𝑻/𝒑 𝑫𝒂𝒏𝒔 𝑴𝑯𝑨

• Chapitre 13 •

Je ne me souviens de rien. Rien du tout. Mon cerveau, ce traître, a décidé d’effacer cette soirée après le quatrième verre. Tout ce qu’il m’a laissé, c’est un trou noir géant et une migraine à rendre jaloux un lendemain d’oral raté.

"Eh, Tépé, tu rêves ou quoi ?" me lance Mina en agitant la main devant mon visage, son sourire habituel plaqué sur ses lèvres.

"Non, non, je suis là," je réponds en sursautant, tout en essayant de me concentrer sur mon plateau repas. Mon regard fixé sur mes carottes vapeur (elles ont l'air aussi fatiguées que moi).

Après quelques secondes d’hésitation, je me lance :
"Dis, Mina, j’ai dit ou fait quelque chose de bizarre l’autre jour, à la soirée ?"

Elle lève un sourcil, intriguée, avant de hausser les épaules.
"Euh… je sais pas trop, pour être honnête. Je sais juste que t’as passé un bon moment à parler avec Bakugo. Mais t’étais tellement bourrée à ce moment-là que c’était dur de te suivre."

Mon cœur fait un bond, et pas dans le bon sens.
"Attends… Bakugo ? Moi ? Parler ? T’es sûre que t’as pas rêvé ?"

Elle éclate de rire. "Certaine. Vous aviez l’air... enfin, surtout toi, t’avais l’air très investie. Je me demande encore de quoi vous parliez."

Et avant que je puisse poser une autre question, elle change totalement de sujet, passant à sa dernière vidéo TikTok. Mais je n’écoute pas vraiment. Mon esprit est resté bloqué sur "toi et Bakugo" et "investie".

Mon regard dérive malgré moi vers lui, assis à l’autre bout de la cantine. Il est entouré de Kirishima et Denki, qui rient à une blague que je n’ai pas entendue. Lui, par contre, reste stoïque, le visage légèrement froncé, comme toujours. À part ce petit rictus qu’il a quand quelque chose l’amuse un peu. Et, soyons honnêtes, c’est rare.

Je secoue la tête. Non, c’est ridicule. Si j’avais dit quelque chose de trop compromettant, il m’aurait déjà explosée sur place. Ou alors… peut-être qu’il garde ça comme une arme secrète pour plus tard. Un Bakugo qui ne dit rien, c’est encore plus flippant qu’un Bakugo en colère.

"Bon, je vais chercher un dessert," je marmonne, me levant brusquement.

"Ramène-moi un truc aussi !" crie Mina.

Je l’ignore et me dirige vers la file d’attente. Pas que j’aie vraiment envie de sucré, mais j’ai besoin de m’éloigner un peu pour remettre mes idées en place. Mon cerveau tourne en boucle, essayant de reconstituer les morceaux de cette foutue soirée.

Je me souviens de quelques moments. Du rire de Kirishima. De Mina qui dansait sur une table. Et… de Bakugo. Un regard. Un éclat étrange dans ses yeux. C’était quoi ? De la colère ? De l’inquiétude ? Ou… non, c’est absurde.

"Tu vas finir par te cogner dans un mur si tu continues à rêvasser comme ça, débile."

Je sursaute si fort que mon plateau manque de tomber. Bakugo est là, juste derrière moi, bras croisés et l’air… agacé. Parce qu’il ne connaît qu’une seule émotion : l’agacement (et les explosions).

"Je… je rêvassais pas," je mens, la voix un peu trop aiguë, en évitant soigneusement son regard.

"Si tu veux cacher un truc, t’es vraiment nulle. On voit tout sur ta tronche." Il passe devant moi pour attraper un pudding. "Et arrête de me regarder comme ça."

"Comme quoi ?" je rétorque, vexée.

"Comme si j’allais te bouffer." Il me lance un regard en coin, presque amusé, ce qui est déjà beaucoup venant de lui. "T’as vraiment aucune mémoire, hein ?"

Je reste figée, mon cœur battant à tout rompre. "De quoi tu parles ?" je demande, la gorge sèche.

Il hausse les épaules, l’air désinvolte.
"Rien. Laisse tomber."

Et il s’en va, me laissant plantée là avec mon plateau vide et une énorme boule au ventre.

Et là, sans prévenir, tout me revient en mémoire. Comme un éclair qui traverse mon cerveau.
Le fait que je n’ai pas d’alter. Que je viens d’un autre monde. Peut-être même d’un autre univers. Que je suis là sans savoir pourquoi, perdue dans ce monde de héros et de méchants.

Et surtout, que j’ai tout raconté à Bakugo. Tout.

Je reste immobile, les yeux écarquillés, un pudding dans une main tremblante.

OK, Tépé. Là, c’est officiel : tu es vraiment dans la merde.

À suivre~