Chapitre 19

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Sylnor

        Dans la vie, il y a des choses complètement jouissives comme donner un espoir fou à son adversaire, pour ensuite le réduire en bouillie quelques instants plus tard. L'espoir est tellement cruel. J'en ai déjà fait les frais à de nombreuses reprises, et donner cet espoir à quelqu'un qui me méprise de la sorte, qui me rabaisse plus bas que Terre, c'est la meilleure de mes vengeances, qui ne l'oublions jamais, est un plat qui se mange très froid. 

        J'observe l'élémentaire de feu qui s'est portée volontaire pour être mon dernier adversaire. J'ai parfaitement entendu la conversation qu'elle a eu avec ses amis. Comme les précédents, c'est son arrogance et sa prétention qui va la faire échouer. 

        Si elle pense réussir car elle s'est entraînée avec nous pendant la semaine, elle se trompe lourdement. Un ou deux entraînements ne suffisent pas à égaler une vie passée dans des arènes. 

        C'est d'ailleurs quelque chose que j'ai de mal à comprendre : pourquoi, en guise de punition pour être intervenue dans un combat, c'est les autres qui doivent me provoquer en duel et se retrouver en difficulté dans mon arène, et pas l'inverse, qui serait plus logique ? Je me doute que c'est une stratégie du roi, sûrement pour approfondir leurs connaissances sur nous pour je ne sais quel dessein. Mais quand même... 

        Elle monte enfin dans mon arène, prudente. Elle se débrouille bien et a un bon équilibre. Elle commence par prendre de la hauteur. 

        J'analyse ses moindres faits et gestes. Cherchant une faille, dans laquelle je pourrais m'introduire. 

        Soudain, la slackline sur laquelle elle se trouvait disparaît et se déplace. Surprise, elle perd l'équilibre mais se rattrape de justesse. 

        Cette spécificité de mon arène la rend très imprévisible, comme moi. Mais elle n'apparaît qu'au bout d'un moment, quand le combat commence à se complexifier. C'est moi qui choisit quand je décide qu'elle se mette en marche. Il faut donc apprendre à l'apprivoiser, ce qui est d'autant plus palpitant. 

         Il y a un moyen de savoir quand une slackline va se déplacer. À ce moment-là, c'est très léger mais il y a un endroit sur chaque slackline qui vacille, un peu comme le feu quand il y a du vent, quand la slackline est sur le point de disparaître. Cet endroit se situe sur le point faible de chaque slackline, que tout bon acrobate sait repérer, car selon l'endroit où on se place sur la slackline -plus ou moins proche de ce point-, on peut se propulser de différentes manières pour atteindre différents endroits bien précis. C'est tout un art. 

        Elle arrive finement sur la slackline où je me trouve et dégaine une épée. 

        Rien que ça, ricanai-je intérieurement. Je fais apparaître à un tour un bo, c'est un long bâton en bois recouvert de bronze. 

        — C'est pas avec ton bâton que tu vas pouvoir faire quelque chose contre moi, me lance-t-elle avec arrogance. Je te le coupe en deux temps trois mouvements ! 

        Je réponds par un sourire malicieux. C'est toujours la réflexion que se font les gens quand ils le voient, sans se douter que c'est bien plus qu'un simple bâton, qu'une simple arme. 

        Elle commence par m'attaquer, et je pare facilement chacune de ses attaques sans riposter. J'attends le bon moment, celui où elle va baisser légèrement sa garde, mais suffisamment pour que je puisse lui porter un coup puissant. 

        Elle continue à m'attaquer, tout en commençant à s'énerver. 

        — Mais attaque !! T'attends quoi ? 

La gardienne des âmesWhere stories live. Discover now