3 | Douloureuse telle est ma vie

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Émo

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Émo

J'avance sur le chemin de l'école comme chaque vendredi matin, sauf qu'aujourd'hui je me traîne en boitant. Mon père n'a pas su se contrôler, résultat, il s'est défoulé sur moi, comme chaque veille d'anniversaire.
J'ai beau être habitué à toute cette violence, hier soir ce fut plus douloureux que les autres fois.

J'ai cru m'évanouir pendant qu'il s'acharnait mais j'ai tenu bon, je n'ai pas pleuré, ni crié, sinon sa violence se décuple alors j'encaisse sans prononcer un seul mot en espérant qu'il finisse par me tuer mais ça n'arrive jamais hélas pour moi.
Au plus j'avance, au plus mes vêtements frôlent ma peau hyper sensible, j'ai envie d'hurler à chaque pas. Les larmes sont au bord des yeux, mais je résiste une fois de plus. Non je ne me lamenterais pas, je n'exposerai à personne ce que je subis. Hors de question que qui que ce soit découvre ce qu'il m'arrive. Je ne veux pas non plus passer par l'infirmerie ou chez le médecin. Dévoiler mon corps nu m'est impossible.

Habituellement j'arrive à apaiser ma souffrance avec une pommade magique que j'ai créé à base de plantes découvertes sur la route entre l'école et la maison ; pour ne pas éveiller les soupçons de mon cher papa, je me fais discret dans chacune de mes actions.

Ce doux élixir me permet de guérir quasiment instantanément et limiter ma souffrance, mais cette fois-ci je ne l'ai pas trouvée, ce qui est quasiment impossible vu ma planque. Mon père n'a pu la découvrir ! Alors où est-ce ? Au lieu de me prendre la tête je ferai mieux de prévoir des provisions de remède en allant et revenant de l'école. J'essaierai de tenir la journée entière en serrant les dents. Une voix non loin de moi que je reconnais à chaque fois me susurre « Tu vas y arriver, je veille sur toi, tu le sais ».

Hélas, cette voix veille sur moi, j'aimerai plutôt qu'elle m'aide à mourir plutôt qu'à supporter ma vie qui n'a aucun sens. Je n'ai pas d'avenir et encore moins une raison de vivre à part croiser chaque jour Lucas, un fantasme jusqu'à créer dans ma tête une autre version de lui qui serait mon protecteur.

Plongé dans mes pensées obscures... je percute le poteau en face de moi. Il ne manquait plus que j'ai un bleu sur le visage. Mais ça va, je me frotte le front, plus de peur que de mal. Il faut dire que je ne ressens rien si ce n'est les points et les coups de ceinture de mon père. Alors un poteau ne pourra rien ajouter de bien méchant. Je secoue la tête, légèrement étourdi et je sens au loin le poids du regard de Lucas. Pas besoin de le voir, pour le savoir, je suis relié à ce type d'une manière particulièrement incompressible. Je tourne la tête vers le portail de l'école et il me dévisage et s'impatiente. Je ne comprends pas ce qu'il attend de moi en trépignant du pied et en regardant autour de lui. Certes il n'y a personne.

Deux secondes pourquoi il n'y a personne alors qu'habituellement c'est bondé de collégiens déposés par leurs parents. Je constate le geste que fait Lucas en me montrant sa montre. Je reste immobile un quart de seconde jusqu'à réaliser que je suis effectivement en retard. Ce qui ne m'arrive jamais. Oh non, il ne manquait plus que ça à ma journée.

Je cours comme je peux, des larmes s'échappent involontairement de mes yeux. Lucas me détaille, mais ne dit rien. Je sais qu'il a remarqué mes larmes et certainement ma douleur, mais il ne dit rien. Ce qui me met extrêmement mal à l'aise. Je n'arrive pas à jouer les timides parce que je suis en colère qu'il m'ait surpris dans un tel état. Je sers le poing aussi fort que je le peux, pour conserver mon self-control. Hors de question que je me fasse remarquer. Je suis déjà en retard.

J'entends une voix gronder derrière la porte « Messieurs vous êtes en retard ». Zut le proviseur, ce gros pervers qui regarde certains élèves d'un air goguenard. Ce type me met également extrêmement mal à l'aise. Il a déjà tenté des gestes déplacés envers moi et d'autres élèves. Je l'évite autant que possible. Lucas quand à lui reste stoïque, il me fixe d'un air suspicieux et je ne comprends pas ce qui a changé entre hier et ce matin. Pourquoi fait-il attention à moi tout à coup. Est-ce à cause d'hier ? Parce qu'il a évité ma chute ? Je n'espère pas.

« Nous arrivons monsieur le directeur ». « Suis-moi nous n'allons pas traîner longtemps dans son bureau je m'en occupe ».
J'acquiesce rapidement en secouant la tête de haut en bas. Je suis ses pas en regardant mes pieds et en jurant intérieurement de douleur.

« Pou...r.....pour.....quuuuoiiiiii » est tout ce que j'arrive à prononcer. Oui je veux savoir pourquoi Lucas me vient en aide ce matin. Bien entendu ma colère est redescendue et je bégaie. Quel empoté !. Lucas garde le silence, tout en me toisant par dessus son épaule. Je n'ose plus le regarder, j'ai bien trop mal et je dois éviter de crier ma douleur. J'évite de boiter mais j'ai énormément mal.

Lucas avance droit comme un I, les points fermés. J'ai l'impression qu'il est en colère. Je pourrai presque voir des éclairs jaillir de son corps.

« Monsieur Laurens, Monsieur ..... je ne me rappelle plus votre nom, soyez plus rapide s'il vous plaît. Cessez de traîner ».

Lucas me surprend en arrêtant net, de ce qui fait, je me cogne contre son dos. Il ne bouge pas, ne dit mot. Le directeur est hypnotisé par Lucas, que se passe-t-il ? Confus, il secoue la tête comme s'il ne nous voyez plus et retourne à son bureau.

Lucas se tourne vers moi, je sursaute. Nous nous retrouvons presque nez à nez. Je m'écarte immédiatement et bien entendu je rougis. La honte.

« Le problème du directeur est résolu, il nous a oubliés. Allons en cours. Si tu as besoin de t'appuyer sur moi pour éviter de trop boiter, profite... ».

L'ange perduWhere stories live. Discover now