Chapitre 7

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— T'en veux une ?

Aiden me tend une cigarette, que je m'empresse de refuser.

— Nan, merci.

— Tu refusais jamais une clope avant... note-t-il.

Il faut croire que j'ai changé.

— Cette fois-ci, je n'en veux pas, ça te bousille les poumons cette cochonnerie, lâché-je.

Il siffle. Eddy rentre dans la voiture, s'assied à côté de moi et pose une main sur ma cuisse. Main qu'elle fait remonter, dans l'unique but de me faire rougir. Elle rit, et continue. Lorsque je la sens toucher un point... sensible de ma constitution, je retire vivement sa main.

— Eddy, ça suffit ! m'énervé-je.

Elle éclate pour de bon de rire, et je me rends compte, gêné, que tous les regards sont portés sur moi. Mes joues deviennent aussi rouges que la jupe d'Eddy.

— Bon... On l'assure ce concert, cette fois, hein ? demande Morgan.

Mes yeux s'écarquillent.

— Attendez, attendez... Quel concert ?! On a jamais mentionné de concert !

Ils rient tous. Comme si ce que je viens de dire est drôle...

— Mon frère a été invité à une fête, chez un de ses amis, lâche Adele. Et cet abruti a décidé de nous inviter en tant que musiciens...

Je pousse un soupir exaspéré, avant de déclarer :

— Il s'appelle comment ce connard qui fait une fête ?

— Paul Trasher, me répond Morgan.

Je manque de m'étrangler.

— Paul ?!

— Paul, acquiescent-ils tous en même temps.

Dans le temps, Paul était mon meilleur ami. On était véritablement inséparables, jusqu'à qu'il commence à refuser de me parler sous prétexte que je trainais avec Eddy, Adele, Aiden et Morgan.

Désormais, je déteste ce garçon du plus profond de mon âme.

— Je refuse de chanter devant lui, boudé-je.

— Alors on te laisse dans la voiture pendant trois heures, et c'est dommage pour toi, dit Eddy en me tapant la cuisse.

Je lève les yeux au ciel.

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Mes mains sont moites autour du micro. Je pense pouvoir dire, sans me tromper, que je suis clairement en plein stress.

— Hé... les gars... murmuré-je. Je suis en plein stress, là...

— Aller, me lance Eddy. C'est du Green Day, fais-le pour moi...

Ses grands yeux bruns me supplient, mais n'empêchent cependant pas mes mains de trembler. Les premiers accords de guitare de Morgan me font sursauter.

Je ne vais pas y arriver.

Non, c'est foutu. Totalement foutu. Mon stress est trop énorme. Je tremble de tous mes membres, et sais pertinemment une chose : le moindre son que je vais prononcer va sortir de ma bouche comme un bruit rauque, caverneux et désagréable.

— Aller, John ! Vas-y, fais-le !

Je me tourne vers Eddy, qui vient de me murmurer ces mots. Ses baguettes dans ses mains recouvertes par des mitaines noires, assises devant sa batterie, ses cheveux courts en bataille, elle a un grand sourire pendu aux lèvres.

Elle a confiance en moi.

Elle a confiance en moi comme maman avait confiance en moi.

Mes lèvres forment les premiers mots, et, à partir de ce moment, tout défile à une vitesse enivrante. Il n'y a plus rien autour, juste la musique, les paroles, et ma voix.

La musique a toujours eu cet effet : là où d'autres se shootent aux médicaments, ou à d'autres substances illicites, ma seule drogue à moi est la musique, le rock, et tout simplement le fait de chanter. Dès lors que les mots sortent de ma bouche, j'oublie tout. Absolument tout.

Lorsque la chanson se termine, je n'ai qu'une envie : continuer.

Les applaudissements de notre public se font entendre. Un sourire se forme sur mes lèvres. C'est aussi ça, que j'aime dans la musique : je fais plaisir aux autres, tout en me faisant plaisir à moi.

Je vois que ça leur a plu, qu'ils ont apprécié ce moment. Et c'est là, oui, c'est là ! que je sais que j'ai réussi à chanter.

— Une autre !

— Oui, encore une !

— Pour nous faire plaisir !

— Aller le Problems' Club !

Cette fois-ci, je peux le dire avec certitude : je suis heureux. Pour la première fois depuis deux mois, je le suis véritablement. Ces gens sont très probablement ronds comme des queues de pelles, si ce n'est pas drogués, mais un sourire ne trompe jamais, peu importe l'état de la personne qui le lance.

— Vous en voulez une autre ? crié-je.

Leur réponse ne se fait pas attendre, et je recommence la seule activité (autre qu'embrasser Eddy) qui me procure un tel plaisir : chanter.

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Problems' Clubحيث تعيش القصص. اكتشف الآن