CHAPITRE 2 - La dernière nuit

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– J'étais sur que tu viendrais ! s'exclama ce dernier en descendant l'escalier boisé.

Il serrait son nœud-papillon bleu nuit. Jacob soignait en permanence son style vestimentaire, et en toute circonstance. Je le taquinais souvent, lui disant qu'il avait un look geek et il finissait toujours par me répliquer que le mot intellect était plus approprié. Ses cheveux châtains, par habitude en bataille, étaient minutieusement coiffés au gel. Ses mocassins cirés reflétaient la lumière du petit luminaire qui surplombait le grand salon. Il me contemplait en souriant et ajouta :

– Le jour ou je verrais Kara Hernandez en robe, je deviendrais officiellement chauve.

– Pari retenu, approuvai-je, amusée.

Bon, je l'admettais, je ne portais jamais de robe. Je ne me sentais pas l'aise dans mes mouvements, et si j'enfilais en plus de cela des talons, j'étais sûre et certaine de ne pas pouvoir parcourir plus de trois mètres avec !

À défaut de porter une robe, je revêtais ce soir là un simple pantalon bleu nuit, étrangement assorti au
nœud papillon de mon ami, et un gilet par-dessus un manches courtes.

– Qu'est-ce-que t'as à la main ? s'enquit Jacob.

– Oh ça... balbutiai-je, j'ai voulu... couper un avocat.

N'importe quoi, pensai-je face à l'absurdité de mon mensonge.

– Tu es vraiment gauche Kara, répéta pour la énième fois Jacob qui ne semblait même pas surpris.

M. Karlsten proposa de nous accompagner en voiture, ce que nous acceptions. Quelques minutes plus tard, nous nous retrouvâmes stationnés devant la Caverne, un établissement à la devanture modeste. Seul un écriteau, en néon bleu, présentait la discothèque.

– Je viendrais vous chercher à minuit les enfants, nous prévint M. Karlsten.

– Mais papa, on est majeurs maintenant ! se plaignit Jacob.

M. Karlsten rétorqua avec douceur à son fils que, tant qu'il vivait sous son toit, il en était toujours responsable. Jacob ne lutta pas plus que ça, penaud.

Nous sortîmes du véhicule et rejoignîmes la file d'attente composée exclusivement des élèves de notre lycée. Le vigile, ou plutôt l'armoire à glace qui se tenait devant nous, nous souhaita la bienvenue avec le sourire. Nous traversâmes un très long tunnel sombre légèrement incliné, et arrivâmes très vite dans les profondeurs de la Caverne.

C'était impressionnant.

Des roches artificielles faisaient guise de mur. Des guirlandes de lumière en néons jaunes parcouraient les parois des ces roches, et de la brume recouvrait le sol. Un lustre en or gigantesque dominait la pièce, et dégageait des rayons de toutes les couleurs. L'éclairage était faible, ce qui tamisait l'ambiance de la salle. Cette dernière était immense, il y avait même un grand escalier en colimaçon qui menait vers le DJ. Je levai les yeux vers lui, il devait être à au moins trois mètres de hauteur. Des canapés ornées de moulures se disposaient un peu partout pour le confort de tous, et des décorations diverses et variées étaient présentes également. Il y avait des ballons gonflables, des photos, et des banderoles dont une, gigantesque, sur laquelle était inscrit :

« Bravo au meilleur : moi ».

Quelle mégalomane, pensai-je avec exaspération.

Elle se suspendait au dessus d'une mezzanine qui se situait entre le DJ, et une estrade en contre-bas. Sur cette estrade, au centre, un énorme trône de velours aux moulures dorées surplombait et dominait la salle. À coté de ce trône, j'aperçus Aron au loin, s'esclaffant avec d'autres élèves.

GUILDE : HéritageWhere stories live. Discover now