Breaking Binary [terminée]

42|Hunter

Ça fait trois jours que je suis clouée à ce lit d'hôpital, deux jours que Sienna et moi avons rompu..
Je peux enfin sortir, mais c'est pas pour autant que je me sens mieux.. J'ai du faire ce choix pour elle. Je sais qu'elle ne sera jamais véritablement heureuse avec moi. Je ne veux pas être égoïste, alors je l'ai fait. Mais j'en souffre, c'est trop dur.

« N'aime personne Hunter. L'amour est un piège ».
Cette phrase est mon quotidien depuis que Sienna a quitté ma vie. C'est moi qui ai mis fin à cette relation, pourtant j'en souffre terriblement. Sienna, elle avait fait complètement taire la voix de ma mère. Mais maintenant qu'elle n'est plus là, la revoilà. Et je n'en peux plus.

J'ai voulu appeler Sienna une centaine de fois. Mais je ne peux pas faire ça. Je ne vaudrai pas mieux que l'autre ordure, Noam..

- Vous voulez de l'aide ?
Me demande l'infirmière lorsque je me lève de ce foutu lit sur lequel j'ai pleuré durant ces longs jours.

Mes côtes me font un mal de chien, mais cette douleur est bien moins pire que celle qu'abrite mon coeur.. Il me fait tellement souffrir que j'ai remis en cause ma décision un nombre incalculable de fois.
Et si je ne l'avais pas quittée..?
Non. C'est mieux pour elle et..moi.

- Non.
Je réponds enfin à l'infirmière.

Elle s'approche pour m'aider malgré mon refus.
- Je n'ai besoin de personne !
Je hurle en serrant les poings.

J'ai besoin de personne. Je suis Hunter West, je me suis toujours débrouillée seule, et sans personne.
Et c'est pas maintenant que ça va changer.

Elle sursaute et s'éloigne rapidement de moi, comme terrifiée. Je la dévisage avant de passer devant elle, afin de quitter cette satané pièce.

Dehors, je respire un peu mieux. Mais je me sens toujours aussi seule. J'ai besoin de me défouler, d'évacuer toute ce mal-être qui m'empêche de vivre.

Je ne peux pas me pointer à l'arène dans cet état, le boss se foutrai de ma gueule avant de me dégager. Mais il me reste encore une chose: le football.

Je vais aller parler au coach. Comment va se dérouler la suite de ma saison ? Je reste capitaine..? Titulaire..?

***

- Entre Hunter,
me dit Logan, le coach de l'équipe de football de l'université, dans laquelle je suis la leader.

J'avance douloureusement jusqu'à son bureau, avant de m'asseoir sur la chaise en face de la sienne. Il s'assoit à son tour et arque le sourcils.

- Contente ?
Ironise-t-il en montrant mes côtes cassées d'un signe de tête.

J'aurais du réfléchir deux fois avant de reprendre cette merde. Je n'aurais jamais du aller à ce combat...
Putain.

- J'en ai pour 4 semaines.
Je mens. En réalité j'en ai pour 6 semaines de repos, mais je ne veux pas perdre plus de temps.

Il hoche la tête.
- T'as conscience de ce que ça veut dire ?
Il me demande, en parlant de ma place de capitaine.

- Je ne suis plus capitaine ?
Je tente, le visage crispé et le coeur battant.

Il pose ses mains à plat sur la table et fronce les sourcils.
- Non. Personne n'a ton niveau ici. Tu restes capitaine, mais Lawson prend ta place temporairement.

Je suis toujours capitaine !?
Je saute de joie intérieurement, mais la réalité me rattrape. Ma place de capitaine n'est rien comparé à la femme que j'ai perdue..

- D'accord.
Je réponds, reconnaissante.

-Bien. Tu peux partir.
Me dit-il enfin, me libérant.

Je m'apprête à partir mais je m'arrête d'un coup. J'ai une dernière choses à demander.

- Est-ce qu'il serait possible de changer de dortoir..?
Je demande, et cette fois timidement.

Il me regarde avec une grimace d'incompréhension.
- C'est pas à moi qu'il faut demander.

Je baisse la tête, je le supplie presque.
- Je ne peux pas rester dans le mien.

Il soupire bruyamment.
- Je suis désolé Hunter. Mais je n'ai aucun pouvoir sur ça. Si on te l'a déjà refusé c'est pour une bonne raison.

Merde. Je vais devoir cohabiter avec...mon ex..

- Ok.
Je balance, froidement.

Je quitte le bureau en trombe et lorsque je sors, je suis prise de vertiges.

« N'aime personne Hunter. L'amour est un piège. »

- PUTAIN !!
Je crie dans le couloir, en me laissant glisser au sol.

Le coach ouvre brusquement la porte de son bureau et lorsqu'il me voit par terre il panique.

- Hunter !?
S'exclame-t-il en me secouant.

Je le regarde, les yeux mi-clos. Je n'en peux plus, je ne supporte plus sa voix.

Je ne réponds pas à Logan, et je le repousse doucement. Je m'écroule un peu plus au sol, ferme les yeux. Le noir de mes paupières parvient à m'apaiser.

Le coach m'appelle une dizaine de fois mais je ne réponds pas. Et c'est qu'après quelques minutes que je me redresses, espérant être dans ses bras. Mais non, je suis toujours seule.

Je me relève difficilement, m'appuyant contre le mur.
- Au revoir.
Je lâche en partant. Je sens son regard me brûler le dos, il doit me prendre pour une folle.

Je marche dans le campus, dans le but de trouver quelque chose à faire, mais il n'y a rien qui pourrait apaiser mon coeur. Je me dirige vers l'internat lorsque je remarque que ma moto, toujours garée au même endroit. Et si j'allais faire un tour..? L'infirmière me l'a fortement déconseillé, mais depuis quand j'obéis aux règles moi.?

Je monte sur ma moto, ça faisait longtemps. Je fais rugir le moteur, le bruit résonne dans tout le campus. Je mets mon casque et je démarre enfin, mes côtes me font mal mais c'est soutenable.

Le vent me fouette le visage. Mes mains serrent le guidon, chaque virage fait danser la moto sous moi. Mes côtes me lancent à chaque choc, mais je souris malgré tout.

La route s'étire devant moi, vide et infinie. Le moteur vibre contre mon corps, et chaque pulsation me rappelle que je suis vivante. Le monde se réduit à ce moment : le bruit, le vent, la vitesse.

Je sens l'air glisser sur mon casque, les arbres défiler, et un étrange calme m'envahit. La douleur est là, mais elle fait partie de moi maintenant, comme un rappel que je peux encore avancer, encore tenir.

Je pousse un peu plus, le moteur hurle, et je me sens bien, libre, entier. Rien d'autre n'existe que cette route et moi.

Je ralentis doucement en arrivant au sommet. Le moteur vibre encore sous moi, et mes côtes me rappellent leur présence à chaque respiration. Le vent me fouette le visage, mais il ne peut pas chasser le vide dans ma poitrine.

Je ferme les yeux un instant. Tout est silencieux autour de moi, et pourtant, le souvenir de ce que j'ai laissé derrière reste.

Je reprends la route, lentement, le moteur comme seule compagnie. Et avec son absence qui brûle encore dans ma poitrine.

***
Le chapitre 42 !! Il est dur celui-ci aussi, je l'ai écris avec une playlist triste en plus 😓 Fin bref, j'espère qu'il vous aura plu en tout cas !!

Merci du soutien et prenez soin de vous ❤️