Chapitre 1 : Le jour où tout bascule.

8.1K 296 11
                                    

C'était toujours la même chose

Oups ! Cette image n'est pas conforme à nos directives de contenu. Afin de continuer la publication, veuillez la retirer ou télécharger une autre image.

C'était toujours la même chose. Ma vie n'avait rien absolument rien d'agréable, de divertissant, elle n'était tout simplement pas comme je souhaitais qu'elle le soit. Elle était différente, surprenante, voire vraiment effrayante parfois. Oui, ma vie n'était pas toute rose, elle vacillait plutôt vers les nuances de noir. Mais j'encaissais tout, comme j'avais toujours su le faire depuis mes six ans. Pourtant, j'aurais voulu qu'elle soit simple, construite de quelques mots qui auraient pu faire mon bonheur : une maison, un lycée, un copain, des amis, et tout aurait pu être presque parfait.

Mais..négatif. Il fallait que l'on déménage encore une fois. Au bout de quatre fois de changement total, je n'en pouvais vraiment plus. Je commençais à vivre ma vie comme un fardeau, un étrange poids qui me compressait la poitrine dans chaque ville où je me réinventais. J'avais toujours eu l'habitude de quitter les endroits qui me plaisaient le plus. J'avais eu l'occasion de visiter des dizaines de villes, des dizaines de pays où je me sentais comme chez moi, mais pour cela, il fallait que je quitte mes repères, comme toujours. Chaque année rimait avec l'arrivée d'une une nouvelle ville sur nos billets d'avion, et ce tous les ans depuis ma naissance. Ça ne me dérangeait pas au point d'en faire un scandale, de hurler ou même de planifier une fugue, mais c'était compliqué de me faire des amis quand je n'étais rien d'autre qu'une simple étrangère aux yeux de tout le monde. Je vivais comme une nomade, et je détestais ça.

Ce jour là, l'anxiété vivait à travers mon corps. C'était une heure pour laquelle je m'étais fait un sang d'encre, si bien que je ne dormais plus depuis quelques nuits blanches. Je redoutais cette heure depuis de longues semaines d'attente et de vérités. C'était l'heure où j'allais enfin - et très probablement - en apprendre davantage sur la destination de la ville médiocre dans laquelle j'allais encore me retrouver. J'entrai dans le salon et vit ma mère, assise à côté de mon père, sur le canapé blanc, elle me fit signe de m'assoir en face d'eux, sur le fauteuil. Je m'exécutai sur le champ, malgré une certaine tension qui me serrait la poitrine. Ma mère regardait mon père et je pouvais aisément distinguer de la crainte dans ses yeux bleus, mais je ne disais rien et gardais les yeux rivés sur mes chaussures blanches. Elle prit alors la parole tandis que je m'engouffrais - poliment - dans le cuir.

<< Bon, ma chérie, il est temps de te donner la destination exacte et irrémédiable de notre future vie...>>, me déclara t-elle en déglutissant difficilement.

Pourquoi s'arrêtait t-elle ? Je ne pouvais plus attendre, j'étais sur le point d'exploser d'impatience.

<< Donc ? Où va t-on ? >>, comblai-je le silence, en levant les mains comme pour les interroger.

Mon père prit une profondre inspiration et fit trembler ses narines. Je le sentais très gêné pourtant, et cela ne faisait qu'attiser davantage mon angoisse. Il était vrai que nous n'avions pas d'excellents rapports père-fille, et que je n'étais pas facile tous les jours, comme le disait ma mère, mais j'essayais sans cesse d'être la meilleure fille possible, et la meilleure petite sœur pour Tatiana. Elle, elle était déjà au courant d'où nous allions, mais elle avait juré aux parents de ne rien me dire. Dans cette famille, j'avais un peu l'impression d'être le vilain petit canard, celle qu'on oubliait, celle qui passait en dernier, mais c'était devenu une habitude que d'être vue comme la petite dernière.

Il est temps de décrocher la lune [TOME 1]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant