Je tourne la tête en direction de la personne qui vient de parler : Isaac Miller. Plutôt mignon, dans son teddy aux couleurs des Phœnix quoique trop innocent. Pourtant, la bienveillance respire sur son visage, et on se sent à l'aise avec lui. Alors pourquoi n'ai-je jamais voulu être plus si affinité ? Pourquoi cela n'a jamais marché entre nous ? Le mec s'est toujours tenu distant avec moi, comme s'il n'osait pas me regarder... et la je commence à le regarder d'un autre œil ?

    C'est l'effet capitaine, ma parole ! C'est aussi l'effet : mec transparent qui n'en a rien à faire, mec qui s'occupe pas de moi, mec absent, mec... Tout vient de Ray, en fait.

    — On parlait d'à quel point t'es un mauvais capitaine ! se lamente faussement T.K.
    — Arrête de rapporter des conneries, face de pet, rétorque Maya.

    Ai-je oublié de précisé qu'ils ne peuvent pas s'empêcher de se chamailler ? Pourtant chacun fait un effort pour pouvoir être avec nous et quelque fois (elles sont rares) nous font oublié la petite animosité entre eux.

    — Très mature, Maya, contre T.K.
    — Tu parles de maturité mais t'es pas capable de sortir une phrase logique. Reprends-toi. Tu t'es pris tellement de coup que t'as plus de neurones ?
    — Tais-toi.
    — Celui qui dit qui est ! intervient théâtralement Mav. Ça suffit, trop de tension sexuelle entre vous deux, allez dans les toilettes juste la bas.

    Je ricane en me tenant un peu de côté. Brandi et moi nous lançons un regard, on a toutes les deux compris que quelque chose se passe entre son frère et ma meilleure amie. Pour autant, on ne dit rien. Je jette un regard à Isaac qui prend une chaise et vient s'installer en bout de table, à côté de moi.

    Pendant que les trois frustrés débattent agressivement ensemble, j'ose un coup d'œil plus attentif vers Isaac : ses joues sont légèrement rosies, ses cheveux mouillés et il est quelque peu essoufflé, on dirait qu'il...

    — Viens de m'entraîner. Tu réfléchis à voix haute, McAllister.
    — Non, je réfute. Tu es un pervers télépathe qui lis dans la pensée des filles qui te matent.
    — Donc tu confirmes que tu me mates ?
    — Matais, je rétorque. A l'imparfait. En plus, j'ai un mec, donc pas possible entre you and me ! No. No. No !

    Bordel pourquoi je suis si gênante ? Ôtez moi la parole bon sang de bonsoir ! Ô chers cieux, faites en sorte que je la ferme.
    — Ouais, je vois.

    Il tourne la tête vers Brandi et commence à lui taper la discute. Qu'est ce qu'il ne va pas chez moi ? Et chez lui aussi ? C'est quoi ces manières qu'il a de devenir froid des que je mentionne Ray. La manière dont ses traits se sont durcis... maintenant, c'est moi qui ne me sens plus suffisamment à ma place.

    Isaac a toujours joué le chaud et le froid, depuis que je le connais. D'ailleurs, il s'est mis à m'appeler par mon nom de famille à un certain moment, alors j'ai fait la même chose avec lui. Comme s'il essayait de garder une certaine distance ou que sais-je ? Les mecs sont étranges.

    Maverick se tourne enfin vers moi, un peu plus et j'allais me tirer. Je n'aime pas envahir les conversations, ce n'est pas pour autant que j'aime ne pas en faire partie. Et quelques fois je n'ose pas m'imposer, par peur de déranger.

— Alors, avec Clitoris ?
    — Dis plutôt qu'il ne le trouve pas, je grogne.
    — Ok, raconte tout à tonton Mav.
    — Tu veux que je vienne sur tes genoux comme le père Noël pendant que j'y suis ?
    — Je t'ai déjà eu sur mes genoux je te rappelle, il murmure.
    — De mauvais souvenirs, feins-je.

    Oui... il se peut que... je m'égare !

    — Bon, plus sérieusement, t'es bien calme.
    — Je ne sais pas... je le sens pas, c'est tout, dis je en haussant les épaules avant de boire un coup. Il est distant et...
    — Il y a des...
    — Oui ! Je suis au courant des rumeurs, soufflé-je. Je n'ai juste pas envie d'être prise pour une conne.
    — Avec ce mec, attends toi au pire.
    — C'est très rassurant tout ça, Mav, merci de ta bienveillance, ironisé-je.

    Alors qu'il retourne à la conversation entre Brandi et son frère, je prends ma cuillère et pique un bout de gâteau dans la part de mon voisin, Isaac. Je n'ai pas réfléchis à mon geste, et je crois que je le regrette. Je sens des cet instant un murmure et un souffle chaud contre ma peau.

    — Tu devrais le quitter, McAllister.
    — Parce que tu sais mieux que moi ce que je dois faire ? je demande en tournant la tête.

    Mauvaise idée, son regard noisette me scrute et je ne sais pas quoi penser. Pour être honnête je ne pense plus, je crois que je suis dans trop d'états différents pour pouvoir réfléchir à quelconque comportement. Que ce soit son souffle contre ma peau ou bien son regard bienveillant et déconcertant. Mais encore ma relation foireuse avec Ray, et il faut que j'arrête de me voiler la face.

    Il faut que j'arrête de me leurrer sur les rumeurs qui sont sûrement à vraies, si elles courent autant. Malgré tout, je sais que Ray est capable des pires choses si je le quitte. Alors, on verra bien.

    C'est ça, cherche une excuse pour dire que tu n'aimes pas être seule et que tu as besoin d'attention ! me souffle ma saloperie de conscience. Faites la taire elle aussi !

    — Bon, je pense y aller, je m'exclame au bout d'une vingtaine de minutes.
    — Déjà ? s'exclame Maya.
    — On ira faire du shopping en fin de semaine, je dis. Brandi, tu viens ?
    — Aucun problème !

    Je me lève, enfile ma veste et récupère mon sac. Puis je pars au comptoir régler la totalité de la table. À vrai dire, ce n'est pas mon fric, mais celui de quelqu'un qui s'en fout de moi. Alors autant qu'il ne me serve pas directement et qu'il rende service.

    Je sors du café après un dernier coucou aux personnes assises autour de cette table. Même s'ils sont là, présents et que l'on reste quelques fois ensemble, je ne me sens pas encore intégrée. Je n'ai pas encore trouvé mon chez moi. Et ça me perturbe plus que ça ne devrait.

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