CHAPITRE 2 - La dernière nuit

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Je contemplais mon reflet dans le miroir de la salle de bain, brossant mes cheveux bruns, pensive. Qui était ce Dany ? Jamais je ne ressentais autant l'inquiétude de Sara, elle, aussi calme que douce par habitude.

M'avait-elle menti ? N'y avait-il vraiment pas un moyen pour déclencher ma métamorphose ? Et d'ailleurs, elle qui connaissait si bien les Borgia, pourquoi ne plaidait-elle pas ma cause auprès du Grand Conseil ?

Je m'approchai du miroir pour observer mes propres yeux. Aucune paillette d'or. Je retroussai mes lèvres dans l'espoir d'y apercevoir des canines prononcées.

En vain.

Je passai de l'eau sur la peau de mon visage au teint hâlé, et me séchai avec une serviette. Je réarrangeai mes longs sourcils noirs et me dirigeai vers le frigo de la cuisine. Sans surprise je constatai que la plupart des aliments étaient de la viande crue. En effet, les Métas loups préféraient se nourrir de viande rouge. Et en plus de cela, ils mangeaient en conséquence.

C'est sûrement pour ça qu'on dit avoir une faim de loup, me fis-je la réflexion avec une pointe d'amusement.

Je saisis les restes de cuisses de poulet de la veille, et ouvris un paquet de chips. Depuis sa première métamorphose, Sara ne pensait pas vraiment à mon régime alimentaire qui était celui d'un simple... humain. Elle passait son temps à trouver des petits boulots clandestins, ou bien à dénicher les dernières petites affaires pour que nous puissions vivre décemment. C'était ma grande sœur, et elle ressentait le besoin irrépressible de s'occuper de moi.

Un morceau de papier patientait sur la table et indiquait : Je reviens vite. Bises. Sans surprise, Sara s'absentait une nouvelle fois, et la journée allait être longue.

Je repassai la scène de la veille en boucle dans ma tête. Julian et son ultimatum, le mystérieux Dany et cette conversation avec Sara.

– Aie !

La douleur à ma main ne t'estompait pas. Seuls les quelques comprimés que Sara se procurait calmaient légèrement les picotements. Ma main boursoufflait, et la plaie m'irritait de plus en plus. Je saisis la boîte de médicaments posée à côté du mot, et avalai quelques gélules. Je finis mon repas improvisé et retournai dans ma chambre, afin de revêtir des vêtements plus appropriés que mon jogging et mon large sweat à capuche.

Il n'était pas question que je passe mes dernières heures à me tourmenter, quand bien même je frémissais à l'idée d'imaginer mon propre cadavre lacéré par les griffes et les crocs de Julian.

Un peu plus tard, en début de soirée, j'actionnai la sonnette de la maison devant laquelle je me trouvais. Aussitôt, un homme d'une cinquantaine d'année ouvrit la porte, le sourire aux lèvres.

– Bonjour Kara, je t'en prie entre. Jacob nous a prévenu de ton arrivée.

– Bonjour monsieur Karlsten, annonçai-je poliment.

J'entrai dans le foyer familial de mon ami. Un univers assez rustique et chaleureux, dans lequel je me sentais chez moi.

– Oh, bonjour Kara ! salua Madame Karlsten sur un ton enjoué.

Elle me serra dans ses bras, et demanda auprès de ma mère. Je lui répondis qu'elle se portait bien, qu'elle se remettait doucement de sa chimio-thérapie. Depuis que je connaissais les Karlsten, je passais mon temps à leur mentir à propos de mes parents, cela devenait une habitude. Il nous fallait bien une situation plausible aux yeux de tous, et c'était Sara qui se chargeait de toutes les paperasses administratives.

Non, pour être honnête, ma gorge se nouait toujours quand j'évoquais ma mère... comme si elle existait encore.

Mme Karlsten me lança un sourire affectueux. Les parents de Jacob étaient des personnes très attachantes et remplis d'une grande bonté.

GUILDE : HéritageWhere stories live. Discover now