Chapitre 12

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Après plusieurs rencontres dans sa chambre, j'ai pu en apprendre davantage sur Féliks. Je dois toujours y aller discrètement parce qu'il lui est interdit de quitter celle-ci. Sa jambe gauche n'est pas complètement guérie, ce qui fait en sorte que les infirmières le surveillent de près. Il va falloir, un de ces jours, lui demander s'il sait quand il sera libéré. Vu l'état de sa jambe, je ne crois pas que cela sera de sitôt. Pour l'instant, je ne peux que patienter et espérer pour le mieux.

Depuis un certain moment, je ne fais plus de promenades nocturnes. Je n'en ai tout simplement plus le temps. Si l'on me laisse le choix entre converser avec Féliks et flâner dans les rues, il est évident que c'est la première option qui m'attire davantage. Mes amies sont au courant de notre lien amical, mais n'osent pas m'en glisser mot. Elles savent que je n'aime pas discuter de mes déplacements et de mes rencontres.

Féliks s'ouvre de plus en plus à moi. Au début, sa manie de vouloir jouer avec mes nerfs me déplaisait grandement. Toutefois, j'ai réussi à aller au-delà de cette façade et à découvrir un jeune homme sensible. Pourquoi a-t-il voulu se présenter à moi comme une personne têtue? Je n'en sais rien. Peut-être était-ce seulement pour me taquiner. De toute façon, notre première rencontre est chose du passé et je ne tiens pas à me la remémorer.

                                  ***

Je suis en train de changer les draps d'un lit lorsque j'aperçois Mademoiselle Cytel qui se dirige vers moi. Habituellement, quand je suis en train de faire une corvée, personne ne me dérange. J'arrête toute action et la fixe. Sans plus tarder, elle me dévoile le but de sa visite:

« J'espère que tu as bientôt terminé ce lit. J'ai une nouvelle tâche pour toi.

- Ah oui, et laquelle?

- Nous venons de transférer dans notre nouvelle aile un patient dont l'état s'est amélioré. Étrangement, il ne cesse de répéter ton nom. Est-ce que tu connais un homme nommé Féliks Popesco? »

Popesco. On dirait que j'en apprends de plus en plus chaque jour à son sujet.

« Oui, nous sommes de vieilles connaissances. »

De vieilles connaissances. Si l'on peut dire que le connaître depuis deux semaines est un très long moment. Je suis sûre qu'elle ne tient pas à savoir que j'ai passé plusieurs nuits dans sa chambre récemment.

« Sais-tu pourquoi il m'appelait?

- Aucune idée. En tout cas, tu ferais mieux d'aller le voir tout de suite. Les autres blessés ont déjà commencé à se plaindre de tout le tapage qu'il fait depuis les trois dernières heures.

- Très bien, j'y vais dès que j'en ai fini avec cette chambre. »

Mademoiselle Cytel sort de la pièce et je m'empresse de terminer ce qu'il me reste à faire. Après cela, je vais dans une salle de bain et vérifie mon apparence. 

Enfin, le moment que j'attendais depuis des jours. Plus besoin d'aller en secret voir mon nouvel ami. J'espère que les occasions de le voir se feront plus nombreuses étant donné qu'il n'est plus enfermé comme un prisonnier dans son ancienne chambre.

Je parcours les différents couloirs de l'hôpital à un rythme rapide et les gens que je croise doivent sûrement sentir ma fébrilité. Je ne fais pas attention à eux et continue sur ma lancée.

Contrairement à certaines ailes, celle-ci n'est pas surpeuplée. Sans toutefois être déserte, on peut constater que les infirmières qui y sont présentes n'ont pas à zigzaguer entre différentes personnes afin d'arriver au lieu désiré. J'ai comme l'impression que ce n'est que récemment que l'on a ouvert cette aile aux blessés, et ce, à cause du tumulte qui règne dans les autres parties de l'hôpital. Je n'ai donc aucun problème à me diriger vers la destination qui m'a été assignée.

À la minute où j'entre dans la pièce, je suis surprise de la luminosité qui y est présente. Les rideaux sont ouverts et il est possible d'observer les arbres présents dans le jardin de l'hôpital. Les murs bleus font contraste avec les rideaux qui sont d'une teinte se rapprochant du turquoise. Une atmosphère calme règne sur les lieux et je ne peux m'empêcher de faire quelques pas de plus vers l'avant.

Je remarque que Féliks n'est pas seul dans sa chambre et qu'il y a un autre blessé dans un lit en face de lui. Je ne porte pas attention à ce dernier et fais face à Féliks. Celui-ci me sourit et me fait signe de l'approcher:

« Sedna, voilà bien longtemps que je ne t'avais pas vue.

- Deux jours sans me voir! Mais qu'est-ce qu'il pourrait bien t'arriver si je devais m'absenter une semaine entière! Tu ne survivrais probablement pas jusque-là.

- Très drôle. En tout cas, ce n'est pas de ton humour que je me suis ennuyé. »

C'est à ce moment-là que l'autre occupant de la pièce tient à faire part de sa présence:

« Joli nom, Sedna. Ta mère est-elle une sirène? Avec de belles hanches comme les tiennes, tu aurais fait un beau poisson.

- Pardon?

- Si j'étais un marin, tu aurais pu m'emporter au fond des océans sans même que je m'y oppose. »

Voilà mon coup de chance; à chaque fois que je viendrai voir Féliks, je devrai être à quelques mètres de cet homme bizarre. Il est beaucoup plus âgé que moi, ce qui me trouble encore plus. Je crois qu'il vaut mieux que je l'ignore à partir de maintenant. Peut-être qu'avec le temps, il finira par perdre son intérêt envers moi. Et pourquoi les sirènes? Encore un autre avec une obsession qui sort de l'ordinaire...

Pendant cet échange, Féliks n'a pas une seule fois cligné de l'œil. Je crois qu'il vient de se rendre compte qu'il sera coincé dans la même pièce que cet homme pour une durée indéterminée. Je reste à son chevet jusqu'au moment où l'autre blessé est enfin endormi. J'en profite alors pour murmurer à l'oreille de Féliks:

« Je vais attendre une fois de plus que ce soit la nuit avant de venir te voir. À moins, bien sûr, que tu veuilles qu'une certaine personne proche de nous s'intéresse à notre conversation.

- Je ne vais même pas m'y opposer!

- Parfait. J'espère que la prochaine rencontre sera la bonne. »

Avant que notre conversation ne devienne étrange, je quitte la chambre et retourne vaquer à mes occupations habituelles. Je me demande bien ce que je dois tirer de cette rencontre. La présence de l'autre blessé dans la pièce complique dorénavant les choses et je devrai faire preuve de plus de prudence afin de ne pas me faire surprendre avec Féliks à un moment où je ne devrais pas être là.


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1000 vues avant même d'avoir atteint mon douzième chapitre! Je ne sais pas quoi dire, sinon que je remercie chacun et chacune d'entre vous de prendre la peine de lire mon histoire :) J'ai hâte d'arriver au moment où Sedna va utiliser ses pouvoirs plus souvent. Prenez encore votre mal en patience pour quelques chapitres!




Sedna [en pause]Where stories live. Discover now