Ce qui me réveille, ce sont les grattements qu'exercent les griffes de Lino contre ma porte. Je ne sais pas quelle heure il doit être, je jette un oeil sur mon portable. Il est 9h00.

J'ai dormi presque parfaitement. Parfois une pensée effrayante me sortait de mon sommeil, mais quand je réalisais dans quel endroit je me trouvais, je me rendormais immédiatement. Situation incroyable, quand je réalise qu'Ezequiel se trouve derrière ce mur ou mon lit est poussé.

Je m'étire et puis je m'impose de quitter mes draps. Je glisse un pull par dessus mon débardeur avant de quitter la chambre.

Un rapide coup d'oeil me permet de constater qu'Ezequiel n'est pas là. Je ressens un soulagement sans précédent. Je file vers la salle de bain.

Une odeur délicieuse flotte dans la pièce. C est son parfum viril. Je me demande s'il est encore dans sa chambre ou si tout simplement il est parti.

Je prie pour la seconde option.

Je passe la journée avec Lino. Rien que lui et moi. Et je comprend très rapidement qu'Ezequiel n'est pas là. J'en profite pour laver mes vêtements et les étendre dans ma chambre. Mon gilet rouge devenait poisseux à force de l'avoir porté tout les jours.

Il doit être 23h quand la porte de l'appartement, s'ouvre d'un geste brute. Lino, allongé sur mon lit, s'est mit à aboyer avant d'accourir vers le salon.

Statufiée sous mes draps, je m'ose pas bouger. Est-ce le propriétaire de l'appartement? Si c'est lui, vu la façon dont il est entré, il semble en rogne. Et je n'ai aucunement l'envie de me confronter à lui, si ses démons le tourmentent à nouveau.

Lino aboie en couinant. Son aboiement n'a rien de féroce mais il démontre une inquiétude monstre. Gagnée par un élan de courage, je m'extirpe du lit, le corps tremblant comme une feuille.

Je trouve Ezequiel, près de l'entrée. Une main appuyée contre le mur, une autre contre le haut de son épaule. Il a les paupières fermées et de là ou je me trouve je l'entend inspiré et expiré avec douleur.

Que lui est-il arrivé?

J'approche lentement, guidée par ce sentiment d'humanité qui m'anime depuis toujours.

— Reste ou t'es ! M'ordonne t-il de sa voix grave sans m'adresser un seul regard.

Je m'immobilise instantanément, pétrifiée par le son rauque de sa voix. Lino est à ses pieds, il frotte sa tête à la jambe de son maître.

— Tout va... bien? Lui demandé-je avec inquiétude.

— Retourne dans ta chambre !

Le ton qu'il utilise me dicte au départ de prendre mes jambes à mon cou, mais quand je le vois crisper son visage, démontrant un spasme de douleur qui le consume, je reste là ou je suis.

Pire, j'avance vers lui la peur au ventre certes, mais la conviction que je dois l'aider.

Je me fige devant lui. Un petit mètre nous sépare, Ezequiel tourne enfin la tête en ouvrant ses paupières, le blanc de ses yeux virent au rouge, signe que la douleur est forte. Je glisses mes deux noisettes vers son épaule, ses doigts sont pleins de sang. Un sang épais et coagulant. J'ai un haut le coeur, et des frissons qui me parcourent.

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