Intrusion [Dark romance stalker]

Chapitre 24

Calel

18 :00 sonne. Elena et moi avons convenu de passer le week-end chez elle. Je récupère des affaires et roule jusqu'à chez elle mais alors que je prends la nationale, je découvre une voiture accidentée sur le bas-côté avec deux agents de police. Mon cœur manque d'exploser lorsque je reconnais sa Polo. Je freine brusquement et me rue vers eux.

-Inspecteur Wayce, où est la conductrice de ce véhicule ?

-On ne sait pas, on vient d'arriver sur les lieux, on a vu personne jusqu'à maintenant, seulement le témoin qui a vu la voiture sur le bas-côté et qui nous a appelés.

Je tâte le moteur de la voiture. Celui-ci est encore chaud et lorsque je me penche pour voir à l'intérieur, je crois mourir en découvrant un corbeau mort sur le siège passager. Je dégaine mon portable pour vérifier la localisation de son traceur. Son signal m'indique qu'il provient de la forêt de Sierra, à 50 kilomètres d'ici. Je ne m'attarde pas et fonce à ma voiture pour m'y rendre. La sirène enclenchée et le pied au plancher, je roule comme un fou tout en appelant les renforts. Si ce fils de chien la touche, je ne me le pardonnerai jamais.

Le temps semble comme suspendu, mon sang tambourine dans mes veines tandis que je roule à faire exploser tous les compteurs. Les minutes s'écoulent et l'adrénaline me gagne à mesure que je me rapproche du point qui s'affiche sur l'écran de mon smartphone. Il la garde probablement quelque part, à l'abri des regards. Je fustige tout en klaxonnant pour que les voitures me laissent passer. La route longe maintenant la forêt de Sierra. Un sentier sinueux apparaît sur ma droite et je tourne à la dernière minute pour m'y engager.

Truffé de nids de poule, il s'enfonce dans la forêt puis après un virage, je distingue un panneau « Propriété privée, défense de passer » suspendu à une chaine barrant le sentier. Sur l'un des poteaux est perché un oiseau empaillé. Je sais alors que je suis au bon endroit. Lorsque je vérifie mon portable, son signal s'est éteint. Sa dernière position indiquée se situe à trois cent mètres de là.

Je sors ma pince à boulon de mon coffre puis m'empresse de la couper avant de reprendre la route. Au loin, je distingue une cabane de chasseur et me gare devant. Je sors de mon véhicule et me rue à l'intérieur, l'arme au poing. J'y vois une cuisine rustique puis une pièce attenante contenant des cages remplies d'oiseaux en tout genre mais pas de trace d'Elena. Une odeur de fumée attire mon attention et lorsque je fais le tour de la cabane, je vois un feu de camp en train de consumer des vêtements. Je reconnais la robe qu'Elena portait ce matin, ainsi que son bracelet à moitié fondu. Elle est bien ici, quelque part. Je regarde aux alentours à la recherche de trace de pas lorsqu'un coup de feu retentit depuis la forêt en face de moi. Je bondis en priant pour qu'il ne soit pas trop tard.

Elena

Mes pieds viennent fouler le sol parsemé de feuilles humides. Je m'enfonce dans la forêt dans l'espoir de pouvoir fuir loin d'ici. Je ne sais pas comment rejoindre la civilisation et mon cœur manque d'exploser à l'idée que ce psychopathe me rattrape. L'air froid me brûle les poumons et je perds vite haleine. Je m'efforce de courir entre les arbres et change de trajectoire, dans l'espoir qu'il perde ma trace.

J'aimerais crier à l'aide mais je dois me contenir pour ne pas l'attirer. De plus, les chances de croiser des gens dans cette forêt sinistre en plein automne sont proches de zéro. Le silence règne autour de moi. Seuls quelques oiseaux se font entendre. À bout de souffle, je ralentis le pas malgré moi et me décide à me dissimuler quelques secondes derrière un chêne pour reprendre haleine. Mais tandis que je m'élance, un coup de feu manque de me toucher et vient s'échouer dans le tronc derrière lequel je me cachais.

-Le geai a alerté ta présence, Petit Oiseau ! cingle la voix de Birdman.

Je zigzague entre les arbres pour éviter un nouveau tir et lorsque je me retourne, je le vois se lancer à ma poursuite. J'accélère l'allure tout en m'efforçant de ne pas céder à la terreur puis je sens soudain des bras me tirer derrière un tronc d'arbre et mon cœur fond lorsque je reconnais Cal. Il pose un doigt sur ses lèvres pour me faire signe de me taire puis se débarrasse de sa veste pour me recouvrir. L'arme au poing, il scrute les alentours et me murmure :

-Reste derrière moi.

Je hoche la tête, emplie d'un nouveau feu. Il avance d'un pas prudent, moi sur ses talons, puis la silhouette de Birdman apparaît sur notre droite et se fige en voyant Cal.

-Lâche ton fusil, Allister ! lui ordonne mon homme.

Birdman le toise d'un air de défi mais avant qu'il ne pointe son fusil dans notre direction, Cal tire et il s'effondre sur le sol, une main crispée sur son épaule. L'arme toujours au poing, Cal se précipite sur lui et saisit son fusil qui gît sur le sol.

-Tu pensais que j'allais te tuer, Allister ? Oh non, tu ne mérites pas de mourir. Tu mérites tellement pire que ça.

Il le force à se relever puis le plaque violemment contre un arbre. Birdman le regarde, les yeux hagards.

-T'as cru que tu pouvais t'en prendre à ma femme, hein ? Espèce de p'tite merde, tu vas souffrir, tellement souffrir que tu me supplieras de t'achever !

Birdman se met à rire nerveusement tandis que Cal écrase sa tête contre le tronc et lui crache au visage. Puis je le vois diriger le canon vers son entre-jambe.

-Qu'est-ce que tu dirais d'une balle dans tes sales burettes, hein ? Après toutes les filles que t'as violées, c'est bien le minimum que tu mérites, pas vrai ?

-Cal... dis-je en tentant de l'en empêcher mais il m'ignore.

-T'as pas de bol, t'es tombé sur encore plus psychopathe que toi. T'as pas idée de ce que je rêve de te faire subir.

-Allez-y, Inspecteur, qu'est-ce que vous attendez ? le provoque Allister.

Je sens mon homme à deux doigts de s'exécuter mais je dois à tout prix l'en empêcher.

-Cal, il va finir ses jours en prison, ne prends pas de risque inutile pour lui ! m'indigné-je.

Mais Cal ne semble pas m'entendre. Il est comme en transe, hypnotisé par la haine. Ses yeux sont exorbités, son visage contracté par la rage.

-Cal, tu te souviens toutes les choses que tu envisageais pour nous ? Je t'en supplie, ne laisse pas ta haine prendre le dessus, ne gâche pas tout à cause de lui.

Mon homme reprend un semblant de contenance et après plusieurs secondes de lutte intérieure, il finit par lâcher Birdman, non sans laisser échapper un râle de fureur. Birdman continue de rire tout en le toisant avec défi. Cal s'apprête à lui balancer son poing lorsqu'une voix le stoppe dans son élan.

-Inspecteur !

Trois agents de police viennent courir dans notre direction, l'arme en joue. Lorsqu'ils aperçoivent Birdman affalé contre le tronc d'arbre, ils se précipitent sur lui pour le menotter.

Le cœur en feu, je plonge dans les bras de mon homme, encore en proie à la rage.

-Je vais bien, tout va bien, grâce à toi, lui soufflé-je avant de l'embrasser. 

Son corps se détend et il me rend mon étreinteavec plus d'ardeur.