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Je sortis du bâtiment de l'orthodontiste, j'avais rendez-vous à 14h30 et j'avais donc raté les deux dernières heures de cours. Je rejoignis le lycée à pied, j'avais quand même mon bus à prendre pour rentrer.

Le véhicule était déjà là, les portes ouvertes. Au moment où j'enlevai ma capuche pour monter dans le car, j'entendis des rires derrière mon dos. Je me retournai et je vis quelques regards sur moi et je ne compris pas. J'haussai les épaules et avançai dans l'allée du car en cherchant une place libre.

*

Le bus s'arrêta dans ma rue. Je jetai un coup d'œil par la fenêtre, il pleuvait à torrent. Je me levai et fis la bise à Thibault puis je sortis du car avec d'autre lycéens. Je remettais ma capuche en place quand j'entendis quelqu'un m'appeler. Je me retournai vers le car, toujours à l'arrêt mais prêt à démarrer. Une fenêtre au fond était ouverte, un garçon du lycée dont le nom m'était inconnu avait la tête sorti. Je n'eus pas le temps de réagir que je reçus un livre sur la tête, il me l'avait lancé. Je ne compris pas vraiment ce geste avant que le car redémarra et qu'il ajouta en criant:

"Sale gouine! Va te pendre !!"

Je restai bouche bée à ce que je venais d'entendre. Je posai ma main sur mon front, je m'y étais pris le coin du livre et j'avais terriblement mal, mais ce n'était qu'un début. Je ramassai l'objet tombé dans une flaque d'eau et l'ouvris à la première page: Nathan Legrix, ce nom ne me disait rien. Je laissai le livre par terre, pas question que je le garde.

Je ne croyais toujours pas ce qui venait de se passer, un garçon que je ne connaissais même pas venait de m'insulter. Tout était flou, ma vision était trouble, est-ce que je pleurais?

Je marchai, perdue dans mes pensées, vers ma maison. J'entendais des pas derrière moi et des rires. Je replaçai une mèche de cheveux derrière mon oreille quand soudain, on m'aggripa la tête et mon visage se cogna contre un panneau de circulation. Je tombai à terre sur le coup mais je repris rapidement mes esprits. Qu'est-ce qu'il se passe? Je passai ma main sur mon visage, je saignai du nez et ma lèvre était ouverte, j'ai mal, encore plus mal. Je vis des silhouettes debout devant moi, j'essayai de me relever mais quelqu'un me repoussa à terre. Je reçus un coup dans le ventre, puis deux, puis trois, je n'arrivais plus à les compter. Tous ces coups étaient accompagnés d'insultes, de menaces de morts etc.

"Je crois qu'elle en a eu assez, venez on se tire!

- T'as raison Dimitri, on rentre!"

Cela ne m'étonnait pas que ça vienne de lui. Je me relevai difficilement et je remis ma capuche. Je marchai en boitant jusqu'à ma maison. Je ne pouvais m'empêcher de pleurer et de m'insulter intérieurement, comment j'avais fais pour être aussi stupide. Je n'avais rien vu venir, et je ne m'étais même pas défendue, j'avais honte de moi-même. Dimitri était dangereux, complètement dangereux.

J'arrivai dans la cour de ma maison, et ce fut un soulagement quand je vis qu'il n'y avait aucune voiture. Je sortis les clés de ma poche et ouvris difficilement la porte. Lorsque j'y arrivai enfin, je me dirigeai sans hésitation dans la salle de bain et je regardai mon visage abîmée dans le reflet du miroir. Ma lèvre était légèrement coupée mais rien de grave, mon nez saignait et mes joues étaient rougies par les coups. J'ouvris l'armoire à pharmacie et en sortis des cotons et du désinfectant. Je couinais lorsque le produit rentra en contact avec ma lèvre. Je finis de me soigner, mon visage, ainsi que mon genou qui était éraflé. Je me regardai une derrière fois dans le miroir, je soupirai, je n'aurais qu'à dire à mes parents que je suis tombée en sport, pensais-je à voix haute.

Je partis dans la cuisine et me servis un verre d'eau froide. Je ne me rendis pas vraiment compte de la situation, jusqu'à ce que je reçus un message, puis deux, puis rapidement une dizaine.

De Dimitri: Salut la gouinasse. Alors, t'en dis quoi? Tu me croyais pas capable de faire une chose pareil? En l'espace de deux heures, les deux heures où tu étais absente, j'ai balancé à tout le monde et ils m'ont tous cru. Ça t'apprendra à m'humilier, tu te souviens au macdo comment tu avais ri de moi?

J'ignorai ce message, puis je lis les autres et je n'en crus pas mes yeux. C'étaient tous des messages affreux, des insultes et des menaces de morts, je ne connaissais même pas les expéditeurs. Je tombai sur un message de mes parents qui me prévenaient qu'ils rentreraient tard ce soir car ils dînaient chez amis. Mes larmes ne cessèrent de couler comme les messages de s'afficher. Je balançai mon téléphone à l'autre bout de la pièce, il se cogna au mur et retomba au sol, sûrement cassé. Je glissai contre la porte et amenai mes jambes contre ma poitrine. Je fermai les yeux et un flot de larmes apparut. J'espérai que j'allais me réveiller et que tout cela n'était qu'un mauvais rêve.

Je restai un bon moment contre la porte à pleurer et à hurler jusqu'à en perdre la voix. J'avais un couteau de cuisine à mes pieds, mais je n'y avais pas encore touché. Je pensais que c'était la fin, jusqu'à ce que j'entendis qu'on toquait à la porte derrière mon dos.

Laissez Moi Aimer - Tome 1Où les histoires vivent. Découvrez maintenant