Chap 2

5 0 0
                                    

Quand elle vit son animal, elle s'effondra immédiatement. Autant physiquement que psychologiquement. Elle ne répondait plus de rien, elle pleurait à s'en déshydrater. Ce choc fut si violent pour elle, qu'à peine quelques secondes passées, elle n'évanouit.

Elle se réveilla quelques dizaines de minutes plus tard, chez son cousin. Quand elle reprit ses esprits, elle espéra un instant de tout son cœur pour avoir rêvé. Mais on ne peut pas échapper à la réalité de cette manière.

Quand il lui annonça que le vétérinaire chez qui il était allé avait en vain essayer de sauver son chat, elle sentit alors son cœur se stopper net. Elle entendait pourtant ses lourds battements lui écraser la tête, et une envie horrible de vomir. Son chagrin fut tel, qu'elle ne pouvait rien entendre, rien dire, elle avait perdu tout usage de la parole. La seule chose qu'elle était en mesure de faire, était de pleurer, et c'est ce qu'elle fit. Encore et encore jusqu'au lendemain soir, sans jamais s'arrêter, jamais manger ni dormir, ou presque. Tenant sur ses genoux la boîte dans laquelle se trouvait l'être cher qu'elle avait perdu. Son cousin avait tout essayé la veille pour tenter de la convaincre que ce n'était pas de sa faute, qu'il était vieux, qu'il y était destiné... Anna ne pouvait pas l'entendre. Pour elle, son chat était mort parce qu'il avait trop mangé de croquettes, ou bien parce qu'il avait reçu un coup trop violent de la part du cambrioleur. En somme, il était mort par sa faute, par la faute de sa négligence.

Elle ne bougea plus du canapé où elle se trouvait durant des jours et des jours. Ses larmes s'estompèrent relativement vite, mais son chagrin lui, ne la quittait plus. Son cousin essayait le plus de choses possibles pour lui remonter le moral, sans succès. Elle mangeait à peine, devenait alors de plus en plus maigre à mesure que son visage pâlissait. Ils avaient seulement trouvé le courage, quelques jours plus tôt, d'enterrer le défunt animal, car l'odeur commençait à se faire une place bien trop encombrante. Ils l'avaient fait dans le jardin de son cousin, car si Anna ne trouvait pas le moyen de gagner à nouveau de l'argent, elle devrait y laissé sa maison – qu'elle n'avait de toute manière pas l'envie de conserver toute sa vie – et son chat avec. Quoi qu'il arrive, Anna voulait faire ceci chez son cousin. Certaines personnes préféraient faire cela chez eux, de manière à garder leur compagnon près d'eux pour toujours, mais, pour elle, devoir se déplacer pour voir un mort était plus agréable ; cela lui ferait un moment qu'elle dédirait entièrement à son animal. Avoir sa tombe dans son propre jardin, était un coup à devenir paresseux, à en oublier sa présence. Elle ne souhaitait pas qu'une telle chose arrive. Et elle voulait partager ses moments de recueillement, de tristesse, avec son cousin quand elle irait voir son chat.

Son cousin s'inquiétait pour elle. Il la savait fragile, et ce qu'elle avait enduré était bien au-delà de ses limites. Son choc émotionnel avait été si grand durant cette affreuse journée... Il savait, au fond de lui, qu'elle ne s'en sortirait pas s'il ne faisait rien. Mais que faire ? Rien de ce qu'il avait tenté n'avait fonctionné. Ni le fait d'avoir cuisiné des heures durant les meilleurs meringues qu'il pouvait, ni tenter de la divertir en jouant à un jeu de cartes, en regardant la télévision, ni même discuter de choses joyeuses... Il lui fallait quelque chose qui puisse occuper son temps, sur laquelle elle pourrait se concentrer et oublier le reste. Son esprit tournait en boucle sur les événements qu'elle venait de vivre. Ce n'était pas bon. Mais que lui offrir ? Il savait que les éléments sur lesquels pouvait se consacrer Anna avait autrefois su l'aider dans ces phases de dépression. Comme son travail. Mais là, elle n'avait plus rien. Il aurait bien voulu l'aider à se trouver un nouveau job, mais cela s'avérait difficile quand la personne concernée ne pouvait même pas se rendre au moindre entretien...

Une idée lui vint alors. Elle était, certes, surprenante, pour le moins déplacée, mais il connaissait Anna après tout. Et les gens auraient beau le critiquer pour ce qu'il s'apprêtait à faire, il savait tout de même que c'était une solution viable. Non sans risque, mais au minimum envisageable en dernier recours. Et il ne voyait pas que faire d'autre.

Anna ouvra ses yeux encore légèrement englués par les larmes séchées, quand son cousin lui annonça qu'il partait quelques heures, et reviendrait plus tard. Elle ne répondit pas, et se rendormit.

La porte claqua, et Anna était de nouveau seule. Où était-il parti ? Lui qui n'avait pas bougé depuis des jours pour rester auprès d'elle. Voilà une nouvelle énigme qui aillait égayer ces quelques minutes dans cette journée interminable qui venait de commencer.

Elle commença à rêver. Peut-être était-il allé acheté de nouvelles meringues ? Car, même si celles que son cousin avait cuisinées avaient fini par prendre l'humidité tant elles attendaient d'être manger, et qu'Anna n'imaginait en aucun cas en profiter, cela la faisait sourire de le voir rentrer avec des énièmes meringues qui inonderaient la table de la cuisine déjà bien recouverte. Quand elle y pensa, elle se rendit compte que c'était quand même bien la première fois qu'elle refusait ces délices sucrés.

Malheureusement, elle n'avait aucun moyen de savoir ce qu'il mijotait tant qu'il n'était pas revenu.

Il rentra trois heures plus tard, une sorte de mallette à la main qu'elle ne pouvait pas bien identifier depuis le canapé sans se lever. Il s'avança près d'elle, prit place à ses côtés pendant que, elle, se relevait lentement. Puis il exhiba alors sa « mallette », dont elle reconnut aussitôt la véritable utilité une fois vue de près, et il ouvrit la cage pour en sortir un chaton blanc à la tête et aux pattes noires, dont la queue était atrophiée et dont le regard bleu observait tendrement le visage d'Anna. 

SCP : Anna ZeilWhere stories live. Discover now