Dans la continuité de mon book de conseils et articles autour de l'écriture, je vous propose dans celui-ci des portraits d'auteurs et des critiques de livres pour enrichir un peu plus votre culture littéraire et découvrir des personnalités sympathiq...
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Bonjour !
Nouvelle chronique pour la première partie de l'intégrale Darker than black, trouvée un peu par hasard dans une bouquinerie. Il s'agit d'un seinen en quatre tomes (deux intégrales), qui est apparemment la suite d'un anime que je n'ai absolument pas vu, donc je partais de zéro, et ça ne m'a pas empêché de tout comprendre.
Le monde a été bouleversé par l'apparition de la porte des enfers, une zone étrange où les lois de la physique n'existent plus. Peu après, de nombreux inconnus ont perdu leurs émotions pour devenir des contractants, des êtres rationnels dotés de capacités extraordinaires, mais qu'ils ne contrôlent pas toujours et provoquent rapidement des catastrophes.
Azusa, une jeune lycéenne, est tombée amoureuse du coach de son équipe. Après quelques temps d'idylle, il la rejette, et elle découvre en plus qu'il a tenté de la piéger en lui tendant un guet apens visant à l'agresser sexuellement. Pour se venger, Azusa veut devenir une contractante, ce que Harvest, un étrange contractant, va bientôt lui proposer en échange d'un tout petit service : elle doit faire éclore un pissenlit noir, implanté dans sa jambe, en tuant ce qu'elle a de plus cher, ce qui déclenchera ses pouvoirs.
Malheureusement, elle va vite se rendre compte que lui aussi a abusé de sa faiblesse, et qu'il cherche surtout un hôte capable d'aller au bout du processus de floraison, mortel dans presque tous les cas.
Le manga est plutôt sympathique, même s'il n'est pas révolutionnaire. On se trouve dans un monde qui rappelle un peu celui des X-Men. Suite à une mutation, de nombreuses personnes ont développé des pouvoirs et peinent à se faire accepter dans la société.
On suit d'ailleurs deux personnages dont les enjeux sont sensiblement les mêmes que ces derniers : BK-201, un contractant insaisissable qui œuvre pour que les contractants soient mieux acceptés dans la société, et Harvest, qui au contraire veut les voir prospérer et prendre le pas sur l'humanité grâce au pouvoir du pissenlit noir. Malheureusement, contrairement au Professeur X et Magneto, ces deux contractants sont terriblement manichéens et peinent à installer de la nuance dans leurs discours. On en trouve un peu dans l'histoire de BK-201, considéré comme un criminel et qui fait figure au premier abord de anti-héros, mais il n'y a pas beaucoup d'éléments qui le rendent gris. Ses actions sont considérées comme positives, tout le temps, et à l'inverse, Harvest est considéré comme un monstre du début à la fin, avec de plus un design difforme, ce que j'ai moyennement apprécié parce que le message personne difforme = monstre, c'est paresseux, en plus d'être abléiste.
J'ai donc un peu beaucoup tiquer, d'autant plus que les autres personnages ne rattrapent pas forcément l'histoire ! Azusa, le personnage principal, commençait très bien avec une histoire forte et des messages très intéressants. Malheureusement, très vite, le personnage perd en nuances et ne devient que guidé par la vengeance, corrompu par la fleur qui pousse dans son corps. Si l'idée de la fleur est très intéressante, la lutte intérieure entre le bien et le mal qui cherchent à prendre le contrôle, c'est du vu et revu !
Il n'y a pas assez de réinvention dans les tropes utilisées, ce qui rend l'intrigue prévisible et avec des facilités scénaristiques beaucoup trop grosses pour être crédibles, et également trop récurrentes. Je pense notamment à la manière dont les personnages réussissent à s'échapper à chaque fois qu'ils sont sur le point d'être attrapés, soit par téléportation, soit carrément par magie alors qu'ils étaient dans le coma cinq cases plus tôt. Un peu d'originalité, non ? C'est paresseux, encore une fois, et terriblement frustrant !
La seule partie qui rattrape un peu le manga, c'est celle qui tourne autour du lieutenant Kirihara, une enquêtrice qui cherche à arrêter BK-201, et, à mesure que l'intrigue avance, à résoudre le mystère autour du pissenlit noir. C'est clairement lors des phases d'interrogations qu'on en apprend sur les spécificités de l'univers, qui sont très intéressantes, notamment avec le fait que les étoiles sont des contractants, ou encore sur l'origine des pouvoirs des contractants, qui classe davantage le roman en science-fiction. Malheureusement, tous ces efforts sont masqués parce qu'ils ne sont absolument pas utilisés dans le reste de l'intrigue, tout juste survolés. Il y a aussi un problème de traitement du personnage, qui bien qu'intelligente, tombe souvent à côté de la plaque juste parce qu'il ne faut pas que l'intrigue avance trop vite, mais du coup, ça donne l'impression qu'elle n'est pas très douée, donnant le beau rôle au brun ténébreux, BK-201, qui est quand même beaucoup plus vendeur sur la couverture, et faisant encore une fois courir le cliché que les hommes sont plus doués pour résoudre des enquêtes que les femmes...
En bref : le manga a été écrit par un homme, et bon sang que ça se sent. C'est dommage, puisqu'il y a plein d'autres personnages féminins intéressants, mais tous sont invisibilisés par les personnages masculins. C'est frustrant, et ça amplifie en plus le manque de nuances de l'univers, où apparemment seuls certains hommes ont le droit d'avoir une caractérisation plus approfondie.
Je ressors de cette lecture plus frustrée que satisfaite, malgré quelques idées intéressantes. Je lirai quand même la deuxième partie par curiosité, mais je pense déjà un peu savoir comment ça va finir, et donc on va attendre un peu avant de s'y lancer.
Je vous recommande de vous faire votre propre opinion dessus. Pour ma part, ce n'est pas une lecture très marquante.
