Chapitre 41

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- Hé ! Tu sais que la nuit, c'est fait pour dormir ?

A l'entente de la voix moqueuse de son partenaire à l'écran, Susan se retourna et lui adressa une grimace peu flatteuse. Mon dieu, pas lui. Elle n'était vraiment pas d'humeur à se disputer ! Alors, s'il pouvait juste aller voir ailleurs si elle y était, ça l'arrangerait grandement. Elle était fatiguée, bordel de cacahuètes !

Woo Bin s'empressa de lui répondre, gardant son éternel sourire narquois sur le visage :

- Mon dieu, je ne sais pas si les maquilleuses vont réussir à arranger ça ! Déjà qu'au naturel ce n'est pas folichon, mais alors là ! Je me refuse à devoir embrasser un tel laideron !

La jeune fille, que le manque de sommeil était en train d'achever, bailla à s'en décrocher la mâchoire avant de répliquer, un peu endormie :

- Comment crois-tu que je fais ? J'arrive à peine à contenir mon envie de vomir quand tu es à un mètre de moi...

Sur ces mots, elle reprit calmement sa marche zigzagante, peinant à garder une trajectoire à peu près correcte et digne d'une personne sobre et sous non-influence de stupéfiants plus que corsés.

Aller ma vieille, on essaye de garder une ligne droite pour ne pas paraître trop atteinte ! Premièrement, on sert les abdos, d'ailleurs... ce serait bien qu'elle se remette à en faire, ce serait bête que son ventre ne soit pas tout plat tout beau pour les maillots de bain, le soleil, la sueur parce qu'on avait trop chaud, l'épilation impeccable mais hypra douloureuse, le bronzage asymétrique et pas égal parce qu'on s'était endormi pendant un petit quart d'heure avec ses lunettes de soleil de travers, bref, le bonheur de l'été. Deuxième, on ne se casse rien et surtout pas la gueule, elle ne connaissait que trop bien sa petite tendance à apprécier les surfaces planes sur laquelles on marchait, communément appelées « sol en goudron, ou pavés, ou sable, ou terre boueuse, ou herbe, ou un peu tout ce qu'on voulait tant qu'on arrivait à faire deux pas dessus ». Troisièmement et dernièrement, les talons, c'était non il valait mieux ressembler à une clocharde tout droit sortie d'une poubelle qu'à une apprentie mannequin sur des talons de deux centimètres et qui allait finir sa journée aux urgences parce qu'elle s'était foulée le pied en ouvrant une porte !

Malheureusement pour elle et ses belles idées, l'acteur n'eut aucun mal à la rejoindre et lui prit son bras de force pour le glisser à l'intérieur du sien, lui apportant un soutien considérable pour éviter qu'elle ne rencontre brusquement son cher et tendre ami le sol.

- Tiens-toi à moi, ça évitera que tu t'abîmes le visage encore plus !

Susan ne chercha même pas à se débattre et s'appuya à un peu sur lui. Elle était vidée de toutes ses forces. Jamais elle n'aurait dû rester éveiller si longtemps ! L'angoisse l'avait retenu sur le quai et elle avait loupé tous les trains du sommeil ! Elle avait dû attendre que la fatigue ne la fasse s'écrouler sur son lit pour y rester une petite heure, avant de se réveiller en sursaut, surprise par le radio réveil qui avait fini explosé, en mille morceaux, contre le mur.

- Tu sais qu'à ton âge, faire la fête aussi tard n'est pas une très bonne idée, continua de la narguer Woo Bin.

La jeune fille était tellement fatiguée qu'elle n'arrivait plus à se concentrer pour lui renvoyer ses arguments au visage avec des piques convenables. Les seules choses qui lui venaient à l'esprit restaient « lit », « dormir », « dodo », « sommeil », « oreiller » et un peu tout ce qui résumait la nuit qu'elle n'avait pas eu !

Laisse-moi partirWhere stories live. Discover now