CHAPITRE 9 - Les conseils du Traqueur

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Pour le premier jour, Dany me donna rendez-vous au dojo. Je trouvai la pièce, qui se situait à l'étage des Métas.

J'appréhendais ses humeurs taciturnes. Je décidais donc d'éviter le sujet de Sara, ou de tout autre lien évoquant ce soir tragique. Pleine d'entrain, chargée à bloc et motivée comme jamais, je ne désirais pas prendre le risque que Dany s'échappe à nouveau.

Au centre de ce dojo jonchait un grand tatami. Quelques appareils de musculation étaient présents. Il y avait même un gigantesque présentoir à armements divers fixé au mur ; des couteaux de toutes tailles, des épées et même des haches. Je frissonnai à leur vue. Je pensais à Lorene et ses dagues aiguisées, qui savait probablement manier ces armes à la perfection.

Dany était déjà là. Il revêtait pour la première fois un t-shirt  moulant qui exposait sa musculature imposante. Il se regardait dans le miroir, les mains derrière le dos.

– Allonge-toi sur le banc, lança-t-il à mon arrivée, sans me jeter un regard.

Le banc ? Je scrutai le dojo, il n'y avait aucun banc.

– Le banc du développé couché, soupira-t-il.

Oh, je vois. Je repérai d'un coup d'œil l'instrument. Un petit banc en mousse, muni de deux chandelles, supportant une longue barre en métal. Je fus sceptique, le sport n'était pas mon domaine de prédilection. Mon expérience s'achevait à nos sessions de ping pong, au lycée. Mais fidèle à ma promesse, je ne rechignai pas, et ne fis aucune remarque.

Tandis que je m'allongeais sur le banc, Dany emboîta des poids aux extrémités de la barre en métal. Plus il en ajoutait, plus j'écarquillais les yeux. Il y avait au moins quatre énormes disques, de chaque côté.

– Tu pousses, dit-il. Cinquante fois.

– Pardon ? répliquai-je.

Il croisa ses gros bras. Inutile de négocier ou de parlementer, il n'était pas propice à la discussion. J'attrapai la barre, apposé face à mes pectoraux inexistants, et inspirai brièvement en fermant les yeux. Je poussai de toutes mes forces.

La barre, qui supportait probablement plus de cent kilos, ne pesait plus que le poids d'un manche à malais. J'ouvris les yeux, ébahie par cette force phénoménale. Puis, je m'exécutai, cinquante fois, comme convenu.  Et avec une facilité déroutante.

C'est incroyable, pensai-je en esquissant un sourire, fière de ma prouesse.

– Alors ? demanda nonchalamment Dany à la fin de l'exercice.

– Facile ! m'exclamai-je avec enthousiasme.

Il ne dit rien, et fila aussitôt chercher d'autres poids, encore plus lourds.

Ainsi je découvrais en premier lieu ma force herculéenne, qui se limitait cependant. Je pouvais aisément pousser, soulever, tirer d'innombrables centaines de kilos, mais plus la charge augmentait, plus mon corps fatiguait. Pour autant, je ne me plaignais jamais, chaque exploit étant excitant.

Pendant les deux jours suivants, j'effectuais les séries d'exercices sous l'œil attentif et silencieux de Dany. Mais au troisième, le Méta changea brusquement son approche.

– Mets-toi contre le mur, ordonna-t-il.

Dany tenait dans sa main plusieurs couteaux. J'enfouis mon inquiétude, redoutant la suite.

– Tu vas pas recommencer..., maugréai-je.

– Bon écoute-moi, lâcha-t-il, las. Le timing est serré. Il nous reste cinq jours avant le test du Rempart. Tout ce que je peux faire, c'est te faire travailler tes capacités pour que tu sois plus à l'aise avec.

GUILDE : HéritageWhere stories live. Discover now