Chapitre 19

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Ivan

En attendant la confirmation de Santiago, le parrain croate du clan des Jadranko, nous passons le reste de la semaine à planifier notre voyage avec Abi. Septembre approche et les températures commencent à chuter. J'ai congédié Geoffroy pour le week-end et Majka a regagné ses appartements, nous laissant tous les deux installés sur le canapé de mon salon, à lire chacun un routard, Hiva allongée à nos pieds. Tandis que nous profitons de ce moment de tranquillité, ma chienne se redresse soudain et se met à grogner en direction de la porte d'entrée. Je fronce les sourcils. Elle réagit rarement aussi défensivement. On entend alors sonner à la porte.

-Tu attends quelqu'un ? s'enquiert Abi.

-Non, lui dis-je, peu serein. Reste là, Hiva, couchée !

Ma chienne obéit, mais continue de couiner. J'ai un mauvais pressentiment et c'est avec un pas peu assuré que je traverse le salon. J'ouvre la porte et mon sang se glace tandis que je reconnais la silhouette de Melenzo, entouré de deux de ses acolytes.

-Ciao mon ami ! s'exclame-t-il, esquissant un sourire et ouvrant les bras dans ma direction.

Il fait un pas vers moi pour me faire la bise, ce à quoi je reste de marbre, puis il pénètre dans ma demeure sans même attendre que je ne l'y invite.

-C'est donc à ça que ressemble ton bercail aujourd'hui ? Je dois l'admettre, ton padre a fait du beau travail ! dit-il en examinant tous les recoins de mon salon.

Abi se lève du canapé, l'air anxieuse et je m'empresse de me placer entre elle et lui.

-Oh, je vois que tu as de la compagnie ! lance le mafieux en penchant sa tête, l'air soudain intéressé.

-Qu'est-ce que tu fiches ici, Melenzo ? dis-je entre mes dents.

-Tu as raison, venons-en au fait. J'ai appris par Santiago que tu souhaitais revendre Adrija ?

Je sens ma mâchoire se contracter, menaçant de me casser une dent. J'aurai dû me douter que le parrain croate et lui étaient entrés en contact. L'inspecteur Loncar m'avait bien dit que Melenzo tentait de faire affaire en Croatie. Il lui a certainement promis une belle somme pour pouvoir prendre la main sur son réseau.

-Et donc ?

-Je suis simplement surpris de ta décision, sachant que tu n'es pas propriétaire de cette île.

Je sens le regard inquisiteur d'Abi se poser sur moi.

-Je t'ai donné tout ce que je te devais, cette île me revient de droit et on était d'accord sur ce point quand je suis venu te voir la semaine dernière, rétorqué-je.

-C'est vrai mais figure-toi que j'ai changé d'avis et, ô surprise, les taux d'intérêt ont augmenté... et de 30% !

Je sers mes poings, mes ongles s'enfonçant dangereusement dans ma chair. Mais au fond, je ne suis pas surpris. Ce bougre n'a aucun scrupule. Je me sens soudain stupide d'avoir cru m'être débarrassé de lui aussi facilement.

-Tu radotes, Melenzo, argué-je, tu as déjà fait le coup du pizzo* avec mon père cinq ans plus tôt, puis avec moi l'an dernier, je ne goberai pas cette fois.

Le visage de Melenzo s'étire en un sourire qui ne présage rien de bon.

-Laisse-moi te rappeler sur quel territoire tu es mon petit, dit-il en faisant un pas de plus vers moi. Ici, c'est l'Italie. Adrija appartient aux Anconais depuis bien avant que ton cher père n'y mette les pieds.

-Adrija est une zone grise, elle appartient à ma famille, dois-je te remontrer le titre de propriété que tu lui as cédé ? Cette île me revient de droit et ton petit racket de mafieux ne m'impressionne plus ! fulminé-je.

Riche de toi [Dark romance soft]Where stories live. Discover now