Chapitre 11, la cellule

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Je tournai la tête, devant moi se tenait le Dr. Fernando. Le garde me lâcha et recula, il baissa la tête, soumis.
- Ne t'avise plus jamais de les toucher, Jack.
Il hocha la tête et partit. Le docteur mit son bras autour de mes épaules et pris Josh par la main, il ne dit rien, il avança, le regard dur. À présent je savais que je pouvais compter sur lui, je lui faisais confiance. Josh regardait ses pieds, moi je les observais, nous étions comme des lionceaux attaqués par une hyène et sauvés par le grand lion. Des sanglots me montèrent à la gorge, je me dégageai du bras du docteur. J'avais du mal à respirer, les larmes coulèrent doucement sur mes joues, je posais mes mains sur mes genoux et me courbais. Je pleurais, si fort, si intensément, les mots se répétaient dans ma tête «Il ne te remplacera jamais papa, il ne te remplacera pas, et si je ne revoyais plus jamais Josh, et si je ne te revoyais plus jamais ?». J'avais l'impression d'être faible, laide, je n'avais jamais autant pleuré en une journée. Josh accourut vers moi et me prit dans ses bras, il me serra fort contre lui.
- Ça va aller, on va s'en sortir Aurélie, ça va aller. Qu'est-ce qu'on fait maintenant ?
Il s'adressait au docteur, celui-ci mit ses mains sur ses hanches et me regarda en penchant la tête.
- Il faut qu'on aille manger.

Nous nous retrouvions, le docteur et moi devant un repas encore aussi froid, aussi immangeable qu'au déjeuner. Nous avions laissé Josh manger dans le réfectoire des SD. Je contemplais ma nourriture, en la touillant avec ma fourchette. J'avais la tête posée sur ma main, le coude sur la table. Le docteur observait et touchait délicatement sa montre en or.
- Tu n'as pas à avoir peur, me dit-il d'une voix rassurante.
Il pencha sa tête vers moi et son regard se posa dans le mien.
- Je n'ai pas peur, je suis juste...un sanglot me parcourut la voix...triste.
Les larmes tombèrent dans mon assiette, le médecin me prit dans les bras, et je pleurais alors, aussi fort que tout à l'heure, dans sa chemise. Il se dégagea un peu et me dit d'une petite voix «Il faut aller dormir, tu es fatiguée».
Je regardai sa montre, il était 18h45 et il voulait que j'aille me coucher ! Je soupirai et hochai la tête.
Il me conduisit vers les cellules des SND et m'emmena alors dans la cellule 529, il me tapota l'épaule et me dit :
«Je vais m'occuper de Josh, passe une bonne nuit Aurélie.».
Il m'embrassa tendrement le front, il n'avait pas peur, la maladie était transmissible par la salive, il voulait me prouver qu'il avait confiance en moi et que je devais aussi avoir confiance en lui, une confiance aveugle. Je le regardai dans les yeux, étonnée, lui avait un regard si doux, si confiant, si rassurant. Il ferma la porte de ma cellule et partit. Je me retrouvais alors encore seule, seule avec mes pensées, mes chères petites pensées tristes, mes pensées de solitude, mes pensées qui me rappellent tout le temps que je ne peux faire confiance à personne. Mes petites pensées qui me gâchent la vie, qui me font pleurer, et rarement rire, qui m' emprisonnent dans un monde où je suis seule, alors que je le savais et que Josh me l'avait chuchoté «Tu n'es jamais seule, Aurélie.».
J'étais donc luttant contre ces pensées, la tête entre les barreaux, les mains s'accrochant difficilement à eux. Je restais là un moment, observant les gens passer. Je me décidais enfin à aller me coucher, sur un lit triste, sale, inconfortable, dur, dans une salle sombre, solitaire, ma nouvelle cellule, ma nouvelle chambre.

I Can't Wait TomorrowWhere stories live. Discover now