— Montes, je vais devoir y aller, lance t-il sans y mettre de forme.

Quoi? Il va vraiment me laisser comme ça. Sans explication, sans rien. On s'est embrassé comme deux grands fous, il y a moins de quinze minutes.
Ezequiel peut pas partir comme si de rien était.

Apparement si. Je le vois glisser le second casque dans le coffre de sa moto. Il ne me regarde plus, je le sens hermétique.

— Tu pars? amorcé-je uniquement pour qu'il me parle.

— C'est ce que je viens de dire. Dépêche toi de monter, m'impose t-il avec autorité.

— Je ne comprend pas.

— Comprendre quoi? me demande t-il en relevant ses yeux sombres révélant sa puissance.

Ces deux mots m'imposant une distance inadaptée, me vexent immédiatement. Je baisse la tête en inspirant avec déception.

— Rien, rétorqué-je en me fermant complètement.

Je recule de quelques pas. Puis avance vers les portes de l'ascenseur. Je l'entend démarrer. Il part. Mon coeur serre douloureusement. Je suis une imbécile.

Qu'est-ce que je croyais?

Si j'avais su que la soirée se terminerait comme ça, je serai resté auprès d'Oni. J'ai envi de l'appeler et de lui dire de venir me récupérer. Ezequiel est un dictateur. Il m'a arraché ce moment d'évasion, en me laissant miroiter qu'il voulait qu'on passe du temps ensemble.

Finalement, il part en m'imposant de rester dans son appart.

Lino me saute dessus quand je franchis la porte d'entrée. Il m'arrache un rire. J'avance vers le placard, en sort le paquet de croquette pour remplir sa gamelle.

Il va me manquer quand je partirai. Et son abruti de maître aussi d'ailleurs.

— J'ai fait une grosse erreur Lino. Une très grosse erreur.

Le doberman relève la tête dans la direction alors que je suis à genoux devant lui. Puis il fixe de nouveau ses croquettes.

— Combien de femmes a t-il embrassé et mis dans son lit? Tu dois le savoir toi?

Je souris bêtement quand je réalise que j'aurai aimé que Lino me réponde.

— Il y a Lana déjà. Et c'est une concurrente de taille.

J'ai l'image de cette femme de feu en tête. Il n'y a pas à sourciller. Huit ans auprès d'une femme comme elle. Ezequiel ne pourra jamais en avoir une autre qu'elle en tête.

Je suis naïve, pas déficiente.

Le lendemain matin, je croise Ezequiel alors qu'il boit un verre de jus d'orange adossé contre le frigo. Je viens de quitter la salle de bain. Je ne l'ai pas croisé depuis la veille.

Je ne sais pas où il était, et ce qu'il a fait. Je ne sais même pas à quelle heure il est rentré. Je lui poserai pas la question. On ne se doit rien.

J'avance vers le réfrigérateur, tandis que le beau brun m'inspecte méticuleusement. Je porte un legging de sport taille haute, une brassière assortie, et un gilet à capuche par dessus.

Me demandez pas pourquoi. J'ai pris ce genre de tenu en quittant l'incroyable résidence ou je vivais avec mon père. J'ai fait ce que j'ai pu. Et cette tenue sur mon corps n'est que la preuve de ma précipitation.

— Bonjour...

Oui. Je viens de dire ça. Moi même, j'ai du mal à me comprendre. Ma salutation est similaire à celle que je ferai à un homme que je croiserai à la caisse d'une supérette.

One to oneWhere stories live. Discover now