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Empathie7 votes

Affection • 2 votes

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Où suis-je ? Impossible à dire. Tout ce que je sais est que je me sens bien. Il ne fait ni trop chaud, ni trop froid. À vrai dire, je ne sens rien, ni l'air, ni mon propre corps. Un silence apaisant m'enveloppe tout entière et j'ai l'impression d'être en paix, soulagée comme jamais je ne l'ai été. Mes dernières pensées envers Túlio résonnent en moi comme une fréquence positive. Je ne saurais même pas dire depuis combien de temps je suis ici à errer sans but quand une immense tristesse me traverse soudain. Elle repart aussitôt, laissant derrière elle un sentiment de lourdeur. Je me sens comme happée vers le bas, quittant mon confort pour retrouver les confins pénibles de mon corps. 

J'ouvre les yeux alors que la douleur bat dans chacune de mes veines. Les yeux humides de Túlio me dévisagent à quelques centimètres de moi. Rien que de bouger les lèvres me parait être un effort immense.

– Que s'est-il passé ? Est-ce que je suis...

Je vois Túlio s'effondrer en larmes devant moi, incapable de me répondre. La boule au ventre, je tourne mon attention vers l'anneau dans ma main, noirci et brisé en deux. Une odeur de brûlé s'en échappe. Ce n'est pourtant pas ce qui me surprend le plus. J'observe avec émerveillement la couleur rosée de ma peau, les lignes qui se dessinent sur ma paume et le bleu qui serpente en dessous. Je suis bien vivante, en chair et en os. Comme pour m'assurer que je ne rêve pas, mon autre main vient caresser mon visage, prenant le temps de sentir chaque courbe et imperfections. Mes joues sont humides et un goût que je ne reconnais pas est imprégné sur mes lèvres. Je cherche à nouveau Túlio du regard, en quête de réponse.

– Ça a marché, finit-il par m'annoncer d'une voix rauque. Ton corps a réussi à contenir son âme. Elle était là, vivante... mais il fallait qu'elle parte.

Il m'offre un sourire triste et pendant d'interminables secondes, je reste interdite avant de finalement l'enlacer. Ses doigts agrippent le tissu de mon chemisier alors que son front vient se lover dans le creux de mon cou. Je sens mon chemisier s'imbiber de ses larmes. Au bout d'une bonne minute, ses sanglots se calment et son étreinte se desserre. Il renifle et essuie ses larmes d'un revers de la main. Les peintures sur son visage ont coulé et se sont mélangées pour former une œuvre complètement abstraite.

– Je suis désolé, murmure-t-il tout doucement en voyant les tâches qu'il a laissé sur mon épaule.

Il titube légèrement en se redressant et je le regarde fouiller dans ses affaires avec empressement pour trouver des mouchoirs. Je le regarde s'atteler à éponger les dégâts avec une concentration inattendue, évitant soigneusement de me regarder en retour.

– C'est marrant, avoue-t-il finalement dans un rire triste. Je pensais que rien ne me rendrait plus heureux que de pouvoir enfin parler avec Adeline de vive voix mais je n'ai pas réussi à m'en réjouir vraiment. Une fraction de moi était terrorisée à l'idée de t'avoir réellement tuée. Je... je suis vraiment désolé de t'avoir demandé de prendre un tel risque.

Je hausse les épaules comme si de rien n'était, encore troublée par l'expérience que je viens de vivre et la motivation nouvelle qui me saisit. Je crois que je n'ai jamais autant eu envie de profiter de ma vie.

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