Chapitre 4

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Ariane sentit une vague de froid la traverser de la tête au pied. Quoique puisse être ce « test », ce n'était pas bon. Pas bon du tout.

Les deux gardes lui empoignèrent les bras de chaque côté, et l'amenèrent, mi-trainant mi-portant, devant le trône de l'empereur, puis la firent s'agenouiller brusquement. Relevant la tête, il vit que le visage de Ravius était de marbre, ses yeux blancs émettant une lueur inquiétante tandis qu'il l'observait. Il n'avait plus rien à voir avec la personne qu'elle avait rencontré plus tôt.

- Maintenez-là immobile, ordonna-t-il.

La pression sur des bras s'intensifia et elle jurerait presque que des chaines invisibles l'enserraient, la contraignant à se vouter pour alléger la pression. Peut-être était-ce l'ironie du sort, mais quand elle vit son reflet sur le sol miroitant, elle ne vit pas une petite étudiante effrayée mais plutôt une jeune femme résolue. Peu importe la nature de ce test, peu importe si on la torturait, elle avait traversé tant d'épreuves, elle pourrait en endurer une de plus. Soufflant lentement, elle releva la tête, vrillant son regard dans celui de l'empereur, une lueur de défit dans les yeux.

En réponse, les lèvres de Ravius se pincèrent comme pour réprimer un sourire. Il se leva lentement de son siège et se dirigea tout aussi posément vers Ariane, son esprit gravitant autour d'eux. Il tendit la main vers elle, à quelques centimètres de son visage et une étrange lumière blanche grisâtre entoura sa main et son corps. Le cœur martelant ses côtes, Ariane ferma les yeux, prête à encaisser le choc.

Mais rien ne se produisit. Bien au contraire, des soufflements effarés envahir l'espace, ce qui la convainquit d'ouvrir les yeux. Ravius, qui arborait jusque là un visage impassible, avait les yeux écarquillés de stupeur, le corps figé, à l'instar de tous les conseillers présents, certains étant même penchés sur la table.

- Que...

Que s'est-il passé ?

Elle n'avait pourtant fermé les yeux que quelques secondes... L'avaient-ils déjà testé ? Et qu'avaient-ils vu ?

Mais soudain, l'esprit de Ravius s'approcha d'elle et lui dit d'une voix clair et platonique :

- Ton corps. Tu possèdes une aura.

- Une quoi ?

En effet, tout son corps brillait d'une étrange lueur blanc nacré, tirant sur le jaune, et faisait scintiller chaque parcelle de sa peau. Ariane se leva brusquement, faisant sursauter la salle, et se mit à se frictionner vigoureusement les bras, les jambes, et le visage, histoire d'enlever ses paillettes lumineuses.

Merde, merde, merde, j'ai attrapé une maladie ! Je savais bien que ce n'était pas bon de rester ici. Merde, je fais quoi, je ne suis pas vaccinée. Bon, calme-toi, inspire, expire, souffle. D'abord, c'est d'origine virale ou bactérienne ?

Un silence de mort régnait dans le palais ; les conseillers la regardaient s'agiter avec des mines interdites et des yeux ronds comme des soucoupes, les deux gardes avaient un sourcil levé et une drôle de grimace sur leur visage, et la jeune esprit la lorgnait avec un profond mépris, plus agacée par ses gesticulations qu'autre chose. Seul l'empereur qui fut compatissant lui empoigna les poignets, non sans une certaine douceur, pour lui faire stopper ses frottements frénétiques et lui intima avec un sourire (qui se rapprochait plus d'une grimace) compatissant :

- Ariane, Ariane, arrête, s'il te plait. Tu vas te faire mal.

Vraisemblablement, il avait oublié la partie « je suis l'empereur » pour redevenir Ravius, l'homme qui était venu la trouver dans les bois. Etrangement, il avait une attitude un peu protective envers elle, comme s'il s'occupait d'une petite fille un peu trop turbulente et insensée.

Au Royaume Des Cœurs Liés: tome 1Where stories live. Discover now