Vivre une journée de 26 h !

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On me demande souvent comment je fais pour cumuler mes études (archi-ingé), l'écriture de romans & autres activités littéraires (bétalecture, comité de lecture), la gestion de mon association et travailler épisodiquement en entreprise. J'ai tenté de chercher la réponse à cette question. Mais avant tout il faut bien savoir une chose : je ne fais jamais tout d'un coup !

Le travail pour l'asso est ponctuel et rapide. Répondre à deux mails par ci, de temps en temps faire un dossier et une fois par mois se rendre sur un salon, ça va.

Pour les vrais boulots que je fais régulièrement et qui sont payés : c'est simple, quand je travaille, je n'écris pas. C'est assez horrible, mais je suis tellement fatiguée que je n'arrive à rien faire le soir en rentrant, et les WE je dois faire le boulot pour l'école...

L'école : ce qui était bien en ingénieur, c'est qu'il était facile d'estimer et d'organiser les plannings de travail. En Archi, impossible. Le retour est d'ailleurs assez douloureux... En général quand je suis des cours, j'écris une demi-journée par semaine, ça me permet de souffler et d'évacuer la pression. Mais du coup, pas de temps pour bosser (et gagner des sous) à côté...

Donc comment je fais pour faire tout en même temps ? Je ne fais pas tout en même temps. C'est par phases. Même si depuis la fin de l'écriture du tome 2 de l'Empereur, je suis beaucoup plus investie dans l'écriture et convaincue de vouloir vraiment y consacrer une importante partie de ma vie, du coup j'essaye d'écrire régulièrement (n'importe quoi : une tranche de vie, le début d'une fanfic, un petit conseil, trouver un exercice en ligne... l'important c'est d'écrire).

Autres éléments qui peuvent jouer pour devenir multitâche:

- J'ai analysé les moments où j'étais la plus efficace pour travailler/où j'avais le plus de « temps de cerveau » de disponible et je les bichonne. Moi, c'est le matin (sauf en ce moment, c'est nulle part car je suis épuisée et je n'arrive plus à me lever tôt...). Pour toute activité demandant de la réflexion à la fois créative et technique (écrire quoi), c'est le matin ou c'est pas.

- Je suis concentrée et efficace. Je réfléchis longtemps avant de faire quelque chose, afin d'être sûre de faire ce que je veux faire, de limiter les imprévus et de savoir où je vais. Et quand je dis « Maintenant, je bosse », alors je bosse (même si mon ordinateur et internet se liguent de plus en plus pour faire virevolter mon attention d'un point à l'autre de la toile...).

- Je me donne des défis mais je ne vise pas de châteaux en Espagne (sauf épisodiquement, quand je me lance dans un dessin avec des effets compliqués par exemple). C'est ma façon à moi de m'entraîner. Pour arriver à un résultat, il faut du travail. Mais je ne supporte pas de rester assise des heures à dessiner des esquisses pour enfin pouvoir faire le travail final (ici je parle surtout du dessin et de l'écriture). Je préfère faire quelque chose que je sais faire et tester un nouveau truc. Ça me plaît, ou pas, je refais (un autre dessin, un autre livre) mais avec un autre nouveau truc, etc. ça peut paraître timide et sans ambition, mais je préfère faire par itération que sauter en bas de l'escalier pour essayer d'atteindre directement la marche du haut.

- Je considère mon sommeil comme sacré. Quand je suis raisonnable et intelligente, je me couche entre 22 et 23 h et je me lève à 7 h.

- J'exerce mon cerveau et fais en sorte qu'il ne soit jamais affamé. Je suis, de nature, constamment en train de faire tourner mes méninges. Je peux dessiner en me posant des questions métaphysiques sur l'éthique de la vente de livre sur salon tout en écoutant une musique dont j'essaye d'apprendre les paroles. Si toutes les parties de mon cerveau qui sont libres ne sont pas occupées, c'est comme une surcharge d'énergie dans un réseau, les plombs sautent (ici, ça se traduit par de la déprime face à l'inactivité). Je pense qu'il ne faut jamais être monocentré. J'adore écrire, mais je ne fais pas que ça et ça ne conditionne pas entièrement et unilatéralement ma vie. J'adore aller au cinéma. Je n'aime pas la télé mais parfois j'aime regarder des séries. Je vais une fois par an au théâtre ou voir un concert ou un spectacle (je n'aime pas la foule mais ça reste un art que j'apprécie, intéressant et qui change mon quotidien). De temps en temps, je fais du bricolage (en ce moment je réfléchis à un théâtre de marionnettes à doigt avec les persos de l'Empereur). Episodiquement, je regarde une vidéo de tuto de maquillage ! Je fais des promenades dans la nature autour de chez moi ou plus loin. Je regarde, enregistre, questionne tout ce que je vois. Je pars en voyage pour découvrir des choses que je ne connais pas. Bref, l'important c'est une routine pour travailler oui (ça aide à se discipliner), une routine pour vivre non (on s'encroûte !). Je suis toujours à la recherche de nouvelles expériences. Il faut rester curieux (et chacun a sa manière d'être curieux !)

- Faire plusieurs choses en même temps, c'est un art (il paraît), mais il faut bien faire les choses que l'on fait simultanément, sinon ça n'a pas d'intérêt. Personnellement, je ne peux pas faire deux activités qui demandent de mobiliser le même sens et obtenir un résultat satisfaisant. Par exemple, je peux dessiner et écouter de la musique. Je ne peux pas dessiner et regarder un film (par contre je peux dessiner et écouter le film). Je ne peux pas lire ou écrire avec un film non plus. Quand je suis fatiguée, je ne peux pas parler à quelqu'un et en même temps organiser une expo sur ma droite. Par contre je peux parler à quelqu'un et écouter tout ce qui se dit autour de moi en même temps. Je peux faire du bricolage en regardant un film... Je peux chater sur dix fenêtres de conversations différentes en faisant une maquette en regardant un film.

Voilà ! J'espère que ça vous donnera des pistes pour mieux vous comprendre et trouver le moyen de vivre 26 h en une journée.

Si ça peut vous consoler, en ce moment j'ai un peu atteint ma limite et je ne peux plus prendre de nouveaux projets sous mon aile, sous peine d'exploser. La raison est triple, je crois : le stress du diplôme, la fatigue (j'espère que ça va partir hein ! j'en peux plus !) et finalement pleins d'idées de projet qui s'amassent, commencent à aboutir et finalement doivent être mises de côté pour bosser/faire un autre projet plus opportun et urgent/etc. Or trop d'idées dans la tête... à un moment, faut que ça sorte ! J'aurais bien besoin d'une secrétaire peut-être... Ou alors, que les études se terminent, que je n'ai plus cette sorte d'épée de Damoclès au dessus de la tête.

Ceci dit, je suis sûre que je peux encore passer au niveau supérieur. On verra si j'y arrive d'ici février ! (rendu du diplôme)



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