LIÉS PAR LE FUTUR {Liés : t1}

15

AVA

Je plane durant ce baiser. Mes lèvres se sont entrouvertes pour laisser un accès à sa langue. Sa main prend en coupe ma joue tandis que l'autre est appuyée contre ma gorge. Au bout de longues et délicieuses secondes, Luca se détache puis pose son front contre le mien dans de lourdes respirations.

Ses pupilles devenues soudainement plus claires lorgnent les miennes dans un silence lourd de sentiments, d'émotions. Sa main, auparavant sur ma gorge, descend lentement pour accrocher ma taille comme s'il ne veut pas se séparer de moi.

– Je crois que je vais devoir m'échapper avant de finir entre quatre planches, me susurre t-il en caressant ma joue d'un geste attendri.

Sans un autre mot, Luca s'éclipse, me laissant pantelante en plein milieu de la piste. Je n'ose affronter le regard d'Alex ni savoir s'il sait que c'est Luca. Rapidement, je suis rejointe par Mia, qui a la bouche grande ouverte. On lui a coupé le clapet, pour une fois.

Ses mains posées sur mes épaules, elle me fixe droit dans les yeux comme pour attendre que je lui sorte un poisson d'avril ou que sais-je d'autres qui pourraient bien expliquer cet intermède. Mes joues sont très certainement brûlantes tellement que je veux me trouver dans un total autre endroit.

– Oh. Mon. Dieu. Ma meilleure amie est grande.

– Mia...

– C'est absolument génial ! Bonus pour la tronche d'Alex, renchérit Mia, totalement dans un état second.

Dès que le prénom de mon frère est mentionné, je pâlis soudainement. S'il apprenait, je ne donnerais pas cher de notre peau, à Luca et à moi. J'ai l'impression de m'être immiscée dans un endroit interdit. Je n'ai pas le droit de briser une telle amitié.

Mia capte bien rapidement mon mal. Elle me prend par le poignet pour m'extraire de cette foule de gens qui danse toujours sur la piste de danse. On part se réfugier à l'extérieur sous l'air frais tandis qu'on croise Luca qui réapparaît avec un masque différent.

À l'extérieur, une grande bouffée d'air me submerge, comme si j'ai été en apnée pendant tout ce temps. Je me sens soudainement plus libre, plus légère. Je souffle lourdement, évacuant cette peur qui me mord aux tripes. Mia me fait face avec un air sérieux, les bras croisés.

– Alex est donc le grand cockblocker de votre histoire, devine Mia.

– Mia ! la reprends-je.

– Oh c'est bon, Ava.

– Ce n'est pas bon, Mia. Je vais briser leur amitié, je n'ai pas le droit de faire ça, ils se connaissent depuis six ans et demi... Ils se connaissaient avant moi.

– Très peu de temps avant toi, dans ce cas, rectifie Mia Nichols.

Je soupire de nouveau et viens m'asseoir sur le bord des marches. L'air frais de la soirée me rafraichit les esprits, la bouffée de chaleur que j'avais disparaît aussitôt. Des pas descendent les quelques marches puis une main se tend sous mon nez.

Mes yeux se lèvent pour croiser ceux de ma meilleure amie. Cette dernière a levé son masque au-dessus de ses sourcils, l'air visiblement exténué. Ses douces pupilles se montrent compatissantes envers mon état complètement perdu.

– On emmerde les soirées mondaines, c'est mieux les soirées pyjamas, me lance Mia. Allez, on rentre.

– À pieds ?

– Oh merde, tu n'as pas pris tes ailes pour voler ? Je t'assure que ce n'est pas un kidnappeur pervers qui va m'effrayer.

– Moi non plus, répliqué-je en acceptant sa main tendue.