🌃VIII.

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"Diet mountain dew, baby, New York City, never was there ever a girl so pretty"

~ Diet Mountain Dew, Lana Del Rey

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Je reste sans voix. Des milliers de pensées me traversent à la seconde. C'est lui qu'Alienor a percuté ? Il a tellement changé... Non, en fait, il est toujours le même. Plus vieux. Mais le même. La même machoire carrée. Le même regard pétillant. Le même sourire en coin, mi-moqueur, mi-charmé. Les mêmes lèvres qui m'ont toujours fascinée. Les mêmes cheveux bruns en bataille.

C'est le même... mais en légrèrement différent, si on s'y attarde vraiment. Une étincelle s'est éteinte dans son regard, dans ses yeux verts. Son sourire est plus petit. Sa mâchoire est plus contractée.

Mais lorsqu'il me reconnaît, son visage change totalement. Il passe de l'indifférence à la surprise. 

- Li... Liv' ? 

- Esteban...

Il pose son livre sur le banc, et se lève. 

Oh, il a grandi, aussi. Il me mets facilement une tête et demie de plus.

- Oh, Livi...

Il passe nerveusement la main dans ses cheveux.

- Je ne sais pas quoi te dire, ajoute-t-il, l'air apeuré que je m'en aille. 

Mais je ne risque pas. Je suis clouée sur place. Je n'arrive à rien dire, rien faire.

- Je t'en prie, dis quelque chose, me dit-il au bout d'un long moment où nous nous sommes simplement regardés.

Deux étrangers qui ne se connaissent que trop bien.

J'ouvre ma bouche, et la referme.

Et je la rouvre :

- Tu aurais pu t'excuser.

Ok. Je ne suis pas sûre que ce soit la meilleure phrase à sortir. Et en plus, vu son regard, il a dû la sortir de son contexte. Je parlais de ma sœur, pas de moi. Je crois...

- Je... je suis désolé, pour tout, Livi. 

- Je parlais d'Alienor.

- Hein ? Ta sœur est là aussi ?

Il a l'air perdu.

Mon cerveau tourne au ralenti, ça m'énerve.

- Je veux dire... tu aurais pu t'excuser car tu as percuté Alienor à la patinoire tout à l'heure. Et oui, Ali est là. Chiara aussi.

- Oh, mince ! Où elle est, je vais aller lui demander pardon, je ne l'avais pas vue...

Je pose mes mains sur ses biceps. Il doit aller à la salle au moins 3 fois par semaine, vu leur taille.

- C'est pas grave, tu es déjà pardonné.

Je plonge mon regard dans le sien. Je ne sais pas si cette phrase parlait d'Alienor ou de notre histoire à nous, mais libre à lui de l'interpréter comme il veut. Je ne sais pas pourquoi j'ai été tactile. C'est stupide. 

Il me fixe un long moment, comme s'il était en train de rêver et qu'il pensait qu'il allait se réveiller d'un moment à l'autre.

- Tu sais quoi Livi ? Je pense qu'on a beaucoup de choses à se dire, alors, si je suis pardonné...

Donc, il l'a interprété comme ça. Je réprime un sourire, et le regarde simplement, attendant la suite de sa phrase. Mais elle ne vient pas. Il a l'air simplement heureux de passer un peu de temps en ma compagnie.

MadnessWhere stories live. Discover now