VI-1 : Affrontements orialiens

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Il fallait mettre un pantin à la tête du Neelhan, un dirigeant controversé qui s'attirerait les foudres du peuple. La nation plongerait dans un chaos politique total, et serait incapable de se retourner contre Kalendor.

Néanmoins, cela nécessitait l'élimination de la famille régnante, jusqu'au dernier.

« Tuez-les tous. Je ne veux pas de survivant, ordonna-t-il aux gardes d'une voix froide et monocorde.

— Ce... ce n'est pas ce qui était initialement prévu.

— Le plan a subi des modifications. Pour le bien de Kalendor, obéissez ! »

Il était le Commandant de la garde noire. Les soldats sortirent des lames à contrecœur, et arrachèrent des cris étouffés. Zagnar était encore jeune, mais il devrait comprendre que dans certains cas, la plus grande fermeté était de rigueur.

Cinq femmes en armures noires firent irruption dans la pièce, leurs visages dissimulés par des casques kalendoriens. Le Commandant, ainsi que les deux gardes à ses côtés n'eurent que le temps de se retourner. Deux d'entre elles se précipitaient déjà sur eux, armes au poing. Les trois autres se jetèrent sur les six autres gardes noirs avant qu'ils n'achèvent de mettre leurs ordres à exécution.

Le Commandant était décontenancé. Les inconnues portaient les insignes de la garde noire, ce qui leur avait sans doute permis d'arriver jusqu'ici. Il ne tarda d'ailleurs pas à remarquer qu'elles faisaient au moins preuve de la même dextérité aux armes. Pouvait-il en être autrement de celles qui avaient réussi à subtiliser cinq uniformes de la garde d'élite ?

Le garde à sa droite s'effondra, mort, incapable d'arrêter la lame meurtrière de son assaillante. Le Commandant eut un juron étouffé ; il le savait pourtant loin d'être inexpérimenté. À son tour, il parvint à blesser l'une des assaillantes de l'extrémité de son épée. Elle marqua un instant d'arrêt qui lui fut fatal ; le second garde fit siffler sa lame et vengea son camarade. Néanmoins, il ne put éviter le revers mortel de la dernière femme, qui l'envoya au sol.

Avant même qu'elle ne puisse se remettre en garde, l'arme du Commandant fusa dans sa direction. Elle esquiva en partie, mais la lame glissa sur son casque pour en arracher la visière.

Le Commandant faillit pousser un cri de surprise. Il la connaissait, même s'il n'avait encore jamais eu à la combattre.

Esmène Vlata, Commandant de la garde rouge d'Octale Zdalavitch, Général de Brocélie. Rien que ça...

Il esquissa un sourire alors qu'elle essuyait d'un mouvement le sang qui perlait désormais sur sa joue. Tous deux se firent face.

Deux Commandants, ainsi qu'un Général, dans la même journée. Celle-ci devrait résonner encore longtemps de ses exploits.

Elle attaqua la première, et fut contrée sans grande surprise. Le Commandant de la garde noire n'était pas seulement un fin stratège militaire, mais aussi un guerrier chevronné, si ce n'était légendaire. Il avait pour lui plus de quinze ans d'expérience à ce poste, un record qu'il ne devait qu'à des qualités émérites.

Esmène lança une nouvelle attaque. Il la contra de nouveau sans la moindre peine et riposta avec vivacité. Son adversaire fut contrainte d'effectuer un bond en arrière pour éviter sa lame meurtrière.

Pas à pas, le Commandant se rapprochait, et l'obligeait à reculer. Sa défense était implacable. Il était la plus fine lame de Kalendor, si ce n'était d'Oriale toute entière. Du haut de sa quarantaine accomplie, il jaugeait et évaluait son adversaire. La trentaine tout au plus, un peu moins d'expérience, qu'elle tentait de compenser par sa fougue et sa vivacité.

La Prophétie du VoyageurOù les histoires vivent. Découvrez maintenant