Follow your fire

31 - El : Let there be the light

Dans quelques jours déjà, nous quittons la Sunshine Coast pour rejoindre la Gold Coast, où Aspen, Connor et Kaia tenteront de se qualifier à la World Surf League. L'île Moreton, sur laquelle nous avons accosté hier soir, après avoir quitté Soona, constitue leur dernier terrain d'entraînement.

L'île, qui fait face à la ville de Brisbane, est splendide. Ses plages sont bordées de palmiers surplombant des étendues de sable blanc et doux comme de la soie, et ses eaux offrent toutes les nuances de bleu possibles, du vert au bleu roi, en passant par l'azur et le turquoise. C'est un vrai spectacle pour les yeux... et le meilleur dans tout ça, c'est qu'en parfaits Australiens cherchant à tout prix à éviter les touristes, la bande a réussi à amarrer sur un côté de l'île quasiment désert, où je peux bronzer en paix et où les garçons peuvent dompter les vagues sans craindre d'éborgner un enfant au passage. Bref, sans ce mensonge qui flotte au-dessus de ma tête comme une épée de Damoclès, ma vie serait parfaite.

— El, tu ne veux pas venir te baigner ? me demande gentiment Fallen qui, sortant tout juste de l'eau, se rallonge sur sa serviette. L'eau est incroyablement bonne, et je ne sais pas comment tu fais pour ne pas mourir de chaud.

Je lâche un petit rire, tout en admirant son maillot de bain rose pastel qui met en avant son bronzage et ses longs cheveux blonds.

— Je suis bien ici. Je suis presque tentée de faire la sieste, à vrai dire... tu t'es bien amusée dans l'eau ?

Je l'observe déverrouiller sa gourde en métal et croquer dans une rondelle d'ananas. Elle m'en tend une, que j'accepte. Ses poignets produisent des petits « clic clic » tandis que ses bracelets de perles et de coquillages s'entrechoquent.

Elle finit par acquiescer, mais ses joues rougissent un petit peu tandis qu'elle murmure :

— Je n'ai jamais été aussi à l'aise qu'eux dans l'eau... à vrai dire, si Kaia ne m'avait pas aidée à dépasser ma peur de la noyade et appris à nager... je n'y aurais certainement jamais remis les pieds.

— L'important, c'est que tu aies fini par le faire, je chuchote en retour, et elle m'adresse un sourire ému.

Je comprends cependant qu'elle n'a pas envie de s'attarder sur le sujet, car elle reprend, sur un ton plus léger :

— Enfin, le Yoga me va très bien, et nous avons déjà bien assez de surfers dans la bande comme ça. Je suis contente d'être là pour y amener un peu d'originalité.

Nous rions en cœur et, naturellement, nos regards cherchent les silhouettes de nos amis dans l'eau. Voilà une bonne demi-heure que je suis seule pour garder les serviettes — même Phœbe et Noah m'ont abandonnée. Il était temps que Fallen me rejoigne.

Nous finissons par les trouver. Gabriel et Cora marchent bras dessus, bras dessous au bord de l'eau, visiblement plongés dans une intense discussion. Le fou rire de cette dernière nous parvient jusqu'ici, alors que Gabriel lui chatouille les hanches, et elle l'arrose en retour. Noah, de son côté, semble poursuivre ses observations marines : son masque de plongée est redressé sur le haut de son front, et il sort son appareil photo étanche tandis qu'il se penche, ayant sûrement trouvé quelque chose d'intéressant à référencer dans son carnet. Je retiens un sourire attendri. Ce n'est que plus loin, tels quatre points noirs glissant sur les vagues, que je repère enfin Aspen, Connor, Kaia et... Phœbe.

Je plisse des yeux, tentant d'apercevoir davantage la jeune femme, dans son maillot une pièce bleu marine. Et je suis stupéfaite lorsque j'assiste à un « take-off » puis à un « roller » qu'elle effectue à la suite, comme si elle en avait fait toute sa vie. Je sais grâce aux leçons de Connor et d'Aspen que ce genre de figure est assez technique : elle demande un excellent timing, un bon équilibre, et plus la vague est creuse, plus elle est difficile. Mais la belle étudiante les effectue avec aisance, et sa planche l'accompagne comme si elles ne faisaient qu'un.