Chapitre 5 - Emma

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Trois jours que je l'évite

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Trois jours que je l'évite.

Après l'incident de mardi, je me suis promise de ne pas me retrouver de nouveau seule avec lui dans son bureau. Il y a eu une tension inexplicable qui m'a effrayée, ce qui m'a ramené immédiatement à ma discussion avec ma grand-mère. Je ne laisserais personne dire que l'espace d'une seconde, j'ai compris de quoi elle parlait. Parce que dans son regard, j'ai lu la même lueur. La même envie et la même frustration.

Aujourd'hui, vendredi, signe le dernier jour de ma semaine au Pleasures' Garden et j'en suis reconnaissante. Je pourrais presque remercier le monde entier de m'offrir deux jours de répit !

Une bouffée de chaleur m'assaille chaque fois que je passe le pas de la porte, uniquement mue par la crainte qu'il soit là. Je ne sais même pas comment je devrais agir. J'essaie d'être la parfaite peste, assurément, mais j'ai peur de perdre le contrôle une seconde. Parce que ce serait déjà une seconde de trop !

Mon café en mains, je pousse la porte du cabaret à plus de dix heures. J'ai dû faire un crochet par le siège social de la société Bernard pour aller déposer quelques conclusions et au moins, je suis certaine de ne pas avoir à croiser Elliott, ce qui m'arrange bien.

Chaque matin, j'ai commencé à être présente un peu plus tard pour ne pas le rencontrer lorsque je me suis rendue compte qu'il arrivait très précisément à huit heures. Une part de moi est persuadée qu'il a fait exprès d'être en retard quand je lui ai demandé d'être ponctuel et qu'il m'a fait prendre la pluie. C'est puéril. Chaque fois que sa porte claque, je crains que ce ne soit pour entrer dans mon bureau, mais il n'en est rien. Il finit par descendre les marches qui mènent à la salle principale. Il arrive qu'il ralentisse devant le mien, je l'aperçois hésitant sous le raie de lumière de ma porte, mais il n'entre jamais et cela me tire un soupir de déception.

Ce matin, quand je pénètre dans le cabaret, je suis surprise d'entendre une musique aussi forte. C'est la première fois que cela se produit depuis que je suis arrivée. Dès que la scène m'apparaît visuellement, je comprends : Elliott est en train de faire répéter sa troupe. Sans les paillettes et les costumes, c'est assurément moins glamour. On dirait des pantins désarticulés qui agissent sous les cris de leur patron.

— Noa, plus sur la gauche, je ne vois plus Julie !

La mélodie s'interrompt une minute plus tard tandis que j'espère encore m'échapper sans avoir à le saluer.

— C'est loin d'être prêt ! Vous me faites quoi là ? Sérieusement, on est au Pleasures' Garden ou dans un spectacle de kermesse ? Vous me reprenez cette chorégraphie entièrement, je veux que ce soir, elle soit au point !

Il passe sa main sur sa légère barbe, signe d'agacement chez lui avant de relancer la musique.

— Trois, quatre et cinq ! On y va !

Elliott finit par se détourner et pose son regard sur moi. Grillée. Je ne peux même pas dire que je ne l'avais pas vu, il n'y a que lui dans mon champ de vision.

Pleasures' GardenWhere stories live. Discover now