Chapitre 9

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Les délicieuses effluves de friture me donnent l'eau à la bouche. Je n'aurais jamais dû devenir le petit ami d'un garçon dont les parents tiennent un restaurant.

Cela fait quatre mois que Lee et moi sommes en couple. Tout notre Problems' Club l'a parfaitement accepté, et nous l'adorons tous. Quant à ses parents, ce sont de véritables amours, et leur cuisine est assez bonne pour me faire revenir quatre fois par semaine dans leur restaurant, en emmenant mes quatre camarades.

- John, bordel, on avait dit pas de cigarettes à l'intérieur... m'exaspéré-je (NdA : désolée J31frites xD).

Il lève les yeux au ciel. Je ne savais même pas qu'il avait recommencé à fumer...

Il se lève, va jeter sa cigarette dehors, et revient s'asseoir à sa place, près de moi.

En quatre mois, il semble aller beaucoup mieux : on a définitivement retrouvé notre insupportable John Prits, arrogant, (beaucoup trop) sûr de lui, mais surtout terriblement beau et attachant. Il faut dire que s'il n'avait pas été avec Eddy, je me serais fait une véritable joie de l'emmener... dans un certain endroit.

- Donc... Trente nems pour la table...

Lee dépose sur la table trois plateaux remplis. Nous nous jettons tous dessus.

- Ils sont toujours aussi bons, Lee... lâche Morgan, un sourire béat aux lèvres.

Lee sourit, et s'assied sur mes genoux. Je rougis. Il n'est pas le genre de personne à se cacher, et encore moins à cacher le fait que nous sommes ensemble.

Il passe une main sur mon visage, ses ongles noirs caressant ma joue. Je souris, et, avant même que j'aies pu protester, Lee m'embrasse.

- Hé, les gars, on est à table là... marmonne Adele.

... Adele qui s'est faite larguer quelques jours plus tôt. Mais selon elle, c'était un mal pour un bien, car un de perdu, dix de retrouvés, nous avait-elle dit. Au fond, nous savons tous que cette rupture l'a plus blessée qu'elle ne veut nous l'avouer.

Le doux rire de Lee se fait entendre.

- Oh, si on a plus le droit de se rouler des pelles, que fera-t-on de nos journées, hein Aiden ?

Mes joues deviennent encore plus rouges. Je l'aime, je l'aime comme un fou, mais il faut avouer qu'il se montre souvent un peu... lourd.

- Sinon, le douze mai, la ville organise un festival de musique rock, dit Eddy.

Nos yeux s'illuminent à tous.

- Sérieux ? s'exclame Morgan. On y va, j'espère ?

Edeline sourit.

- Bien sûr qu'on y va, je nous ai déjà inscrits.

Je vois aussitôt Lee faire la moue. Il n'aime pas me voir faire des concerts, sous prétexte que je pourrais y faire de nouvelles rencontres, pour ensuite le quitter. Je crois qu'il n'a pas encore véritablement compris que je suis fou de lui.

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- Il faut que j'écrive une chanson pour dans dix jours ?! Vous êtes sérieux ?! On peut pas chanter... je sais pas moi ! 21 guns, on excelle dessus !

- Nan, déclare Eddy (étonnant, elle ne rechigne habituellement jamais quand il s'agit de Green Day), on peut pas. On a besoin de notre propre chanson.

Je soupire.

- Vous êtes insupportables, vraiment. J'en peux plus de vous.

Ils sourient tous. En même temps.

- Je suis sérieux ! Vous êtes les gens les plus chiants que j'ai jamais fréquentés...

Leurs lèvres se tordent en un sourire encore plus grande.

- Aller, dis-le que c'est pour ça que tu nous aimes...

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- Donc aucun de vous n'a vu John ?...

C'est une Eddy larmoyante qui nous pose la question. Ses yeux sont rougis et gonflés par les larmes. Elle a dû passer l'après-midi à chercher son petit ami...

- Désolée Eddy, déclare Adele en se mordillant la lèvre.

Morgan se jette rageusement sur le vieux canapé bouffé par les mites de mon garage, où nous avons élu domicile avant chaque concert. Disons que c'est notre "studio" à nous. Et comme on le dit si bien, les meilleurs groupes commencent toujours dans leur garage.

- Pardon Eddy, hein, mais moi, ça me fait chier. On a un foutu concert dans une heure, et ton Johnny chéri est pas fichu d'arriver !

Une larme dévale la joue d'Eddy.

- Écoutez, avec la mort de sa mère, il est fatigué, il est plus comme avant il...

- Ce qui est dingue, c'est que ça allait très bien jusqu'à aujourd'hui, la coupé-je. Va falloir que t'assumes à sa place, vu que John en est incapable : c'est qu'un gros lâche.

Je sens la main d'Eddy claquer sur ma joue.

- Ne redis jamais ça ! Tu m'entends ?! Jamais !

Les ricanements d'Adele et Morgan me font voir rouge.

- Puisque c'est comme ça, je vais le chercher, ce petit con de John. Il va m'entendre, je te préviens.

Eddy se blottit dans les bras d'Adele, en pleurs, qui me foudroie du regard. Je me contente de lever les yeux au ciel. Leur pseudo solidarité féminine m'insupporte.

Plus de dix minutes plus tard, je suis dans la voiture, tirant sur une cigarette pour me calmer. En plus de m'être disputé avec le groupe, Lee me tire la tronche pour la simple et bonne raison que j'ai refusé qu'il m'accompagne.

Pour faire court, j'en ai marre.

Je suis devant chez John en un quart d'heure, en train de sonner.

C'est son père qui m'ouvre.

Étrange...

- Aiden... John... John n'est pas disponible, me répond-il avant même que j'ai eu le temps de poser la moindre question. Il est enfermé à double tours dans sa chambre depuis qu'il est rentré du lycée...

J'arque un sourcil.

- Vous me permettez de rentrer, monsieur Prits ?

Il hoche la tête, avant de me laisser l'accès à leur maison.

Une désagréable sensation me parcourt l'échine quand j'observe l'état du salon. Déplorable est le premier mot qui me vient à l'esprit. Des cadavres de canettes de bière s'éparpillent sur le sol. Des vêtements sont négligemment jetés sur le canapé, auréolé de tâches. De son vivant, Janet n'aurait jamais laissé passer une telle chose.

Un souvenir me revient alors à l'esprit. La première fois que John m'avait invité chez lui, alors que nous venions d'avoir douze ans, feue madame Prits avait fait un vrai scandale quand elle avait remarqué que son fils avait omis de me dire de retirer mes chaussures.

Un léger sourire flotte sur mes lèvres à cet instant.

Je n'avais pris aucun reproche, et loin de là. Mais John, qui était à cette époque là toujours notre bon vieux Bouboule, s'était pris une vague, un tsunami de remarques. Tout ça pour quelques petites traces de boue dans l'entrée.

Son absence est palpable.

Je toque délicatement à la porte de John. La voix qui parle à l'intérieur est rauque, probablement d'avoir trop pleuré.

- Oui maman. Comme promis. J'ai tout nettoyé de fond en comble dans ma chambre et... Non, papa ne va pas bien, maman...

Mon sang se glace dans mes veines, et je regrette aussitôt d'avoir traité John de lâche.

Avec sa mère.

John est en train de parler avec le fantôme de sa mère.

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⏰ Last updated: May 07 ⏰

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