CHAPITRE 17 - CODEX

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CODEX.

Ces lettres s'inscrivaient sur le tableau à craie.

Me revoilà, dans une salle de classe. Quoi que celle-ci était différente ; un revêtement boisé, des tables en noyer et des bibliothèques murales remplies de vieux livres. Je pensais y échapper définitivement juste après le baccalauréat. Je me leurrais !

Mais je n'étais plus au lycée. Désormais, je suivais une sorte de cursus militaire barbare, flanquée de camarades impitoyables pour la plupart.

Du fond de la pièce, je contemplais en ruminant l'arrière du crâne presque chauve de Luther, qui me tournait le dos. Son irruption dans la chambre de Carl avec ses acolytes la veille ne me laissait pas indifférente.

D'ailleurs, ce dernier avait pris les devant ce matin. Je m'étais précipitée à la première heure à sa porte, mais le jeune loup n'était déjà plus là. Il se trouvait deux tables devant, assis entre Darius et Tarek. Je me rassurais tout de même de le voir avec le colosse. S'il était tant redouté, Carl ne craignait rien en sa compagnie. Du moins je l'espérais. Sincèrement.

La chaise près de moi était occupée par Eden. Elle ne semblait pas du tout intéressée par ce qui l'entourait, procédant à un coloriage minutieux sur sa feuille à carreaux. Les renseignements, disait Dany à son égard. Pourquoi un tel changement ? Pouvais-je lui faire confiance ?

– Hernandez !

Je sursautai à l'écoute de la voix cinglante de la capitaine.

Elle se tenait droite comme une pique, mains derrière le dos. Un sublime costard noir brillant habillait la femme. Sur son épingle à cravate, je distinguais le pin's des Templiers en or. Elle portait une fois de plus des lunettes de soleil, sombres cette fois-ci. Je m'amusais à la comparer aux protagonistes de ce film américain, où les héros combattaient les aliens dans les rues de New York. Celui où ils effaçaient la mémoire des humains avec un petit stylo argenté...

– Euh..., bégayai-je.

J'étais beaucoup trop distraite. Tous les visages se retournèrent dans ma direction, un sentiment de malaise m'envahit. Même Eden cessa son gribouillage.

Qu'attendait la capitaine Bodota ? Oh non ! Malgré mon ouïe développée, je n'avais pas écouté un seul mot. Heureusement, la jeune Ourbos vint à ma rescousse en glissant discrètement sa feuille sur la table que nous partagions. J'y jetai un rapide coup d'œil avant de citer les mot écrits :

– "Nous préservons nos existences et elles demeurent dans une discrétion absolue."

J'observai la capitaine et sa mine impassible. Avait-elle vu notre combine ? Impossible de distinguer quelconque sentiment au travers de ses lunettes.

– À vous, Ourbos, lança sèchement cette dernière. À moins que votre travail artistique soit plus intéressant.

Elle avait bien remarqué la manœuvre, en effet. Cette fois-ci, nous nous tournâmes tous vers Eden, qui ne bronchait pas.

– Nous protégeons nos semblables et protégeons les humains de nos semblables, annonça-t-elle.

Je ne m'en étais pas aperçue la dernière fois, mais sa voix était légèrement cassée. Une sonorité étrangement agréable. Son ton était cependant complètement détaché et elle épelait chaque mot comme un texte appris par cœur.

– Destrier ? demanda la capitaine.

Je repérai la tignasse blonde parmi les recrues. Il n'y avait personne à ses côtés.

– Nous ne tuons pas, répondit avec lassitude cette dernière.

Certains me jetèrent un regard, comme un reproche. Notamment Luther et son compagnon aux cheveux oranges. Je me remplis de désarroi, pleinement consciente de leur opinion envers ma famille.

GUILDE : HéritageDonde viven las historias. Descúbrelo ahora