Chapitre 2

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Tout son corps était compressé, puis devint flasque, puis lourd, puis léger. Et d'un coup, plus rien. Une grande lumière éblouit la rétine d'Ariane la forçant à plisser les yeux. Elle se sentit défaillir, son genou frappa le sol, ses mains empoignèrent des fibres douces et glissantes, l'autre une surface rugueuse. De grandes respirations secouaient sa cage thoracique, et des tremblements incontrôlables agitaient ses membres.

Ariane tenta une nouvelle fois d'ouvrir les yeux, sa vision s'éclairant, et pour la première fois, elle distingua l'environnement dans lequel elle était tombée. Les murs de béton ainsi que le miroir avaient disparu. Il n'y avait pas la moindre trace d'immeubles, de routes ou de voitures. A la place, s'étendait à perte de vue une immense étendue d'herbes, de hautes montagnes vertes s'élevaient au loin semblable à celles de Thaïlande, une large forêt avec des arbres aussi grands que des baobabs grignotait une partie du paysage.

Bordel où est-ce que je suis ?

Ariane venait de tomber sur Marco, qui la hantait comme un vieux cauchemar, avait frôlé la mort, puis avait écouter cette voix dans sa tête et... elle avait tabassé la bande comme s'il elle était ceinture noir en sport de combat, avait couru comme une dératée sans même une destination et avait foncé dans un miroir de toilette pour atterrir en pleine campagne dans un endroit inconnu sans une trace de civilisation. Quand est-ce que tout avait dérapé ?

A partir de cette voix dans ma tête.

Cela aurait pu être comique mais Ariane était certaine qu'une personne lui avait vraiment parlé dans sa tête. Le pire, c'est que cette voix lui avait donné des conseils... et qu'Ariane l'avait écoutée. Elle devait être devenue folle.

De toute façon, cela ne lui importait peu. Qu'elle soit folle ou saine d'esprit n'était qu'un détail. Et d'ailleurs, même si elle l'était, cela devait bien arriver un jour avec la vie qu'elle avait mené.

Mais le plus important maintenant était de savoir où elle se trouvait et comment elle était arrivée là.

Je suis... dans le coma.

C'était évident. Après avoir percuté un miroir de plein fouet, elle devait souffrir d'un trauma crânien. Ce monde était sûrement fictif. Son subconscient cherchait forcément un scénario plausible pour combler son état d'inconscience. En réalité, elle était probablement à l'hôpital et prise en charge. Ou du moins, quelque chose comme ça.

- N'empêche, je sais pas du tout comment mon cerveau a pu créer un endroit comme ça. Ça ne ressemble à rien que je connaisse.

Ayant toujours habité avec son père, Ariane n'avait jamais connu que la ville, son quartier miteux et délabré. Elle ne partait jamais en vacances, n'avait jamais voyagé nulle part et ne pouvait même pas prétendre en avoir un jour rêvé. Après tout, on ne peut pas envier ce dont on ne connait pas.

Soupirant, elle décida d'explorer son environnement. Après tout, puisque ça se déroulait dans sa tête, elle ne risquait rien. Elle commença tout d'abord par se relever, frottant ses vêtements, et son cou qui la démangeait, pour se rendre compte qu'il y avait une mince coupure sanguinolente. Son subconscient n'avait même pas oublié ce genre de détaille ? Arianne enfonça sa main dans la poche de sa veste en jeans qu'elle portait depuis le début de la journée, et étrangement, trouva son téléphone, avec de la batterie. Mais bien évidemment, il n'y avait pas de réseaux.

Donc il était inutile.

Avec un soupire, elle se mit en marche, traversant le champs et se dirigeant vers la grande forêt, plutôt clairsemée, les feuilles dansant et bruissant au rythme du vent, dont la plupart avaient des teintes insolites comme si elles étaient nacrées. Au fur et à mesure qu'elle traversait, elle se rendit compte que le paysage plutôt banal qu'elle avait globalement observé était en fait plutôt irréaliste si on y prêtait attention avec minutie. Le sentier sur lequel elle progressait était jonchée de grosses pierres noirs d'où s'échappaient de petit animaux entre le reptile et la fouine, il avait aussi des proportions insolites : les arbres étaient immenses, les fougères et les feuilles faisait sa taille, les animaux à fourrures étaient aussi petits que des souris, et elle jurerait avoir vu des plantes se déplacer. Si Ariane ne prenait pas encore ses jambes à son cou, c'était parce qu'elle était intimement persuadée d'être dans un rêve. De temps en temps, elle s'arrêtait sur le bord d'une pierre près d'un ruisseau et en profitait pour s'abreuver avant de recommencer sa marche. Le jour déclinait de plus en plus et elle n'avait toujours pas trouvé de « porte de sortie » (pas encore réveillée) et errait son but dans cette interminable forêt. De petits crissements, ronronnements, et clappement témoignait de la présence d'animaux dont la plupart s'enfuyait sur son chemin.

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