" J'ai un cancer. "
J'avais raison. Une bombe. Trois petits mots. Ce sont juste trois petits mots, mais une bombe n'aurait pas fait moins de dégât entre nous. Tout l'air présent dans mes poumons a disparu, pourtant mon cœur est sur le point d'exploser tellement il bat vite.
Louis se mord la lèvre jusqu'au sang, ses jours inondées de larmes, et tourne la tête, évitant mon regard.
- Quoi ?
Un simple chuchotement qui brise le silence pesant. Louis m'a entendu, mais il ne se répète pas. Il n'a pas besoin. J'ai très bien entendu moi aussi, et je n'ai pas besoin de lui redemander si c'est vrai. Il sait parfaitement qu'on ne peut pas plaisanter sur ces choses là.
J'ai envie de rire. Vraiment. Je me mords l'intérieur de la joue pour éviter de rire.
Louis a un cancer, et j'ai envie de rire.
Pourtant c'est vrai. C'est un miracle que j'arrive à tenir, et à ne pas craquer.
Mais la réalité me frappe d'un coup en me souvenant que Louis veut me quitter, et que c'est certainement à cause de ça.
- C'est pour ça que tu voulais me quitter ?
Il essuie rapidement ses joues avant de me regarder, et d'hocher lentement la tête.
- Je veux toujours.
Là, je ne rigole plus du tout. La colère qui m'enveloppe totalement.
- Tu veux toujours ?
Il ferme les yeux, le ton de ma voix est apparemment dur à entendre. Puis il entoure son torse de ses bras fins, comme si il voulait se protéger.
- Tu veux toujours ? je répète. Je peux savoir pourquoi ? Tu as un cancer et la première chose que tu veux faire, c'est quitter ton mari ?!
Je l'ai dis à voix haute. Il a un cancer. Le dire soit même est différent que de l'entendre de sa bouche.
Il pince les lèvres, et quelques larmes s'échappent de sous ses paupières, roulant sur ses joues.
- Je ne veux pas que... J'ai pas le droit de te faire subir ça. Tu mérites pas ça.
Sa voix légèrement éraillée faiblit par moment. Il n'ouvre toujours pas les yeux.
- Je ne mérite pas quoi ? De te soutenir ? D'être là ?
J'attends une réponse, qui ne vient pas.
- On sais très bien tout les deux que je sais ce que c'est. Tu ne peux pas subir les traitements tout seuls. Tu ne ...
- Je ne subirais rien, il me coupe. Je ne veux pas de traitement.
J'ai l'impression qu'il vient de m'envoyer un seau d'eau glacée à la figure. La sensation aurait été la même si il l'avait vraiment fait.
- Tu ne veux pas de traitement ?
Il secoue la tête, sa lèvre inférieure toujours coincée entre ses dents. C'est un miracle qu'elle ne saigne pas depuis tout à l'heure.
- Je n'en veux pas.
- Donc tu vas juste... Te laisser mourir ?
J'ai légèrement haussé le ton. Ses épaules tremblent, et d'autres larmes coulent sur ses joues rouges. Mais il acquiesce, encore.
