Pastabox 2 - Les pleurs

22.4K 1.9K 565
                                    


Pastabox 2 — Les pleurs

****

Cela faisait maintenant trois jours que je n'avais pas revu la folle asiatique aux jolis yeux bridés. Après m'avoir frappé violemment, elle s'était cassée du carrosse, les sourcils froncés et les lèvres pincées.

Je n'avais pourtant rien fait de mal.

À l'heure où les prochains événements arrivèrent, j'étais encore une fois – sans surprise – dans le véhicule à fuir mes « amis ». Une discussion lambda avec Myriane s'était tournée en dispute. Et, têtue comme elle était, mon amie ne reviendrait pas s'excuser avant de bonnes semaines. Elle détestait quand je m'éclipsais du groupe. Dans un sens, c'était compréhensible. Ces derniers temps, je ne traînais plus trop avec elle et Maxime, au profit d'une solitude apaisante dans mon coin secret qu'elle ne connaissait pas.

Mais j'avais mes raisons. Maxime était aussi insupportable qu'une Myriane en pleine période de menstruations. Tout d'abord parce qu'il dépendait de ma meilleure amie et que sa vie se résumait à être d'accord avec elle. C'était un mouton qui me détestait. Chaque fois que je tentais d'en placer une pour tenir tête à la brune, il me lâchait un « ta gueule » pour que je me la ferme. La première fois, ça allait. Au bout de la millième fois, ça n'allait plus.

Et puis j'avais du mal avec Myriane depuis la rentrée. Celle-ci m'étouffait avec ses préjugés et son temps passé à me coller aux baskets. Se moquer souvent des personnes de notre classe lui donnait des ailes, alors que tout ce que l'on pouvait leur reprocher, c'était de ne pas lui dire de se taire. Méchanceté gratuite, c'était ce que j'entendais tous les jours avec ces deux soi-disant amis.

Avant de me rendre compte que je ressemblais de plus à en plus à un hypocrite avec eux, je ne le vivais pas trop mal parce que je les considérais comme mes uniques amis. Et que, dans l'amitié, il fallait faire des efforts pour se supporter et accepter les défauts d'autrui. Mais petit à petit, lorsque je m'étais rendu compte le faux prenait le pas sur le vrai, je pris la décision de m'éloigner pour retrouver un peu « le vrai ».

Je connaissais Myriane depuis le collège : notre rencontre s'était faite à la cantine. Elle voulait échanger sa poire au chocolat contre une mousse et moi qui avais voulu sa poire, ai échangé ma mousse. On avait commencé à se parler à partir de ce moment-là. Je la trouvais jolie et chouette. Puis vint l'été de nos seize ans, où elle m'embrassa pour la première fois. Nous étions sortis ensembles six mois. Six longs mois tendus et toxiques pour notre amitié qui avait malheureusement changé beaucoup trop de choses dans notre lien. Lorsque je l'avais quittée, fin première, celle-ci avait beaucoup souffert et je m'en étais énormément voulu, pris de culpabilité. Je croyais réellement aimer Myriane mais plus le temps passait, plus je me rendais compte que je bloquais quelque part et que l'amour que j'étais sensé éprouver ne faisait que de l'ombre à l'amitié.

Elle m'avait reproché ce matin de préférer mon coin secret à eux et tristement, c'était en partie vrai.

Quand j'étais dans ce carrosse, j'avais l'impression d'avoir un repaire secret, un truc égoïste que je garderais à vie en moi. Ayant lu les livres préférés de mon ancienne meilleure amie, j'avais quelques connaissances sur le sujet. Les personnages des fictions de bad boy avaient toujours une sorte de cascade ou de lac pour se baigner ou une fête foraine abandonnée. C'était une belle vie. Toutefois, moi j'avais le carrosse et j'en étais satisfait.

J'étais même devenu externe sur la plupart des journées de cours pour dévorer mes pastabox à l'intérieur le midi. Aujourd'hui c'était le cas et j'avais bientôt fini ma boîte, le ventre satisfait.

Depuis maintenant seize minutes pour être exact, je traînais sur Facebook. Et vous n'allez peut-être pas y croire mais le hasard avait voulu hier soir que je tombe sur le profil d'Amalia en recommandations amis.

Cinderella's coachWhere stories live. Discover now