2. Le dragon chinois.

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— Si tu veux à ce point devenir un héros Deku, saute du toit et espère renaître avec un signe astrologique cette fois-ci.

Izuku ne le prit pas au sérieux, il le traita de crétin une fois Kacchan parti. Comme s'il allait sauter du toit.

— Et tu ferais quoi si je le faisais vraiment espèce d'imbécile de Kacchan ? grommela-t-il à l'adresse du concerné absent.

Le garçon ramassa sur le sol ce qui restait de son carnet, c'est-à-dire, pas grand-chose. Heureusement c'était un nouveau, il n'avait pas encore pris beaucoup de notes dessus, et il pourrait les rattraper ce soir même. Parce qu'Izuku ne se contentait pas de noter, il retenait aussi. Il savait sur le bout des doigts les attributs de tous les élèves de sa classe et même des professeurs. On se moquait de lui parce qu'il n'avait rien, mais ce gamin avec la petite queue d'une chèvre, qui ne savait rien faire d'autre que des cabrioles, n'était pas beaucoup plus fort. Seulement, comme il avait des attributs alors c'était bon, on le laissait tranquille ?

C'était terriblement injuste.

Izuku pouvait faire des cabrioles lui aussi.

D'ailleurs il pouvait courir, sauter, étudier, lancer une balle et même la rattraper. Il était moins fort, il n'avait pas d'attribut, mais il n'était pas un moins que rien. Il le savait. Quoi qu'en disent tous les autres, quoi qu'en pense la société, il n'avait qu'à serrer les dents et faire de son mieux.

Izuku prit un balai, nettoya les cendres et les jeta. Puis il rangea son sac et sortit enfin du lycée. Il trainait des pieds, il repensait aux paroles de Kacchan, aux moqueries de ses camarades et de ses profs. Personne ne croyait en lui. Pas même sa mère. Et pourtant, Izuku le savait, sa mère l'aimait de tout son cœur, de toute son âme, mais elle pensait qu'il ne pourrait pas rentrer à Yuei sans attribut. Son père non plus n'y croyait pas, avec moins de tact qu'Inko il avait carrément dit à son fils de laisser tomber.

— Tu pourrais apprendre la comptabilité, cela ne demande pas d'attributs particuliers, lui avait-il proposé.

La comptabilité. Alors qu'Izuku voulait sauver les gens.

— Tu ne pourras pas devenir policier, fais-toi une raison.

Il devait se faire une raison. Des années qu'il devait se faire une raison. Mais il n'y arrivait pas tout simplement. Et puis la comptabilité ? Vraiment ?

Il n'y avait pas de sot métier, Izuku l'entendait très bien.

Seulement c'était comme proposer à quelqu'un qui souhaitait faire de l'escalade de plutôt jouer à la pétanque. Ça n'avait rien à voir.

De mauvaise humeur, Izuku fit un détour en chemin, il alla s'acheter un nouveau cahier de notes à la papeterie et fureta dans les allées. Il y avait de nouvelles biographies de tel ou tel héros policier. Izuku perdit le fil du temps et comme son portable était en silencieux, il ne remarqua pas tout de suite l'heure ni les appels de sa famille.

Ce ne fut que quand il sortit du magasin – et en même temps de sa transe – qu'il remarqua qu'il se faisait tard. Il allait rappeler sa mère pour la rassurer, quand il entendit des cris non loin. Ses jambes bougèrent toutes seules, il glissa son portable dans sa poche, oubliant le message pour Inko. Quelqu'un était en danger, c'était l'impression qu'il avait, et même sans pouvoir, sans attribut, même s'il n'était rien, il ne pouvait s'empêcher de vouloir sauver les autres.

Les cris venaient d'une ruelle et Izuku s'y faufila. Il faisait sombre, mais il entendait des voix. Quelqu'un criait :

— Un monstre !

Sous le signe du DragonWhere stories live. Discover now