• Chapitre 6 •

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Je me retrouve là, posée comme une crêpe tiède sur un banc à la U.A., en train de regarder les autres étudiants s'entraîner. Franchement, c’est un peu comme mater un film Marvel… sauf que je suis dans le film, mais sans budget effets spéciaux pour moi. Les autres ont des Alters trop stylés : certains peuvent voler, d'autres manipuler le feu, y’en a même un qui a littéralement des bras qui sortent de ses bras (j’ose même pas imaginer les t-shirts qu’il doit acheter).

Et moi ? Ben moi, j'ai rien. Zéro. Nada. Juste Tépé. Une fille sans alter, sans plan, sans idée de ce qu’elle fout là. J’ai l’air de sortir d’un univers parallèle. Oh wait… c’est exactement ce que je suis, non ?

Je me repasse encore et encore le moment où tout a basculé. J’étais chez moi, peinarde, avec un plaid moche sur les genoux, une tasse de chocolat chaud dans une main, et une vidéo de chat qui tombe dans une bassine dans l’autre (la base de toute une vie). Et là, BAM. Éclair lumineux. Téléportation cosmique. Et hop, me voilà dans une école de héros. En pyjama. Avec des chaussettes licornes. Quelle entrée fracassante. Ok, cool. Très cool. Sauf que j'ai pas de super-pouvoir, ni de cape trop stylé...

"Non mais vraiment… C’est une caméra cachée, c’est ça ?", je marmonne dans le vide en zieutant autour. Rien. Pas de caméra. Juste Mineta qui se gratte le nez à l'autre bout du terrain. Charmant.

"Bon, sérieusement, comment j’ai atterri ici ?", je me demande à voix haute, comme si la réponse allait sortir de l’air. Je regarde mes mains. Toujours les mêmes. Aucun signe de feu, de glace, de télékinésie, de transformation en lama magique (ce serait quand même classe, non ?). J’ai même essayé de penser très fort à un super-pouvoir. Spoiler : ça n’a pas marché. Mes mains restent juste… bah, des mains.

Peut-être que j'suis là pour une raison, genre… j'suis l'héroïne qui va sauver le monde, mais sans alter. Genre, je vais devenir une légende, le seul héros qui a gagné sans rien faire. Mais attends, si j'ai pas d’alter, je fais comment pour "sauver le monde" ? J'ai juste… des pensées étranges et un talent pour me perdre dans mes réflexions. Pas franchement un super-pouvoir, ça.

Je commence à me dire que je suis peut-être le protagoniste d’une grosse expérience scientifique ultra-classée secret-défense. Genre “Peut-on balancer une ado random dans un monde de super-héros et voir ce qu’il se passe ?”. Merci les scientifiques. Vous auriez pu me prévenir. Ou au moins me donner un sac à dos. Et un goûter.

Un moment, j’imagine que peut-être je suis dans une simulation. Un rêve ultra-réaliste. Un Isekai version sans héros badass. Peut-être qu’il suffit que je dise une phrase-clé pour me réveiller genre : “Sésame, ferme-toi et rends-moi Netflix.” Nope. Toujours là.

Un ballon me frôle la tête. Je sursaute. Je tourne la tête : c’est Denki qui me fait un petit signe de la main, genre "oups". Je lui rends un doigt d'honneur mental (parce que je suis polie, quand même) et je replonge dans mes pensées.

Peut-être que j’ai été envoyée ici pour une raison. Genre le destin m’a choisie. Ou alors il m’a confondue avec quelqu’un d’autre. Genre la vraie élue, c’était une autre Tépé, trop badass, musclée, avec des cheveux qui flottent au vent même sans vent. Et moi, je suis juste… la Tépé de secours. L’erreur de casting. Le bug du destin.

Je me lève et commence à marcher un peu, les bras dans le dos comme si j’étais hyper sage (alors qu’en vrai, j’essaie juste de pas exploser de stress). Je passe devant une classe qui s’entraîne à viser des cibles. Je les regarde avec un mélange de fascination et de jalousie mal placée.

"Un jour, je serai moi aussi une grande héroïne… ou au moins, j’apprendrai à faire des crêpes sans les brûler", je murmure pour moi-même, parce qu’il faut bien rêver un peu.

Bon, plus qu'à attendre que le destin (ou un étrange éclair) me dise ce que je dois faire. Après tout, c’est pas comme si j’avais le choix. J'suis là, et je vas devoir vivre avec.

Un courant d’air passe, je frissonne. Et là, comme dans les films, je ferme les yeux. J’inspire fort. Peut-être qu’au fond, cette histoire de pas avoir d’alter, c’est pas la fin du monde. Peut-être que mon pouvoir, c’est d’être… moi. Et que ça suffit.

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HAHAHAHA. Non je rigole.

J’suis paumée. Grave paumée. Et j’ai faim.

À suivre~

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