VII- DODO

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  tahlia may johnson
  – Johnson attend !
  Je l'entends courir derrière moi pour me rattraper pour la deuxième fois de la journée, d'ici une semaine il sera devenu accro. Il attrape mon bras pour me forcer à m'arrêter donc je me tourne brusquement vers lui, chose à laquelle il ne s'attendait pas car il sursaute.
  – C'est bon ta conscience est soulagée ? Tu as vu que j'allais bien et voilà. Va rejoindre les autres, j'ai envie de rester toute seule.
  – Mais quelle coïncidence ! Moi aussi l'envie d'être seul vient d'arriver, et si nous étions seuls mais ensemble ? Ça me parait être une  idée bonne et intéressante.
  – C'est pas comme ça que ça marche Weasley, je râle en reprenant mon bras.
  – Peut-être mais j'adore innover et faire des expériences et je suis certain que toi aussi.
  Il m'agace. Il m'agace. Il m'agace ! C'est limite si de la fumée ne sort pas de mes oreilles tant j'ai envie de prendre sa belle tête et de la claquer contre un mur. Quand j'essaie de dégager mon bras, il ne desserre pas sa prise :
  – Désolé j'ai une crampe je ne peux plus retirer ma main. Je crois bien que je vais devoir rester avec toi...
  – C'est moi qui vais retirer ta main alors, je le menace avec ma baguette.
  Il ricane. Pourquoi rigole-t-il ? Est-il en train de se moquer de moi ?
  – Tu as déjà eu l'air plus menaçante Johnson, je suis sûr que tu peux faire mieux, dit-il toujours avec amusement dans sa voix.
  Je range ma baguette dans ma poche puis avec cette main libre je masse l'arrête de mon nez. Il va finir par me donner une migraine.
  – Tes cheveux sont vraiment différents de ceux d'Angie, murmure-t-il.
  – Pas touche ! je le mets en garde
  – Je n'allais pas les toucher, continue Fred de rire. Mais je les trouve vraiment beaux.
  – Merci, je grogne sur la défensive.
  – Voilà c'est ce regard-là qui fait peur ! Si tu veux menacer quelqu'un, tu dois simplement faire cette tête et il partira en courant.
  – Alors pourquoi tu rigoles ?
  – Parce que tout est drôle si on le prend à la rigolade ma chère Tahlia.
  Ce qu'il dit est plutôt intelligent mais jamais ô grand jamais je ne lui dirai.
  – Je n'ai pas besoin de te l'entendre dire pour savoir que tu es d'accord avec moi, affirme le rouquin comme s'il lisait dans les pensées.
  Comme je fronce les sourcils, il se justifie :
  – Angelina a la même expression parfois, peut-être que toi aussi tu peux ressembler à ta mère.
  C'est étrange mais cette phrase me fait chaud au cœur...
  – Allez Weasley, va retrouver les autres, ta copine t'attend. J'ai vraiment envie de rester toute seule un moment, je vous rejoins d'ici une heure.
  – Tu es sûre ?
  Je hoche vivement ma tête et pars vers la bibliothèque.

  Assise à une table entre les étagères remplies de livres, je sors une plume et mon carnet pour commencer à écrire tout ce qui me passe par la tête. C'est la première fois que je m'en sers depuis que Mrs. Schmid me l'a offert le jour de mon départ. Elle m'a dit qu'il fallait que j'extériorise toutes mes émotions dedans pour éviter que ça ne retombe sur quelqu'un d'innocent. Aujourd'hui, ce n'est donc pas l'inspiration qui manque. Les mots et les insultes coulent à flots sur le papier.
  Après avoir rempli deux pages de mon carnet, je remonte à la première dans l'optique de lire mon chef-d'oeuvre puis je me souviens de ce que m'a dit ma tutrice en me l'offrant : «Ne relis surtout pas tes mots avant d'être sûre qu'ils ne sont plus d'actualité car tu te fera plus de mal qu'autre chose. Parfois tu as des propos assez durs Tahlia, même envers toi.» Je le referme donc et en sentant une vague de fatigue arriver, je pose ma tête dans mes bras et ferme les yeux quelques minutes.

  – Heho ! Jeune fille ! Ce n'est pas un dortoir ici, me réveille une voix sèche.
  Je peine à ouvrir les yeux mais quand la voix arrive avec ses mains pour me secouer, je me redresse en un bond.
  – Dehors ! Je vais fermer !
  – Fermer ? je m'étonne
  – Et bah oui, je ne vais pas rester ici toute la nuit juste pour que vous puissiez dormir ! Il est déjà dix-neuf heures dix, je devrai être partie depuis dix minutes déjà...
  – Dix-neuf heures ?!
  – Dix-neuf heures dix, oui.
  – Putain...
  – Pardon ? J'ai bien entendu ? m'interroge-t-elle les lèvres pincées
  – J'ai dit «putain», vous voulez que je l'épelle aussi ? je lui souris
  En vu de l'expression outrée qu'elle affiche, elle n'a pas apprécié alors le temps qu'elle reprenne ses esprits, j'attrape toute mes affaires et je me dépêche de me lever et quand je commence à partir, elle m'appelle :
  – Jeune fille !
  J'entends ses talons claquer sur le sol. Je ne m'arrête pas, je ne me retourne pas, je cours.
  – Arrêtez-vous !
  Enfin sortie de la bibliothèque, je continue de tracer mon chemin le plus loin possible de cette femme. Quand je m'arrête enfin je me rends compte de plusieurs chose :
          1. je ne pourrais plus jamais entrer dans cette bibliothèque sans toquer l'heure de colle et si ça arrive, papa me renverra là-bas
          2. j'ai raté l'heure que j'avais dit à fred mais il a probablement oublié
          3. je devrai me poser des questions car c'est la troisième fois de la journée que j'essaie de semer quelqu'un
  Je n'ai pas le temps de réfléchir davantage car je fonce dans Lee Jordan au détour d'un couloir.
  – Ah te voilà enfin ! me lance-t-il. Mais où étais-tu passé ?
  – Je me suis endormie dans la bibliothèque.
  Il rit et porte la bague qu'il a sa bouche :
  – Je l'ai retrouvé, rendez-vous dans la salle commune.
  Quand il relève la tête vers moi, il sourit de toute ses dents et m'explique :
  – Ne me regarde pas comme si j'étais un cyclope ! C'est un moyen de communication que les jumeaux ont mis au point. Angelina était super inquiète quand elle ne t'a pas vu arriver alors ça fait environ une heure et demie qu'on te cherche.
  – Elle s'inquiète toujours pour rien, je rit.
  – Oui, on aurait dit qu'elle avait peur de ne plus te retrouver, que tu disparaisses.
  Sur ce point-là, je ne peux pas vraiment lui donner tort...

  Tous assis près de la cheminée dans la salle commune de Gryffondor, l'ambiance est légère et amusante malgré les quelques regards inquiets que Angie me lance par moment.
  – Bon Tahlia, commence George, tu préfères être la personne la plus drôle du monde ou bien la personne la plus intelligente du monde ?
  – Fais attention à ce que tu réponds car il a refusé de sortir avec une fille parce que sa réponse ne lui plaisait pas, rit Olivier.
  – Pourquoi faire un choix alors que je suis déjà les deux ? je souris
  – Réponse parfaiteeeee !
  – Merci beaucoup mais tu vas me dire que si ma réponse n'était pas à ton goût tu m'aurais viré ?
  – Non, tu as le family privilege. Et puis rien n'allait chez cette fille ! Elle était à Serpentard, rien contre toi, et surtout elle n'avait aucun humour.
  – Oui je ne comprends toujours pas que tu ais daigné lui adresser la parole, siffle Katie.
  – J'étais curieux.
  À ces mots, je sens un souffle près de mon cou, c'est Lee qui me murmure que cette histoire ne s'est passé qu'une semaine après qu'il l'ait embrassé. J'entends au son de sa voix que ça le brise. Il doit croire que George n'en a rien à faire de lui mais c'est parce qu'il ne voit pas ces regards brillants que le rouquin lui lance quand il a le dos tourné. Pourquoi ne sont-ils pas honnêtes l'un envers l'autre merde ?

  La soirée touche à sa fin, je me dirige donc vers la sortie pour gagner la salle commune non sans avoir pris ma sœur dans mes bras. Quand j'atteins la porte, elle m'interpelle :
  – Tahlia ?
  – Oui ?
  – Tu veux pas dormir dans notre dortoir cette nuit ? Ça te dérange pas Katie ?
  – Pas du tout, répond cette dernière, j'ai envie d'avoir des anecdotes croustillantes sur Angie !
  – Et moi aussi je veux ! chouine George qui traînait encore en bas
  – Je te dirais demain Georgie, lui dit Katie avec un clin d'œil.
  – J'accepte avec plaisir ! Je crois que je ne m'entends pas encore très bien avec mes colocs...
  Angelina me prend par les épaules et me fait monter les escaliers, Katie nous guidant. Quand on entre dans leur dortoir, cette dernière salue deux filles assises sur un lit qui mangent des chocolats.
  – C'est qui elle ? demande une fille aux cheveux courts sans filtre
  – Mais t'es bête toi ! C'est la sœur jumelle d'Angelina, ça se voit quand même, lui souffle la blonde.
  Je souris et me présente :
  – Enchantée, Tahlia Johnson.
  – Elle dort ici cette nuit, les informe Angelina.
  – Pas de problème, le lit n'attendait qu'une occupante. Moi c'est Jade et elle c'est Vic, me sourit la blonde, je pense que c'est elle la sociable de leur duo.

  Une dizaine de minutes plus tard, me voilà couchée dans un cinquième lit dans leur chambre, vêtue d'un pyjama en station mauve que Angie m'a prêté. En effet, ce dernier lit  n'a jamais été retiré après que seulement quatre filles n'aient été envoyées à Gryffondor cette année-là.
  – Alors Katie j'ai oublié de te demander, ça avance avec la fille de septième année ?
  La concernée soupire et commence à raconter que la fameuse Daryne a finalement décidé que son ex-petite amie était plus intéressante que la jeune indienne.
  Toutes les filles donnent leurs avis, leurs conseils, puis une à une, elles parlent de leurs problèmes amoureux. J'adore cette ambiance, c'est amicale et vraiment agréable. Quand vient mon tour, je me lance :
  – À quatorze ans, je suis sortie avec un mec qui mangeait des oignons comme si c'était une pomme ! Pour nos un mois je lui ai acheté une brosse à dents parce que c'était vraiment une infection mais je suis presque sûre qu'il ne s'en ait jamais servi...
  À cette déclaration, elles rient toutes même si, quand je regarde Angelina, il semble triste de ne jamais avoir été mise au courant de cette histoire, ni des autres que j'ai raconté lors de la soirée. Peut-être que cette situation dans laquelle je nous ai mise elle et moi auparavant n'a pas eu d'impacts que de mon côté, elle aussi a probablement souffert de cette séparation...

Ça reste en famille - fred weasleyWhere stories live. Discover now