Chapitre vingt-septième

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J'entends mon cœur tambouriner contre mon crâne, la pluie s'écraser contre les vitres sales, les nuages se bousculer dans le ciel. J'écoute le frottement rêche des mains du commissaire sur le bureau de bois, sa respiration haletante. Je vois les gouttes de sueurs couler sur son large front, ses petits yeux abaissés vers ses genoux, mes jambes qui tremblent. Je sens l'appréhension, la peur. Je respire à longues inspirations le stress et l'angoisse qui serrent ma gorge et tordent mon ventre en des spasmes violents.

Connaissez vous cette douleur qui écrase vos tripes et lacère votre crane à coup de supposition : qui est la victime, qui est l'accusé, tant de questions qui ne demande qu'une réponse.

Deux heures, voilà tout. Deux heures que je me noie dans le tabac et le café brûlant. Et finalement, m'y voilà, face à celui qui doit m'apporter ces réponses que j'attends depuis si longtemps maintenant.

J'ai arrêté de compter les jours et les semaines, je ne sais plus quel jour nous sommes, quand mon frère est parti, ni quand ma mère est morte. Mais je sais que ce jour là sera marqué au fer rouge.

- Il est temps, mademoiselle Danbourg.

Enfin, le temps, qu'il fait dehors ou dans mon âme ? Qu'importe, c'est l'heure, la vérité qui frappe à la porte de la providence.

Je me lève avec impatience, et me plante devant celui qui doit rétablir l'équilibre dans ma tête, dans mon corps, dans ma vie entière. Il m'invite à m'asseoir, m'indique une chaise bancale, et croise les bras sur son torse.

- Écoute, la vérité sera difficile à entendre, et si tu n'es pas prête, je le comprendrai.

- J'ai bien eu le temps de m'y préparer.

Il soupire et attrape un dossier beige sur le coin de son bureau.

- Durant l'analyse et la comparaison de ton ADN, nous avons pu établir des analyses et des recherches plus approfondies sur d'autres empreintes relevées. Ainsi, nous avons déduit qu'il n'y avait pas un, mais deux assassins.

C'est un premier coup de poing, la peur s'échappe pour venir englober mon cœur et mes artères, ma tête tourne et j'essaye de rester concentrée.

- Seulement, alors qu'il y a deux suspects pour le meurtre de Alexandre, il n'y en a qu'un pour celui de votre père, ce qui impliquerait que l'un ai nécessité l'aide de l'autre.

-Pitié, arrêtez de tourner autour du pot. J'ai besoin de la vérité, j'ai besoin de savoir. Donnez moi des noms, des visages, c'est tout ce que je demande.

Ma plainte résonne en écho dans mes tempes, qui essayent de transpercer ma peau à grands coups d'épaules, implantant un mal de crâne lancinant.

Il soupire, encore, referme le dossier, et plaque ses mains moites sur le bureau de bois. Il attrape alors une photo retournée, qu'il me montre.

- Connaissez vous ce jeune homme ?

Le protagoniste a une coupe brune courte et des yeux noirs, fatigués, encerclés par des cernes plus noirs encore que les abysses. Un nez en trompette est planté sur son visage blanchâtre, et des lèvres fines et rosées affiche une mine épuisée, torturée. Ce visage mutilé me dit quelque chose, mais je ne saurai donner un nom à cette apparence.

- Je n'arrive pas à dire qui c'est.

Il souffle et me tend une autre photo.

- Et celui ci ?

Il a des cheveux châtains en bataille, coiffé comme un nid d'oiseau, des yeux verts provocateur me fixent méchamment, et son visage fin aux traits marqué semble pourtant imperturbable et arrogant.

Et pourtant, je le reconnaîtrai entre mille. Son nom reste bloqué dans ma bouche et ma respiration s'échoue dans ma gorge.

- Ces deux hommes, Tempérance, vous les connaissez.

Je hoche la tête avec douleur, crispant mes poings, fermant les yeux, dans l'espoir, peut être, de me réveiller ensuite, quelques mois auparavant, loin de ce cauchemar et de ces problèmes.

- Tempérance, ce sont Andrew Gray et Matthew Danbourg. 

-

Samedi 26 Mars. 

Alors, voilà enfin les noms révélé. Est ce que vous vous y attendiez ? Quelles étaient vos suppositions ? 

La fin approche, et j'ai un petit pincement au cœur rien que d'y penser. 

Je vous retrouve au plus vite pour la suite. 

Humanité DécadenteOù les histoires vivent. Découvrez maintenant