10 | Découverte

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Émo

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Émo

Je perçois des échos de voix sans pouvoir les distinguer. Je n'arrive pas à ouvrir les yeux. Mes omoplates continuent à me faire mal. J'ai la sensation que quelqu'un verse sur mes morceaux d'aile un liquide qui m'apaise. Je ne dis rien, je me laisse bercer par ce moment d'apaisement sans comprendre ce qu'il m'arrive réellement.

- Chut, il a repris conscience. Je  prends le relais maintenant comme c'était convenu depuis le début.

- Vous vous moquez de moi ?

- Vous savez très bien que votre rôle auprès de lui est terminé.

- Mais c'est mon fils. Je me suis plié à toutes vos exigences je lui ai fait vivre un enfer pendant toutes ces années. Ça ne peut pas se terminer ainsi.

- Nous n'avons pas le choix. Vous avez bafoué les règles avec Anéka. Il en paie le prix et vous également.

Je laisse la conversation se dérouler, l'une des deux voix est celle de mon père, je la reconnais bien, sauf que c'est la première fois que je l'entends pleurer. L'autre c'est Mat. Enfin je crois. Après tout je n'arrive pas à ouvrir les yeux je rêve certainement.

- Ce n'est pas juste.

- Ça ne l'a jamais été Amaury. Nous devions le protéger mais il a atteint ses dix sept ans. Il ne pourra plus se cacher ici. Je suis obligé de le ramener au manoir familial.

- Que va-t-il lui arriver là bas. Son grand père ne l'acceptera jamais.

- Maintenant qu'il a survécu à ses dix-sept ans la loi oblige père à l'accepter en tant qu'ange.

- Mi ange. Rétorque violemment mon père.

- Pour le moment.

- Vous allez lui dire la vérité ?

- Oui nous le ferons ensemble. Il va bientôt ouvrir les yeux.

Le silence s'abat autour de moi. Je dois certainement avoir rêvé cette conversation qui n'a aucun sens dans l'absolu.

Je ne sais pas combien de temps il me faut mais j'arrive enfin à ouvrir les yeux. La pièce dans laquelle je suis est plongée dans le noir. Ce qui est certain c'est que je ne suis pas chez moi. C'est bien trop spacieux pour être ma maison.

- Enfin réveillé.

Je veux me lever mais impossible, je suis terrassé de part et d'autre de ma colonne vertébrale par une douleur intense.

- Ne bouge surtout pas, tes ailes sont complètement sorties et déployées.

La panique s'empare de moi.

- Du calme Émo. Du calme. Tu ne risques rien ici. Je suis là pour toi.

Mat, c'est bien lui. J'arrive à le voir s'approcher de moi. Pendant qu'il avance j'entends un bruit de frottement en fixant la pénombre. Je découvre son ombre. Des ailes.

- Tu es....

- Un ange comme toi. Enfin presque vu que tu es mi humain mi ange.

- Qui es-tu ?

- Ton oncle. Le frère de ta mère.

Je soupire.

- Impossible. Tu es bien trop jeune pour être mon oncle.

Mat se met à rire.

- C'est l'avantage d'être un ange, on ne vieillit pas au-delà de vingt ans. Peut-être que ce sera différent pour toi le demi ange.

- Je ne comprends rien à toute cette histoire. Je veux rentrer chez moi. Si je n'ai pas rêvé tout à l'heure. Mon père est ici.

- Effectivement ton père est ici. Lui et moi devons te parler. Nous avons très peu de temps devant nous avant que tu sois repéré.

- Hein ? Repéré ? C'est quoi cette histoire.

- Ok, tu ne sais rien de rien sur le monde angélique c'est ça ?

- Bah oui. Où est le problème.

J'entends un grognement au fond de la pièce qui ressemble à mon père quand il s'impatiente.

- Il était question de le protéger. Toi et Anika m'avez obligé à battre mon propre fils et à le mutiler. Vous vouliez qu'il se cache. J'ai tout fait pour qu'il ne rayonne pas, qu'il devienne invisible. Savez-vous ce que ça m'a fait de traiter mon enfant de la sorte, lui répétant sans cesse que c'était de sa faute si sa mère était partie.

- Ce n'est pas complètement faux.

- Ça suffit Mathieu. Le ton de la voix de mon père résonne en écho dans la pièce ce qui me donne immédiatement mal à la tête.

- Calme toi Amaury.

- Comment veux-tu que je me calme. Alors que je dois dire adieu à mon fils après tout ce qu'il a subi par ma faute. Je veux, non j'impose qu'il connaisse toute l'histoire pour me comprendre. Hors de question qu'il continue à me haïr et à me craindre.

Le ricanement de Mat, ne me plaît pas du tout. J'essaie une fois de plus de me lever mais c'est impossible. Je suis allongé sur le ventre et à chaque fois que je bouge ma colonne vertébrale et mes omoplates me donnent de grosses décharges électriques.

- Cesse de bouger hurle mon oncle. Ça suffit toutes ces jérémiades. Nous n'avons pas de temps à perdre. J'emmène Émo dans la dimension angélique. C'était convenu ainsi. Dorénavant je m'occupe de lui et toi tu dois disparaître sinon ils viendront te persécuter lorsqu'ils découvriront que tu leur a caché l'existence d'un ange parmi eux. Ils vont remonter la trace. Tout est prévu pour ta fuite. Je t'ai donné toutes les informations. Séparons nous maintenant. Dites vous au revoir. J'expliquerai tout à Émo. Nous n'avons pas de temps à perdre. Le passage va se refermer d'ici peu et il n'est pas en état de voler.

En état de voler ? Ai-je envie de demander mais je me retiens.

Mon père avance vers moi, s'agenouille pour être à ma hauteur.

- Désolé mon grand. Je n'ai pas eu le choix. Je ne buvais pas à cause de ta mère mais pour tout ce que je devais te faire endurer pour éviter que tu sois heureux. Ton bonheur aurait attiré ceux qui te veulent du mal et ils sont nombreux. Désolé mon fils. Ta mère et moi avons été imprudents de tomber amoureux et de t'avoir. Tout est de notre faute. Nous avons brisé les interdis et nous avons dû en payer le prix, toi bien plus que nous.

C'est la première fois que je vois mon père ainsi. Je n'ai pas le temps de lui répondre que je suis absorbé par une immense lumière qui m'aveugle et qui m'enveloppe de douceur et d'apaisement. Je n'arrive plus à conserver les yeux ouverts, je ne suis même pas triste de quitter mon père en larmes, c'est comme si toutes les douleurs vécues disparaissaient dans une sensation de plénitude. L'euphorie me gagne...

L'ange perduWhere stories live. Discover now