Chapitre dix-huitième

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Je regarde la voiture du docteur Stan s'éloigner petit à petit. J'ai refusé de retourner chez moi, ne me sentant pas prête à affronter la solitude d'un manoir délaissé de sa maîtresse et de ses habitants d'origines. J'ai donc demandé au docteur de m'amener en ville, et malgré ses protestations, il a accepter en me faisant promettre que je rentrerai chez moi avant le lendemain.

Je suis donc plantée sur le trottoir de la route principale, mon sac de vêtements à la main. La nuit commence tout juste à tomber, le ciel prend des teintes rosées tandis que l'humidité nuptial prend possession de l'atmosphère. Les lampadaires s'allument un à un, éclairant d'une lumière jaunâtre le béton gris. Tandis que je respire une grande bouffée d'air, un petit jet de fumée blanche sors de mes narines, et je ressers les pans de ma veste en enfouissant mon visage dans mon écharpe de laine.

J'aperçois l'enseigne lumineuse d'un café au coin de la rue et je décide de m'y diriger rapidement. Lorsque j'entre dans la petite salle au mobilier de bois sombre, l'odeur du café frais vient frapper mes narines, et je m'assoit à une table dans un coin après avoir commandé une grande tasse de chocolat chaud.

En attendant ma boisson, j'observe les alentours et les gens présents. Il y a un jeune homme qui lit pas très loin de moi, une paire de lunette noire tombant sur son nez aquilin, et ses sourcils froncés indiquent qu'il semble totalement absorbé par sa lecture. Un café fumant est posé devant lui, et il ne semble pas l'avoir entamé.

A quelques pas de lui se trouve un couple de personnes âgées, qui boivent leurs boissons chaudes sans dire un mot. Il se regarde, de temps en temps, s'adresse un petit sourire amicale, mais ne se parle pas, comme si l'age et le froid avait condamné leurs paroles.

C'est après quelques minutes que j'aperçois une jeune fille de dos. Ses cheveux blonds sont court, lui arrivant au dessus des épaules, et paraissent emmêlés. Elle est vêtue d'habits qui semble abîmés, déchirés par endroit. Un serveur s'approche d'elle, et vient lui demander l'addition. La jeune femme tourne un peu son visage, et j'aperçois le relief d'un nez fins et de lèvres rosées.

Après lui avoir tendu un billet, le serveur s'en va en la remerciant, et, attrapant son sac gris, la femme se lève et se dirige vers la sortie. Je peux à présent voir ses grands yeux verts, soulignés par des cernes noirâtres. Son teint est blafard, et ses joues sont rosies par le froid.

- Abigail ?

Alors qu'elle s'apprêtait à quitter le café, je la retiens par le bras. Lentement, elle se retourne, et me regarde dans les yeux .

- Tempérance ?

J'ai l'impression qu'elle va me sauter dans les bras quand elle se rend compte de ma présence. Je me lève et elle me sert un peu contre elle avant de s'installer en face de moi, à ma table. Le barman vient m'apporter mon chocolat chaud surmonté d'une douce crème chantilly, que je remue avec une petite cuillère brune en observant le visage fatigué et tiré de Abigail.

Alors, elle me demande ce qu'il s'est passé, les raisons de mon absence. Elle me demande les causes de ce regard éteint et de cet air fatigué, et mes lèvres brûlent de lui retourner la question. Et je lui raconte tout : du décès de mon père, au comas de ma mère. Je me sens libérée d'un poids plus lourd à supporter qu'Atlas supportant le monde. Tandis que je lui conte mes mésaventures, elle me regarde de ses yeux effarés, bouche béante et trait défiguré.

- Mais Abby, dis moi... J'ai appris que Andrew avait quitté la ville. Pourquoi ?

Elle souffle lentement, légèrement surprise par la question et reporte son attention sur les manches de sa veste qu'elle ne cesse de tripoter, visiblement gênée.

- Il a subit trop de pression... Les gens sont d'un irrespect incroyable, à croire qu'on leur à volé leurs bonnes manières...Andrew était plutôt distant depuis la mort d'Arthur, et je trouve ça plutôt compréhensible, sauf que des rumeurs cupides ont commencé à tourner autour de ça et....

- Qu'elle genre de rumeur c'était ? La coupais-je un peu trop brusquement.

- Ils disaient qu'Andrew n'était qu'un comédien, que c'était lui qui l'avait tué, car il était jaloux de sa réputation...

Je suis prise d'un élan de colère et je sens que mes oreilles commencent à chauffer.

- Mais c'est insensé ! Andrew se fichait totalement de tous ces critères de popularité...

- C'est ce que je m'évertue à leur dire... Seulement Andrew s'en est plain, et je pense qu'il à bien fait, et ses parents ont décidé de monter sur Stamford, c'est bien plus tranquille...

Au fond de moi, un petit bout de mon cœur s'effrite. Je croyais avoir trouvé en Andrew une amitié, et me voilà délaissé.

Abigail jette un coup d'oeil à sa montre et s'exclame :

- Ma mère doit m'attendre dehors, il se fait tard, tu veux que je te ramène ?

J'accepte gentiment. Le paysage plantureux est couvert de neige et défile devant mes yeux fatigués alors que je rentre chez moi, exténuée, dépassée par le monde entier, perdue entre ciel et terre.


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Samedi 19 Décembre.

J'espère vraiment que ce chapitre vous a plu, car j'y ai mis du cœur et du temps. Je suis heureuse de pouvoir enfin vous poster la suite.

Cette semaine, nous avons dépassé les 3000 vues. Jamais, en décidant de poster mon histoire, je n'ai espérer recevoir ainsi autant de votes et de vues. Ce n'était pas mon objectif, mais ça me donne un plaisir immense.

Etant donné que Humanité Décadente prend une ampleur inattendue, j'ai passée quelques heures à relire mes chapitres et à corriger les fautes qu'il restait, pourriez vous me dire si ça vous parait correct ?

Merci encore.

Suite prévue pour le Samedi 26 Décembre. 





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