[2ème partie]

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Il n'y a pas de couleur pour aimer, il n'y a pas de couleur pour souffrir. Pas une couleur pour t'empêcher de mourir.

« NABIL !!!! »
J'entends crier ma mère en larmes. Je sors rapidement de mon lit et je cours vers elle. IMPOSSIBLE. NON. J'y crois pas. Nabil...

Je le retrouve dans les bras de Mama, plein de sang. Sur le coup, je ne comprends pas réellement ce qu'il se passe et pleins de pensées surgissent dans ma tête.

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Nabil, mon petit frère, mon ange, ma relève, ma fierté, omri. Non, toi aussi tu t'es envolé à ton tour ? Je ne supporterais pas, je ne supporterais plus. Tu m'as promis que tu resterais toujours à mes côtés, que malgré nos disputes, ensemble à jamais on resterait. Je sais que ce n'est pas de ta faute, je le sais omri. Mais wallah t'es ma raison sur cette terre, cette putain de terre qui nous détruit. Je ne veux pas que tu partes, tout comme je ne voulais pas que Baba parte,  et que tu me laisses, je ne veux pas ne plus t'avoir dans mes bras avant de me coucher, ne plus pouvoir te couvrir quand le temps est froid, ne plus te serrer dans mes bras le soir quand tu es triste... Non je ne veux pas tout ça. Maryam, Yassine et Mehdi ont besoin de toi, on a besoin de toi, t'es notre petit frère, notre bébé. Je t'avais promis qu'on retrouverait Baba et Amir dans Son Merveilleux Jardin mais je ne pensais pas que tu les rejoindrais aussi vite. Mon Dieu, khoya, que je t'aime. Je prierai Rabbi nuit et jour pour qu'Il t'accorde Sa Miséricorde et Son merveilleux Paradis.
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Mama me sort de mes pensées en ne cessant de répéter :
       « Wouldi, ya Allah, wouldi !» (Mon fils, ô mon fils !)

Elle prend sa tête dans ses mains et s'écroule en criant son nom. Je reste là sans rien faire, en pleurant. Je n'arrive pas à y croire, je garde espoir qu'il soit encore parmi nous mais je sais que ce n'est qu'espérance. Yassine et Maryam, mon petit frère et ma petite sœur, nous rejoignent, ils ne comprennent rien, surtout Maryam qui n'a seulement que 2 ans. Elle pleure en voyant tout le sang à terre, flottant sur le sol gris et froid, je la prends dans mes bras et la calme, même si ma seule envie est de crier ma haine au monde qui ne cesse de me voler ceux que j'ai de plus cher. Je prends Yassine dans mes bras. Il est devenu blanc, pâle, sans émotion, je ne vois plus aucune vie dans ses yeux. Il vient de perdre, sous ses yeux, son meilleur ami, son frère, son complice, son compagnon de crime, ils étaient comme deux aimants. Jamais l'un sans l'autre, ils faisaient tout ensemble. Il ne se rend pas compte que son frère a rejoint Baba, de même que je ne m'en rends pas compte non plus.

Il part vers lui et s'accroupit. Il le tape a l'épaule comme il a l'habitude de le faire pour le réveiller et dis : « Vas-y Nabil, lève-toi, arrête avec tes blagues. Tu sais très bien que c'est pas drôle. Viens on va jouer, s'te plait, j'te laisserai prendre la balle en premier wAllah, j'te la passe promis. Juste viens, Mehdi nous attend avec les copains. [...] Nabil? Mon frère Nabil? Me laisse pas s'te plait, me laisse pas.»

Je pleure de plus en plus en les voyant tous les deux : j'arrive pas a l'approcher. Apres Amir, c'est lui ! Yassine court dans mes bras et pleure, pleure sans s'arrêter. Je pleure avec lui et Maryam pleure avec nous. On rejoint Mama et Nabil, Allah y rahmo, par terre et on pleure tous.

En me levant, je regarde au loin. J'aperçois un homme, regardant la scène avec un sourire pervers aux lèvres. Il a un poignard rempli de sang dans la main. Je regarde Nabil et je vois que le sang qui coule de son ventre provient d'un coup de poignard. Je comprends tout de suite que c'est ce chien qui l'a tué ! Mon frère le voit aussi et voit la haine dans mes yeux. Je commence à aller vers l'"homme" avec une haine immense, mais ma mère m'arrête. J'ai envie de l'égorger, de le découper en morceaux mais je le vois partir, fier de lui. Comment peut-il être fier d'avoir tué un enfant de 4 ans? Et si c'était son enfant a lui? Qu'aurait-il fait? Qu'avait-il donc à craindre face à un enfant si jeune, et si dépourvu de pouvoir ? Lâche est le seul mot capable de résumer l'acte de ces milliers d'hommes qui terrorisent ma nation. J'ai la haine. J'en veux au monde entier. A tous. Mais Dieu est grand, Dieu est grand wAllah !

À travers les paroles d'une enfant palestinienneOù les histoires vivent. Découvrez maintenant