Chapitre 40

Depuis le début
                                    

- Quoi ? s'indigna la blonde, alors tu es en train de dire que c'est de ma faute si tu as perdu ton ARMY Bomb !

Susan secoua la tête de gauche à droite, accompagnée par son doigt. Non, non, non, elle n'était en aucun cas en train de blâmer sa meilleure amie qui entretenait une relation stable et proche de la perfection avec un chanteur coréen, lui aussi assez proche de la perfection, alors qu'elle était encore seule et triste et abandonnée et qu'elle ne trouvait plus sa fichue ARMY Bomb d'amour !

- Je vais mourir, geignit-elle, si je ne le retrouve pas, je ne vais pas survivre ! J'attends ce moment depuis tellement longtemps en plus ! Bweuh.

Voyant que son amie commençait à pleurnicher, Lucie décida d'intervenir. Elle posa enfin un pied dans la pièce et, en faisant attention à ne rien écraser, se dirigea vers la jeune fille tétanisée. Une fois qu'elle eut atteint son but, elle lui donna un petit coup amical sur l'épaule et lui sourit :

- Hé, on va le retrouver ton lightstick ! Je n'ai pas l'intention de me rendre à leur concert sans toi ! Alors maintenant, tu respires, tu te calmes et on va ranger ta chambre, il ne doit pas être loin !

Enfin une bonne résolution dans ce joyeux bordel ! Après que Susan eut séché ses larmes de crocodiles, les deux françaises entreprirent de remettre un semblant d'ordre dans la pièce dévastée. Alors que la chanteuse soulevait la dernière pile de coussins encore au sol, elle crut voir la petite forme caractéristique d'une bombe. Folle de joie, elle balança l'oreiller qu'elle tenait dans les mains à travers la pièce et se jeta sur l'objet.

- Je l'ai retrouvé ! Je l'ai retrouvé ! Mon dieu, je l'ai retrouvé !

La personne qui lui répondit était tout sauf joyeuse. En attendant la voix de Lucie, un énorme frisson parcourut le dos de Susan. Bordel de cacahuètes, qu'avait-elle encore fait comme boulette plus grosse qu'elle ?

- Susan Delanay, cela t'arrive-t-il de te préoccuper de la direction dans laquelle tu envoies tes oreillers ? Parce que cela m'éviterait de me les recevoir en pleine figure à chaque fois !

La fautive se retourna très lentement et présenta un visage plus que candide à la victime du coussin volant.

- Oups, dit-elle.

Ce fut le seul mot qu'elle réussit à dire avant de se mettre à courir dans toute la maison, une petite diablesse blonde à ses trousses.

- Et c'est tout ce que tu trouves à dire ! Innove un peu ! cria Lucie, tous ongles dehors.

- Mais j'ai pas fait exprès ! répliqua son amie en évitant un énième coin de mur.

- Tu pourrais au moins t'excuser, espèce de malpolie !

- Pardon ! Pardon ma Lucie que j'aime et que j'adore plus que tout au monde ! Pardonne-moi !

Leur course-poursuite aurait pu durer encore longtemps si le majordome Jan n'avait pas, tout d'un coup, fait irruption dans l'entrée, surprenant les deux jeunes filles qui avaient commencé à se lancer un peu tout ce qu'elles trouvaient sous la main.

Elles le regardèrent toutes les deux, complètement figée dans leur position. Susan lâcha prestement ce qu'elle avait dans la main et le dictionnaire coréen s'échoua sur le sol dans un bruit sourd. Lucie, en revanche, préféra reposer en toute délicatesse le vase en céramique qu'elle avait gracieusement emprunté et qu'elle n'avait jamais voulu lancer à la figure de sa meilleure amie, loin de là.

Laisse-moi partirOù les histoires vivent. Découvrez maintenant