CHAPITRE 14 - Première épreuve : l'éveil des sens

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L'issue de cette épreuve était forcément une défaite.

Je le compris aussitôt, dès lors que la jeune Ourbos se précipita avec la vitesse légendaire d'un Angaros à l'arrière du véhicule. Elle attrapa le premier sac qu'elle enfila sur son dos. Puis, elle se retourna et nous balaya tous d'un regard énigmatique. La jeune femme s'élança et progressivement, sa silhouette ombrageuse se fondit dans la forêt.

Et à partir de cet instant, tout s'enchaîna très vite.

Un petit groupe de six personnes se rua à l'arrière du véhicule. Il formèrent une masse compacte, s'agglutinant les uns après les autres et se disputant les sacs. Certains réussirent à s'en sortir, notamment Tarek.

– Dépêche-toi ! me lança le Méta avant de s'engouffrer à travers les arbres.

Certes, je pouvais me précipiter au coffre et pourtant, quelque chose clochait. Une poignée de recrues restaient en retrait. En particulier Ariana, qui semblait jauger la situation. Une autre, le regard suspicieux, jetait des coups d'œil à la capitaine qui nous observait sans broncher. Et il y avait Carl, hésitant.

Ce dernier serra les poings. Sur une marche déterminée, il tenta finalement de s'immiscer parmi cette petite foule.

Et puis le colosse – la montagne – débarqua. Avec une force incommensurable, il saisit le col d'une jeune femme et l'envoya valdinguer à quelques mètres. Il poussa d'une main un autre, qui s'écrasa violemment contre la portière du coffre du véhicule. Carl était à deux doigts de saisir un sac, mais le grand gaillard expédia violemment le jeune Méta en arrière. Mon camarade se retrouva à plat-ventre dans l'herbe, bredouille. Il se releva instantanément sur ses deux pieds avec une agilité incroyable.

Waouh ! Ce colosse était vraiment fort. Et énorme. Rien qu'à son gabarit, il bloquait quasiment l'accès au coffre.

Mais Carl ne se laissa pas impressionner pour autant. Le Méta loup s'accroupit, déployant des grosses griffes remplaçant désormais ses ongles. Sans élan, il bondit avec une aisance déconcertante sur le toit du van. Entre-temps, la montagne était déjà partie, sac sur l'épaule et les autres affluèrent aussitôt obstruant une nouvelle fois le passage. Avec sa souplesse extraordinaire, Carl se suspendit au toit en et réussit à extirper un petit sac.

J'étais impressionnée. C'était très malin de sa part en opérant ainsi ; il évitait la petite bande de gens qui bloquaient l'accès.

– Kara ! héla-t-il depuis le toit en croisant mon regard.

Il arma son bras et expédia le sac à dos dans les airs, dans ma direction. Je me tint prête à recevoir le projectile et à détaler sur-le-champ.

Je ne gagnerais pas cette épreuve, mais je ne finirais pas dernière.

Une tignasse blonde intercepta promptement le projectile, chipant le bien qui m'était destiné. Ariana s'équipa aussitôt et sans me dédaigner un regard, elle débuta sa course.

Mais quel culot ! fulminai-je.

Avec une rancœur amère, je la pris en chasse. Surtout que ce n'était pas très ingénieux de sa part. Grâce à mes aptitudes surnaturelles, je la rejoignis très rapidement.

J'agrippai fermement l'anse de son sac et tirai en arrière, stoppant sa course. Un peu trop fort peut-être, car je nous entrainai toutes les deux dans ma chute. Je me redressai d'emblée sur mes deux jambes tandis qu'Ariana, toujours au sol, exécuta avec une dextérité surprenante une balayette qui m'envoya dans la poussière.

Ebahie, je la regardai se relever resserrant les lanières de son sac à dos.

– Mais t'es sérieuse, là ? lui lançai-je pleine d'amertume.

GUILDE : HéritageOù les histoires vivent. Découvrez maintenant