Chapitre troisième

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La grande bâtisse grise est imposante face au beau jardin fleuri qui se trouve devant. Les étudiants se bousculent devant le grand portail noir et brillant. Je tente tant bien que mal de ne pas me faire écraser les pieds par toutes ces pairs de jambes impatientes et stressées. J'ai la tête qui tourne, déjà, j'essaie de me concentrer, de me dire que tout se passera bien. Maladroitement, je ressers ma queue de cheval que je sens se détacher, mais un coude vient s'enfoncer dans mon abdomen et je me tords en une grimace. J'attends qu'une voix déclare ses excuses, mais rien, toujours ce brouhaha, ces rires, ces cris.

Mon sac pèse lourd sur mon épaule, et je commence déjà à faiblir alors que les grandes portes cirées s'ouvrent finalement. Les adolescents rentrent dans la grande cour en ne faisant pas attention, et je me retrouve vite emportée par les flots. Je lève les yeux pour apercevoir le grand toit d'ardoise avant de perdre le fil des événements.

-

Je suis assises sur une vieille chaise posée sur un parquet grinçant et sans couleur. La professeur parle sans s'arrêter depuis un bout de temps, déjà. J'ai le crâne bourré d'informations inutiles, et les yeux plantés dans le vide. Je ne l'écoute pas vraiment, je sais déjà de quoi sera constituée mon année, de toute façon. Travail, propagande et paradoxe. Ce n'est pas bien compliqué à retenir. La sonnerie retentit et les élèves sortent en courant, sacs claquant contre leurs cuisses, rires et plaintes résonnant contre les murs immaculés.

J'attrape mes affaires et sors de la salle. Un grand courant d'air me frappe au visage et j'enfouis ma tête dans mon écharpe en tartan grise.

-Hey !

Je fais volte face juste à temps pour voir une jeune femme courant dans ma direction, brandissant ma vieille trousse beige que j'ai du oublier sur ma table de plastique recyclé.

-Tu as oublié ça.

Elle me tend l'objet et je le lui prends, en la remerciant. Alors que je faisais demi tour, elle me rattrape par le bras.

-En fait, moi c'est Abby. Enfin, Abigail, mais on m'appelle Abby.

Elle affiche un grand sourire. Elle a de belles dents blanches et bien alignées qui contrastent avec ses lèvres rouges. Ses beaux yeux verts émeraudes sont encadrés par un visage diaphane et une chevelure blonde et lisse, parfaitement impeccable.

- Tempérance Je m'appelle Tempérance Danbourg.

Je tente tant bien que mal d'afficher un petit sourire, et elle y répond chaleureusement avec un petit rire cristallin.

-Enchanté.

Elle fait alors demi tour et part en faisant claquer ses talons sur le carrelage blanc. Je respires un bon coup, avant de me remettre en route. Cette journée stéréotypée, longue et ennuyante m'a terriblement fatiguée. Cette impression, déjà, de rentrer dans un univers qui ne me convient pas, n'arrange rien à la situation.

J'ai besoin de calme, d'un silence bruyant, sans même un chuchotement. D'un vide qui angoisserait n'importe qui aurai peur d'être seul. J'ai besoin, ce soir, d'écouter, encore une fois, le doux murmure silencieux d'une nuit d'automne.

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10 octobre 2015.

Clémence gcn.

Suite prévue pour le 12 octobre 2015.


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