées pavées de la ville. Après avoir emprunté de petites ruelles, nous débouchons sur une grande et magnifique avenue. Ici, les pavées sont rouges, comme pour indiquer le chemin jusqu'au château. Il est splendide et très majestueux, avec de très hautes tours blanches, qui se découpent sur le ciel grisâtre. Un palais digne d'un Roi, tandis que le peuple crève de faim. En voyant celui-ci de plus en plus proche, la nausée me prends. J'ai le ventre noué et un frisson court le long de mon dos.

On pénètre dans une large cour, après que les épaisses grilles noires se soient levées, et nous tournons sur la droite, pour accéder à un étroit et sombre passage, qui contraste avec le reste de Rubilacs. Les chevaux s'arrêtent et les gardes mettent pied à terre. L'un d'entre eux ouvre la grille de ma cage et me fait descendre sans un mot. Deux soldats m'encadrent et me tirent par les bras dans ce qui semble être, ma dernière demeure.

On entre dans un bâtiment, qui semble être plus ancien que le reste de la cité, et descend profondément dans les entrailles du château. Un long cri, remplie de douleur et de terreur, nous accueilles à la fin des escaliers, qui me paraissaient interminables. On marche dans ces longs couloirs et, je suis surprise de voir que presque toutes les cellules sont occupées par de pauvres prisonniers, blessés et ensanglantés. Les gardes s'arrêtent devant une porte, celui à ma droite sort une grosse clé en fer de sa poche et la déverrouille. Ils me poussent sans ménagement à l'intérieur et m'attache à l'anneau scellé dans le mur du fond. Puis ils quittent la cellule en prenant soin de refermer la lourde porte à double tours.

Ainsi donc, je vais finir ma vie ici. Dans cette petite pièce sombre et froide, assise sur un tas de paille humide. Quand on est enfermée, la seule chose que l'on puisse faire, c'est penser à ses erreurs. Je n'en ai jamais commises. Et la seule que j'ai faite m'a été fatale.

Je crois que je me suis assoupie un moment, alors que je repensais à ma trop courte vie. Des bruits de pas me tirent de ma somnolence et j'entends la clé tourner dans la serrure. On vient pour m'annoncer ma sentence.

L'Assassine de l'OmbreWhere stories live. Discover now