— Le CS? C'est uniquement composé d'argentins? M'encouragé-je à demander.

— Ouais. Tu peux trouver un ou deux mexicains. Mais ils finissent tous par se tourner vers le drapeau du Sol de Mayo.

Je me pince les lèvres, j'ai des dizaines d'autres questions à poser. Julio m'inspecte à travers le retroviseur intérieur.

— Pose tes questions Mia. T'auras certainement pas de meilleures occasions que de me les poser maintenant.

— Tu penses que je peux vraiment?

— Vas-y, je suis pas Ezequiel, j'ai aucun problème pour parler.

J'inspire brièvement en essayant d'organiser toutes les questions qui me viennent en tête. Une en particulier.

— Quel mal le ronge?

Bon, je met un peu beaucoup, les pieds dans le plat. Mais cette question me taraude depuis tellement de jours. Et si je peux étancher ma curiosité et enfin comprendre cet être mystérieux et impénétrable alors je veux bien que Julio m'apporte ces précisions.

— Ezequiel a subi le pire. Et la seule manière qu'il a de guérir, sans pour autant aller mieux, c'est d'emprunter le chemin de la vengeance.

— Vengeance?

— T'as bien entendu Mia. Ezé doit venger la mort d'une personne qui comptait beaucoup pour lui.

— Il va tuer quelqu'un? demandé-je, terrifiée.

Julio éclate de rire.

— Ça ne sera ni le premier, ni le dernier qui mourra sous les balles d'Ezequiel. Et à l'occurence, celui là mérite de crever. Si Ezequiel change d'avis, chose impossible, alors je finirai le taff.

Je déglutis face à ce genre de paroles auxquelles je ne m'habituerai jamais. Et puis mon regard capte ces colosses vêtus de noirs. Ils entourent cet homme qui a fait de moi celle que je suis.

C'est lui.

Mon père. Il vient de quitter cette même voiture que nous utilisions lors de ses déplacements. Une voiture noire, blindés, impénétrable.

Mon père a redoublé de vigilance, la fois ou un fanatique a tenté de lui tirer dessus alors que nous quittions notre domicile.

C'était il y a sept ans.

Le temps passe vite. Et je remarque que les cheveux de mon père sont presque entièrement blancs. Il prend de l'âge. Si seulement il avait mené sa vie autrement. Si seulement après la mort de maman, il s'était préoccupé de moi, plutôt que de sa carrière politique.

Je n'ai plus envi de vivre dans les « si » et les « regrets ».

Mon père s'efface vers l'intérieur du palace. Je m'imagine un instant, sortir de la voiture et courir jusqu'à lui. J'essaye de me représenter sa réaction. Me prendrait-il dans ses bras? Caresserait-il mes cheveux en y passant ses mains?

Ces mains, que je sais désormais, couvertes de sang.

Mon regard s'éteint. Je reste glacée, triste, profondément perdue.

Ezequiel réapparait à ce moment là. Ses yeux trouvent les miens. Ça dure une fraction de seconde, peut être moins. Mon corps est traversé par une onde, une énergie réconfortante.
Je m'y accroche immédiatement.

Et malgré la déception que je perçois dans l'obscurité du regard d'Ezequiel, sa présence me rassure sans aucune explication.




Lino dort toujours sur le canapé du salon, quand à quatre heure du matin, nous retrouvons l'appartement. Ezequiel referme derrière moi, puis il se dirige vers le frigo. Tiens, il prend de l'eau, cette fois.

One to oneWhere stories live. Discover now