Chapitre 18, la solitude

13 0 0
                                    

Je criais encore et encore son nom, mes sanglots tentaient de m'en empêcher mais les mots sortaient de plus en plus fort et les larmes s'enchaînaient de plus en plus vite, il était le seul, le seul qui m'aimait, le seul qui vivait. Mais à présent il était à terre, la terre et la boue le salissant, les yeux clos, rouges, je le secouais de toutes mes forces mais il ne réagissait pas, il respirait encore, j'étais soulagée mais rien ne me prouvait qu'il reviendrait. Il était entre la vie et la mort, il avait un pied dans la tombe et l'autre dans le volcan, le volcan de l'apocalypse, celui qui nous fait perdre nos moyens, qui nous renforce, celui qui nous tue, doucement sans que nous ne nous en rendions compte. Je pris une bouteille d'eau et lui en versa dans la bouche, il était déshydraté, je touchais son coeur toutes les minutes pour savoir s'il était encore en vie, je lui versai le reste de l'eau sur le visage pour essayer de le réveiller, je mis ma main sur son front, il était brûlant, je pris alors la bouteille que je m'étais réservée pour le lendemain, retirai un morceau de ma chemise, qui s'était déchirée grâce à une branche dans la forêt, et le mouillai, je le déposai sur son front trempé de sueur. Je restais ainsi des heures et des heures à le regarder, à le mouiller d'eau fraîche, à manger des barres de céréales et à pleurer, le supplier. Le soleil se coucha derrière les plaines grises de déchets et la lune se leva, une belle lune, scintillante, brillante, je voyais les étoiles défiler devant mes yeux, si seulement Pete pouvait voir ça. Je tournai alors la tête, il avait encore les yeux fermés et était trempé, de sueur et d'eau. Il commençait à faire froid alors je m'enveloppais dans mon sac de couchage, je ne voulais pas prendre le risque d'aller chercher du bois toute seule et de laisser Pete, alors je passais la nuit sans feu à regarder les étoiles. Plusieurs jours s'écoulèrent, trois précisément, où je veillais sur Pete, observait ses yeux, le mouillait d'eau et mangeai les restes des boîtes de conserve, il m'en restait pour cinq jours à peu près. Il ne fallait pas que je m'attarde trop ici ou j'allais finir morte de faim, mais je ne pouvais pas abandonner Pete. Je décidais alors de rester, encore à l'observer. S'il n'était pas dans cet état, on aurait déjà pris la mer. On serait déjà parti. J'étais plongée dans mes pensées quand un léger grognement m'en fit sortir, je me précipitai vers lui, il s'était assis et avait le regard dans le vide, il ne me regardait même pas, il ne me prit pas dans ses bras, je me jetai sur lui et pleurais de joie, j'étais heureuse, si heureuse de le revoir, vivant, les yeux ouverts, ses yeux, ses yeux, ils étaient rouges, rouge sang, on ne voyait même plus ses pupilles, je pris son visage à deux mains et l'observais, choquée.
- Pete ? Pete ? Pete...à présent je pleurais, de tristesse, je venais de me rappeler Josh, ses yeux, derrière les barreaux. Pete ? Non, je t'en supplie, Non pas toi !! Non ! Pete !!! Ne fais pas ça, je t'en supplie !!! je hurlais, je lui serrais les mains aussi fort que possible, j'essayais de le retenir mais il hurlait aussi et ramenait ses mains à sa tête.
Il était beaucoup trop fort et mes mains étaient en sang, elles glissaient sur sa peau chaude et grasse, je faisais de mon mieux mais il leva brusquement les bras et je lâchai ses poignets, tout passait au ralenti, un quart de seconde et il avait planté ses ongles dans sa chair, un quart de seconde et je hurlais à la mort, me relevant, essayant en vain de rattraper ses coudes, un quart de seconde pour tourner la tête, un quart de seconde pour le voir se déchirer le crâne et entrer ses doigts pleins de sang dans sa cervelle, un quart de seconde pour le voir s'écrouler par terre, un quart de seconde pour que je lui tombe dessus et que je pleure à mort, un quart de seconde pour le voir souffrir, un quart de seconde pour le voir mourir.

~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~
Voilà, désolée, j'espère quand même que ça vous aura plu.
Bises et à demain 😘

I Can't Wait TomorrowWhere stories live. Discover now