• Chapitre 11 •

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L’idée de cette soirée me semblait déjà un peu douteuse. Mais, comme tout le monde était partant, je n’allais pas être la rabat-joie qui reste dans son coin. Après tout, ça n’arrive pas tous les jours qu’on ait une "soirée relax" organisée par les élèves de UA.

Tout avait commencé innocemment. De la musique, des snacks, et Denki qui essayait de faire des tours de magie pour impressionner Jirou (spoiler : il a raté, elle l’a ignoré). Tout allait bien… jusqu’à ce que quelqu’un décide de sortir ça. Une bouteille. De l’alcool. Personne ne sait d’où elle vient, mais en moins de deux minutes, elle était au centre de la table, entourée de rires et de défis.

"Qui veut tester ?" propose Mina avec un sourire diabolique.

Je ne sais pas si c’était la pression du groupe ou ma propre bêtise, mais avant que je ne réalise, j’avais un verre à la main. Un verre devenu deux. Puis trois. Et là, tout a commencé à se flouter.

Je ne sais pas combien de temps s’est écoulé, mais je me suis retrouvée sur un canapé, Bakugo assis juste à côté. Il avait l’air agacé, comme toujours, mais il ne s’éloignait pas pour autant.

"Tépé, qu’est-ce que tu fous ici à moitié affalée ? T’es encore plus pathétique que d’habitude."

Je plisse les yeux, l’esprit embrouillé. "Tu sais quoi, Bakugo ? T’es… t’es comme un hérisson. Froid à l’extérieur, mais p’t’être doux à l’intérieur."

Il fronce les sourcils. "Qu’est-ce que tu racontes encore ? T’es complètement torchée."

"Je suis pas torchée," je proteste, avant de pointer un doigt vers lui. "Je suis… honnête."

Il soupire. "Génial, maintenant t’es une philosophe bourrée. Retourne dans ta chambre."

"Attends ! Non, écoute," je l’interromps, soudain sérieuse. "J’ai un secret. Un énorme secret. Mais tu dois promettre de pas exploser, ok ? Genre, promets-le."

Il me fixe, l’air sceptique. "Je promets rien."

"C’est bon, je te fais confiance," je continue, ignorant totalement sa réponse. "J’ai pas d’alter."

Silence. Long silence. Je vois son cerveau essayer de comprendre mes paroles, mais avant qu’il ne puisse répondre, je rajoute : "Et je viens d’un autre monde. Genre, vraiment. Un monde où toi, et tous les autres, vous êtes des personnages d’un manga."

Ses yeux s’écarquillent. "T’es en train de te foutre de ma gueule, là ?"

"Non, sérieux !" je m’exclame, en agitant les bras pour appuyer mes mots. "Je portais juste un pyjama licorne, et pouf, me voilà ici. Je sais pas comment, ni pourquoi, mais c’est vrai."

Il me fixe comme si j’étais une énigme qu’il n’a pas envie de résoudre. "T’as trop bu. Va dormir."

"Mais je te jure que c’est vrai !" je répète, les larmes aux yeux (merci, alcool). "Tu sais pas ce que c’est, toi. Tout le monde a un alter, tout le monde est cool, et moi… moi je fais semblant. Tout le temps. C’est épuisant."

Bakugo ne dit rien. Il se contente de me regarder, ses yeux rouge vif fixés sur les miens. Puis, après une longue pause, il se lève.

"Reste ici," grogne-t-il. "Et arrête de dire des conneries."

Je le regarde partir, et une partie de moi se demande si j’ai fait une énorme erreur. Mais en même temps, c’était tellement libérateur de tout lâcher… même si c’était à Bakugo, de toutes les personnes.

De l’autre côté de la pièce, Bakugo s’appuie contre un mur, bras croisés. Il observe les autres élèves s’amuser, mais son esprit est ailleurs. Les mots que j’ai prononcés tournent en boucle dans sa tête.

"Pas d’alter."
"Un autre monde."
"Un pyjama licorne."

"Elle est complètement bourrée," murmure-t-il pour lui-même, mais même cette explication ne suffit pas à apaiser son cerveau en ébullition. Quelque chose dans ma voix, dans ma manière de parler, sonnait étrangement sincère, même dans mon état.

"Eh, Bakugo, qu’est-ce que tu fais à traîner comme ça ?" demande Kirishima, en lui donnant une tape sur l’épaule.

"Rien," grogne Bakugo en repoussant son ami. "Va jouer les babysitters ailleurs."

Kirishima rit doucement, mais il s’éloigne sans insister. Bakugo, lui, reste planté là, fixant le sol.

"Pas d’alter ? Sérieux ? Mais comment elle a fait pour passer les tests d’entrée ?"

Il repense à toutes les fois où je me suis retrouvée dans des situations improbables, et comment, malgré tout, j’ai toujours réussi à m’en sortir. Certes, souvent d’une manière ridicule ou absurde, mais les résultats étaient là.

"Et cette histoire de 'monde différent'… C’est quoi encore ce délire ? Elle aurait vraiment pu inventer ça juste pour rigoler ?"

Il serre les poings, frustré par sa propre curiosité. Lui, Katsuki Bakugo, ne devrait pas perdre de temps avec ce genre de conneries. Et pourtant, il n’arrive pas à chasser cette idée.

"Si c’est vrai… ça change quoi ?"

Pendant ce temps, je finis par m’endormir sur le canapé, une frite à moitié mangée dans la main, inconsciente du fait que je viens peut-être de semer une graine de doute dans l’esprit d’un certain hérisson humain.

À suivre~

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