Une nouvelle fois, Chris se contenta de répondre sans un mot, les yeux dans le vague, la nuque raide. Capucine parla encore. Lui ne desserra les dents que trois fois, ce qui était toujours plus que la veille.

Au moment de partir, la jeune femme sortit de son sac un petit paquet emballé.

— J'ai conscience de sortir du cadre professionnel, mais je pense que tu as besoin de rendre conscience que des gens sont là pour toi. Alors je me suis permis de te prendre un petit quelque chose pour Noël. Joyeux Noël, Chris. 

Il battit des cils, surpris... et n'eut pas le réflexe de saisir le paquet. Capucine le dévisagea, amusée :

— Si tu ne veux pas le prendre, je peux le mettre sous ton minisapin !

— C'est... c'est pas ça, c'est que... j'ai rien pour vous. En fait, j'ai juste acheté quelque chose pour ma mère... j'ai oublié tous les autres. Je suis nul...

— En ce moment, c'est le cadet de leur souci, que tu leur aies acheté ou non un cadeau. Essaie de les laisser t'aider et essaie de leur accorder ta confiance, ce serait un très beau cadeau pour eux. Et j'insiste sur le « essaie ». Même si tu n'y arrives pas, même si tu abandonnes très vite, te voir essayer leur réchauffera le cœur. En revanche, ce « cadeau » ne fonctionne que pour ta situation actuelle et ton état d'esprit actuel. Je te sens capable de faire ce petit pas. Il te coûtera de l'énergie, mais je sais que tu réussiras à essayer.

Chris pinça les lèvres et s'empara du cadeau. Son regard glissa sur les arabesques qui décoraient le papier rouge brillant, remonta sur le nœud en Bolduc. Il avait envie de secouer le cadeau. 

— Oh ! lâcha-t-il. J'ai... envie d'autre chose que retourner dans mon lit ! Je... je crois que vous avez raison. Je crois que... je ne sais pas. Je ne sais as si je peux en fait.

— Trouverais-tu les mots pour me l'expliquer ? Tu peux essayer avec une image, peut-être ?

Une image. Une image suffisamment claire pour lui et pour sa psychiatre. Surtout pour lui. Il ferma les yeux et se concentra sur ses émotions.

Il se sentait... faible. Doté d'un courage vacillant, sur le point d'être soufflé par la moindre contrariété.

Vacillant.

Soufflé.

[Je ne suis pas très doué avec la visualisation des expressions pour la simple raison que je ne les ai pas inventés et donc, la plupart du temps, je ne vois pas où l'inventeur voulait en venir. Par contre, une fois que j'ai saisi la logique, je n'ai plus de mal à les utiliser. Alors, en trouver une pour moi-même, ça a été plutôt facile. Il suffisait de trouver les bons mots-clefs et l'image s'est mise à tourbillonner dans ma tête.]

— C'est... comme une allumette dans un ouragan. J'arrive à l'allumer, mais elle se fait éteindre en deux secondes. L'allumette, c'est mes envies, et l'ouragan.... c'est... c'est ces derniers-jours. Là... j'ai voulu ouvrir le cadeau... j'ai allumé l'allumette, mais rien que de le dire, l'allumette s'est éteinte. Je vais jamais y arriver...

— Bien sûr que si : en trouvant de quoi protéger la flamme de ton allumette. Sois tout seul... soit en cherchant de l'aide. Et puisque tu me dis que tu es dans une tornade, il est normal qu'aller chercher de l'aide soit difficile, non ? Que tu n'y parviennes pas du premier coup. Que tu aies du chemin à parcourir, pas après pas, en t'accrochant de toutes tes forces pour ne pas t'envoler. 

— Mes amis... sont des ancrages, n'est-ce pas ? Et mes parents aussi... et Ely. Et... voilà.

[Et Cam, c'est ce que j'ai voulu dire. Sauf que Cam n'était plus là. Cam était parti. Et même si j'en avais déjà pris conscience, il faut bien admettre que je n'avais pas encore percuté exactement pourquoi. 

Ou plutôt... j'étais encore un peu dans le déni.

Oui. Bon. Avec moi, ce n'est pas si surprenant.

En tout cas, Capucine n'avait plus tellement de choses à me dire, alors elle est partie peu de temps après et je suis resté seul avec mes pensées. 

Eh bien, ce n'est pas drôle du tout de rester seul avec ses pensées. C'est déprimant. 

Alors, parce que je n'avais pas encore envie de penser à Cam, j'ai décidé de tenter une approche avec mon père, parce que de toute façon, personne d'autre n'était à la maison.]

Chris avait hésité un long moment avant de se relever, et il hésita encore alors que ses plantes de pieds nues glissaient sur le sol de son studio. Chaque foulée l'approchait un peu plus du couloir. Un peu plus de la sortie. Un peu plus de la porte.

Cette porte que Côle avait fermée à clef.

Cette porte qui l'avait empêché de fuir.

Cette porte qu'il avait finalement réussi à franchir.

Un frisson secoua les épaules de Chris. Son ventre se contracta et une nausée désagréable remonta dans sa gorge.

Il n'avait pas envie de toucher à cette porte. Au fond de lui, une nouvelle angoisse se ficha. Celle de trouver son agresseur de l'autre côté du battant. C'était irrationnel, il le savait, et pourtant, il se retrouva immobile, englué, incapable de poser la main sur la poignée. 

Ses doigts recevaient comme des décharges électriques chaque fois qu'il les approchait du métal.

[C'était dans ma tête, évidemment, pas dans mes doigts !]

Soudain, la poignée s'actionna. Chris glapit et bondit en arrière, les yeux arrondis et la bouche crispée. La porte s'ouvrit.

— Chris, ce n'est que moi, le rassura son père d'un ton doux. J'ai un aller-retour imprévu à faire à Colmar, j'en ai pour 45 min. Tu peux en profiter pour prendre un bain à la maison, je t'ai posé des habits propres sur le tabouret. 



Je suis vraiment désolé de ne pas avoir mis Chris à jour plus tôt ! C'est que j'ai été fort occupé dans l'écriture de RPG, en Route pour Grenzadiel ( dont le début est sur Wattpad) ! Le roman est en FINALE du concours Fyctia de Romantasy ! Ce prochain mois sera donc consacré à son écriture (avec ma coautrice Tia366 !)

Meilleurs vœux à tous et toutes !

Chris, ou comment se prendre pour Cupidon à NoëlWhere stories live. Discover now