Chapitre 6

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Jusqu'à présent, j'investissais mon argent passivement et en touchant des dividendes des entreprises cotées. Je dois maintenant opter pour une méthode plus agressive. Je me créé alors un portefeuille d'une vingtaine de lignes et achète des actions en masse dans les secteurs les plus rapporteurs : la santé, les énergies, la finance... La bourse américaine et française, ouvertes en semaine et de 9 :00 à 17 :00 me permettra d'effectuer des exchanges uniquement en journée. Pour le reste du temps, je pourrai planifier mes ordres. Il y aura moins d'investisseurs sur le marché mais peu importe. Je dois mettre toutes les chances de mon côté pour pouvoir voir le solde de mon compte évoluer. 

Je me décide à placer le quart de ma fortune, par sécurité et à investir le reste. Vers midi, Majka m'interrompt pour m'apporter un plateau garni d'un ragoût de poisson. L'odeur qui s'en émane me fait saliver. Je la remercie et après l'avoir gobé d'une traite, je me remets au travail. Ayant une connexion à internet restreinte, je ne peux consulter aucun site d'informations spécialisés ou même Twitter pour épier les annonces des PDG des plus grosses entreprises, je n'ai donc pas la possibilité d'anticiper une éventuelle croissance des entreprises. J'achète et revends donc mes actions à l'aveugle et je me prends à prier pour qu'elles décollent. Mon cœur se serre à l'idée que mes économies puissent entrer en négatif.

J'ai travaillé dur pour pouvoir amasser tout mon argent. Depuis mes 15 ans, j'ai en effet enchainé les petits boulots : baby-sitting, dog-sitting, ménage... puis à partir de mes 18 ans, j'ai décroché des jobs d'été en tant que caissière dans la grande distribution ou serveuse dans les bars ou restaurants. J'étais parvenue à mettre chaque mois de côté et je réinvestissais chacune de mes économies et chaque bénéfice grâce au taux d'intérêt de mon compte-titre dans de nouvelles actions. J'adore voir la courbe de mon compte augmenter de manière exponentielle. Quand je ne travaille pas ou que je n'étudie pas, j'y passe mes soirées et mes week-ends à la recherche des meilleures opportunités, des start-ups montantes ou des changements de stratégie financière de la part des multinationales auprès desquelles j'ai acheté des parts. 

Tandis que mes camarades de classe dépensent leur argent dans des vêtements de luxe ou des sorties en boîte, moi, je les place. Évidemment, ça a eu un coût : je n'ai pas de vie sociale. Contrairement à mes camarades, j'évite toutes dépenses superflues : je ne me pomponne jamais et mes tenues se limitent à un jean troué, des vieilles baskets et un tee-shirt d'Evanescence. Je ne me maquille pas et je coupe mes cheveux moi-même à l'aide de tutoriels sur YouTube. Bon, le résultat n'est pas terrible, surtout depuis que j'ai décidé de me faire une frange mais peu importe, ça m'évite de dépenser 50 euros à chaque visite chez le coiffeur.

En fin de journée, je zieute une dernière fois mon compte, plus ou moins satisfaite. Il ne me reste plus qu'à attendre demain pour voir qui m'aura racheté mes actions les moins profitables. Je referme le PC et balaye alors la chambre de mes yeux. Je me lève de ma chaise, les fesses engourdies, et me mets à arpenter la bibliothèque. La plupart des titres sont écrits dans une langue slave. Seuls deux ou trois sont en anglais. Je me décide à les saisir et m'assois sur le lit. J'ouvre le premier qui s'intitule The compound Effect : jumpstart your income, your life, your success. Je me mets à espérer y trouver du réconfort puis après quelques minutes de lecture, je ressens soudain une envie pressante. Je ne me suis pas vidé la vessie depuis mon enlèvement. Je me lève du lit et ouvre doucement la porte de ma chambre. 

Ne voyant personne à l'horizon, je me dirige droit devant la salle de bain dont la porte est restée grande ouverte. Je referme à clé derrière moi et je découvre alors une baignoire en marbre noire, une douche surdimensionnée avec plusieurs jets de massage et deux lavabos trônant sous un miroir aux spots diffusant des lumières tamisées. Les toilettes sont situées au fond. Je m'y précipite, me déshabille et me soulage en soupirant. J'ai une vague envie de prendre un bon bain chaud mais je ne peux m'y résoudre. Je ne veux pas donner l'impression à mon « hôte » de prendre du bon temps dans sa maison cossue. Je me décide tout de même à me doucher, me laver les dents avec une brosse à dents et un dentifrice que je trouve encore emballés sur un des lavabos avant de regagner ma chambre.

Le soleil commence à se coucher et le vent s'engouffrant dans ma chambre me fait frissonner. Je referme la baie vitrée et me décide à troquer mon short et mon tee-shirt avec des vêtements plus chauds. Je m'avance vers le dressing qui occupe tout le mur de ma chambre. Lorsque je l'ouvre, j'y découvre des vêtements exclusivement féminins : des robes cocktails par dizaine mais également toute une collection de sous-vêtements de différentes tailles, coupes, matière et couleur. Je me demande à qui appartient tous ces vêtements. Probablement à toutes les conquêtes du propriétaire des lieux. Je me revisualise son visage charmeur et sa carrure athlétique. Il doit certainement en attirer plus d'une sur son domaine. Je parviens à dénicher un pull et un jogging rose fuchsia parsemé de paillettes très peu à mon goût et retourne m'installer dans mon lit. Vers 20 :00, Majka m'amène un plateau de repas puis, après l'avoir dévoré, je m'endors dans mon lit douillet, épuisée.

Riche de toi [Dark romance soft]Where stories live. Discover now